Solo : A Star Wars Story est le dernier spin-off de la franchise Star Wars, la sortie est prévue pour le 23 mai et nous avons eu la chance de le voir en avance à Cannes et en sommes ravis. A l’instar du précédent spin-off Rogue One : A Star Wars Story, sorti en 2016, l’intrigue se déroule avant l’épisode IV et décrit quelques aventures de Han l’ayant amené à rencontrer Chewbacca et devenir contrebandier.
Contrairement à Rogue One, ce nouveau film a peu de chances de séduire et convaincre les spectateurs. Nous avons assisté, à la suite d’une très bonne scène d’ouverture, à un enchaînement d’intrigues, de personnages, d’embrouilles, de magouilles, qui se succèdent sans impact. Les enjeux évoqués ne sont pas approfondis, les clichés du genre se répètent, ambiance « Ah ! je suis dans une situation dramatique, me voilà dans de beaux draps – héhé non en fait j’avais tout anticipé et j’ai toujours un coup d’avance… ».
Et c’est d’autant plus déplorable que de nombreuses pistes intéressantes sont envisagées – dans les modes de vie des autochtones de cette galaxie lointaine, dans la lutte contre l’Empire et les souffrances que ce système engendre aux plus bas niveaux de l’échelle – à la place de quoi les scénaristes ont préféré explorer des relations amoureuses et des quêtes d’argent d’une banalité ahurissante, et dont on connaît de toute façon l’issue, ayant vu l’épisode IV.
Cela nous laisse l’impression globale et désagréable qu’une intrigue choisie peu ou prou au hasard parmi les scénarios d’action s’est perdue dans les décors de Star Wars, sans en faire réellement partie. On a également le sentiment qu’elle s’égare ailleurs ; dans un film de guerre des tranchées, dans un Pirate des Caraïbes, et on en vient à se poser des questions existentielles : mais quel est l’objet de ce film ? Quel est le sens des décisions prises ? Pourquoi les personnages féminins, humaine comme droïde, sont-ils aussi creux et inintéressants ? Pourquoi une réclamation des droits des droïdes sortant de nulle part et prenant des airs de parodie d’on ne sait exactement quoi ? Pourquoi le retour d’un personnage depuis longtemps disparu, de la pire des manières ? Et enfin, qu’est ce que définit un Star Wars ?
Est-ce la répétition à l’infini des mêmes plans sur des leviers, du passage dans l’hyperespace, des turbolifts, des même bruitages de réacteurs depuis quarante ans, des détournements des citations des films originaux type “I hate you” – “I know” ou encore un “I have a good feeling about this” ?
Pour finir cette critique sur une note positive, décernons une mention spéciale au traducteur qui a transformé un fade “circumstances change” en un splendide « l’occasion fait le larron » dans la bouche de Lando. En outre, si la performance d’Alden Ehrenreich en Han Solo ne convainc guère, nous aimerions saluer celle de Donald Glover en Lando Calrissian qui était aussi juste que rafraîchissante, dans un film tristement insipide.
En somme, on ne saurait trop rappeler à Disney un vieil adage : peut-être vaut-il mieux privilégier la qualité à la quantité… ?