Nombreuses sont les personnes qui aimeraient reprendre leur alimentation en main et, pourquoi pas, perdre du poids. Tous les moyens ne sont cependant pas bons pour atteindre cet objectif. Certains régimes conseillés sur internet relèvent en fait de la malnutrition, voire du danger de mort.
Regretter les excès des fêtes de fin d’année est un sentiment déjà vécu par la plupart d’entre nous. A l’aube de la nouvelle année, il n’est pas rare de perdre quelques minutes ou quelques heures de son temps sur internet, à la recherche de la solution miracle qui fera perdre du poids sans trop d’effort. On connait les classiques comme Weight Watchers, Dukan et la soupe aux choux. Mais depuis quelques années, l’obsession healthy qui fait suffoquer les réseaux sociaux a développé de nouvelles tendances alimentaires. Le nombre de végétariens et flexitariens a explosé, les végétaliens et les vegans sont également très représentés. Au-delà de ces courants connus, moyennement acceptés et parfois déconseillés par la médecine traditionnelle elle-même, il existe une frange particulière de régimes honnis par la communauté médicale mais plébiscitée par les bloggeurs nutritionnistes du dimanche.
Vivre la vie de l’homme de Cro Magnon
Il ne faut pas plus de deux clics sur n’importe quelle plateforme de blog ou site de cuisine pour trouver une référence au régime paléo. Abréviation de paléolithique, cette alimentation rejette toute forme de nourriture transformée, de produits laitiers, de légumineuses, de céréales, de sucre et d’huile. Les initiateurs de ce mode de nutrition veulent se rapprocher au mieux de ce que mangeaient nos ancêtres préhistoriques, estimant que le corps humain n’est pas adapté à ce qu’on peut lui faire ingérer aujourd’hui. Concrètement, ils ne mangent que de la viande, des fruits et légumes frais et des fruits secs. La liste très restreinte d’aliments autorisés expose à un premier danger ; celui de manger toujours la même chose et de ne pas apporter une assez grande palette de nutriments à l’organisme.
Il ne faut pas avoir une thèse en médecine pour repérer les problèmes que peut causer le paléo. Sans aucun produit laitier ni complément alimentaire, les adhérents s’exposent à des carences drastiques en calcium et en vitamine D, essentiels à la croissance et au maintien de la bonne santé des os. On ne compte plus les cas d’osthéoporose et de rhumatismes précoces. Rejeter les céréales mène à une régime beaucoup trop bas en glucides, puisqu’aucun féculent ne peut être ingéré. La consommation outrancière de viande mène à des problèmes de cholestérol, comme dans tous les régimes hyper-protéinés. Pire que tout, on relève parmi les pratiquants des cas de mal de caribou, une forme de malnutrition due à une trop grande consommation de viande qui empêche le foie et les reins de travailler correctement et contamine dangereusement le sang.
Pour bien mourir, mangez des fruits
Autre dérive, celle des frugivores. Comme son nom l’indique, ce régime est majoritairement basé sur une consommation de fruits (minimum 80 % de l’alimentation doit être issue de fruits) et quelques feuilles vertes comme la salade ou les épinards. Les fruits se cuisent peu, donc par la force des choses, les frugivores en viennent à manger cru la plupart du temps. Les effets bénéfiques du frugivorisme à court terme sont indéniables. Laisser un corps une semaine se libérer des toxines accumulées en ne lui donnant que des fruits contenant des fibres et des vitamines, cela a du bon. Le problème des frugivores, c’est qu’ils se lancent dans cette consommation pour toute la vie.
Inévitablement, ils s’exposent à de graves manques, puisque les fruits sont riches en vitamines et en fibres, mais ne contiennent presque rien d’autre à part de l’eau. Outre l’inextinguible sensation de faim, les frugivores sont déficients en vitamine B12, indispensable au bon fonctionnement du corps, en fer, en calcium, en vitamine D, en omega-3. Ils finissent presque tous cloués au lit par le manque d’énergie, ils sont incapables de se concentrer ou de fournir un effort mental, et présentent des troubles du système immunitaire.
On pourrait croire qu’un fruit est sain par nature. Mais même s’il ne contient pas de sucre raffiné, le fruit est riche en fructose, une forme de sucre, qui a les mêmes effets qu’une cuillère de sucre semoule quand elle est avalée d’un coup. Les frugivores voient leurs dents ternir puis se déchausser à force d’attaquer leur structure avec des sucres naturels parfois plus acides qu’une canette de soda. Bon nombre d’entre eux sombrent dans la maigreur extrême avant d’accepter que leur régime est la source de tous leurs maux.
Plus cru que la cruauté
L’une des dernières tendances affolantes d’internet est la mode du cru. Le crudivorisme, que l’on retrouve beaucoup sous l’appellation raw food partout sur Instagram et Pinterest, fait un pas de plus dans l’excès. Les crudivores ne disent pas simplement qu’il serait mieux de ne pas cuire les aliments, ils prétendent que la cuisson fait perdre leur valeur nutritive aux aliments et mène à des maladies comme le cancer. Ils vont même plus loin, en niant les découvertes scientifiques les plus déterminantes de notre ère, puisqu’ils réfutent les bienfaits de la pasteurisation. Grands amateurs de lait frais non-pasteurisé, beaucoup de crudivores ont développé la salmonellose ces dernières années. De la préoccupation de manger moins gras en évitant la friture, le crudivorisme s’est perdu dans la folie de ne plus jamais utiliser d’huile ou de vapeur, emportant sur son passage des dizaines de milliers d’adhérents naïfs.
La raw food est d’autant plus dangereuse qu’elle est très souvent mêlée au véganisme. Les bloggeurs les plus suivis dans le monde de la cuisine clament haut et fort, sans aucune preuve scientifique que cuire, c’est mourir. FullyRaw Kristina dit dans sa page d’accueil que la cuisson constitue un danger mortel pour les êtres humains, sans citer aucune source scientifique ou médicale. Suivie par plus d’un million de personnes sur les réseaux sociaux, cette femme pleine de bonnes intentions mène ses fans au suicide et à la malnutrition en tenant un discours aussi radicalement faux.
L’équilibre, c’est la santé
Peu importe le régime choisi, il faut y trouver un équilibre nutritionnel et psychologique. Se priver n’a jamais été une solution viable et durable. En plus du facteur déprimant de ne plus manger les choses qui nous rendent heureux, les régimes de l’extrême présentés ici induisent une privation physique qui peut avoir des répercussions désastreuses sur la santé. Trop consommer de fruits peut être aussi dangereux qu’une consommation excessive de gras. Ne pas rechercher le dosage parfait entre nourriture saine et alimentation complète fera apparaitre tôt ou tard les symptômes d’un mal profond. S’il y a bien une règle cardinale à ne jamais perdre de vue lorsque l’on touche à la façon dont on se nourrit, c’est celle de l’écoute. Ecouter son corps, ses envies, ses maux et ses désagréments reste la seule boussole fiable pour s’orienter au milieu de toutes ces modes alimentaires plus farfelues les unes que les autres.