Avec In My Room, Ulrich Köler nous plonge dans un monde désert dans lequel la survie, la vie et les conditions humaines sont discutées. Entre deuil et renaissance.
L’introduction du film prend de cours. Caméra épaule, mouvements saccadés, scènes coupées, le tout est drôle et déconcertant, simplement pour souligner le pathétique du personnage principal. Armin (Hans Löw), une trentaine bien tassée se complait dans une vie de caméraman raté, trouvant refuge dans les clubs berlinois et essayant de choper sans succès.
De cette routine d’un ennui profond, le berlinois passe au deuil, celui inévitable de sa grand-mère sur le seuil de la mort. Cette mort, rupture en elle-même d’un monde plein de vie vers un monde désert, duquel tout le monde a disparu. De cette première partie se dégage un réalisme prégnant, notamment grâce à la justesse du jeu des acteurs dont il faut souligner le rôle du père interprété par Michael Wittenborn, touchant. Les détails même les plus sordides ne sont pas épargnés, nous ancrant dans le désarroi ambiant.
Malgré la solitude, l’humain reste un animal politique
La deuxième partie a quant à elle des airs de Robinson Crusoë, durant laquelle le personnage recrée un confort passé, et fait preuve d’un besoin nécessaire d’apprivoiser et de s’entourer de vie, à défaut d’être humaine au moins animale.
D’une mort apparaît alors une renaissance, celle d’un homme longtemps contraint s’épanouissant dans cet ordre nouveau qu’il peut se construire, comme un paradoxe à sa vie passée. Et comme un clin d’œil aux mouvements de décroissance, réaction logique à nos sociétés instantanées et illusoires.
Grâce à un scénario bien construit, appuyé par une esthétique plaisante, l’histoire emprunte un nouveau chemin avec l’arrivée de Kirsi, Elena Radonicich force vive et rude du film. Puisque même si Armin « adore ce monde » qu’il s’est construit seul, il reste un animal politique, ce qu’illustre parfaitement la très bonne scène de danse salvatrice sous les phares d’un poids lourd, moment de plaisir intense comme dernier vestige d’un temps passé.
Et c’est là tout l’intérêt de ce film, réfléchir à notre condition humaine, à notre besoin de faire société et de recréer le connu dans l’inconnu, dans la quête de l’autre. Ce qui ne signifie pas la même chose pour tout un chacun, puisqu’un besoin immuable chez l’un.e peut s’avérer éphémère pour l’autre.