Présenté dans la section Un Certain Regard ce 16 mai, le dernier film du réalisateur Chinois Bi Gan rend une nouvelle fois un hommage profond à sa ville d’origine Kaili, dans la province du Guizhou, trois ans après Kaili Blues.
Bi Gan suit ici, Luo Hongwu (Huang Jue), qui revient dans sa ville d’origine, Kaili. Un périple qui le mène à la quête de son amour perdu (Tang Wei). Un itinéraire se métamorphosant en un voyage au bout de la nuit, transi par une poésie mystique, des bribes de souvenirs feutrés, qui s’entremêlent ici.
Intriguant, déroutant, éblouissant ; ce film ne manque pas de caractéristiques et laisse encore planner un certain mystère au dessus du spectateur, abasourdi par ce qu’il vient de voir. Le film traduit une romance éperdue entre l’inconscient et le conscient dans une vie demeurant arrêtée sur des instants figés.
Ici Bi Gan signe un film hors-normes, qui ne laisse pas indifférent, aussi bien sur le plan du scénario que de l’esthétique globale du film. Ainsi le réalisateur n’hésite pas à déstabiliser en employant, dans la seconde partie du film la 3D, peu présentée à Cannes. Une technique qui nous immisce dans l’intimité discrète et poétique de Luo, illustrant alors un subconscient démesuré et insaisissable.
Bi Gan se rapproche tout comme dans Under The Silver Lake, de l’univers Lynchéen, tantôt onirique, tantôt impénétrable. Si cet élément est très perceptible dans le cinéma que développe ici le réalisateur, il rend le scénario cependant peu accessible. Un scénario qui figure alors au second plan, face à l’esthétique tumultueuse et sensationnelle qui occulte cet aspect pourtant essentiel. Un visionnage qui soulève donc des interrogations et continue de nous intriguer.