Un groupe transnational allemand, possédant des sites de production en France et souhaitant fermer l’un d’entre eux en raison d’un manque de rentabilité et de compétitivité, s’engage dans un conflit avec son personnel. Il ne s’agit pas d’une dépêche AFP, ni d’un communiqué gouvernemental, mais bien de la situation que nous présente Stéphane Brizé dans En Guerre, son nouveau film, avec, une nouvelle fois, Vincent Lindon. Présent en compétition à Cannes trois ans après sa Loi du Marché, le réalisateur semble vouloir aller encore plus loin.
Laurent Amédéo, leader syndical, est prêt à tout pour sauver son travail et celui de ses collègues. Chaque scène, chaque plan, met en évidence le rôle prééminent d’un personnage, le seul a être incarné par un acteur professionnel, n’ayant plus rien à perdre dans un bras-de-fer qui semble être perdu d’avance. Pour toucher le plus possible à la réalité, le réalisateur va jusqu’à reproduire des scènes de chaînes d’information en continu, de journaux de 20h00, habillage compris et à compter sur ces artifices pour crédibiliser un ensemble pourtant bien chancelant.
En Guerre n’est pas qu’une pâle copie de La loi du marché. C’est un film particulièrement agaçant pour celles et ceux qui ne vivent pas la lutte pour l’emploi au quotidien seulement au cinéma. Si la première partie du film permet de bien comprendre les enjeux d’une grève, les conflits internes et les déchirures constantes, les longueurs sur la situation familiale de notre héros social et une deuxième partie cousue de fil blanc font poindre une sensation de gâchis. À trop vouloir en faire, le scénario se brise sur la réalité qu’il entend pourtant dépeindre. Nul doute que ce long-métrage aura du succès, il permettra au moins à quelques uns de s’immiscer dans le monde ouvrier comme dans un Rendez-vous en terre inconnue.