Acteur britannique né en 1957, Daniel Day-Lewis est aujourd’hui connu et reconnu dans son domaine. À l’occasion de la sortie de ce qui devrait être son dernier film, Phantom Thread, le mois prochain, nous avons voulu faire un retour sur la grande carrière de ce grand acteur.
Daniel Day-Lewis commence avec des rôles mineurs, notamment sur le film Gandhi, et se fait peu à peu connaître sur des seconds rôles. Son premier rôle principal est dans L’Insoutenable Légèreté de l’être en 1988, puis il enchaîne sur My Left Foot pour lequel il se plie en quatre : il ne quitte pas son fauteuil roulant, est en insuffisance alimentaire et se casse deux côtes. Il s’investit beaucoup, peut-être trop, mais cela finit par lui valoir l’Oscar du Meilleur Acteur ainsi qu’une dizaine d’autres récompenses. Il acquiert ensuite ses lettres de noblesses avec Michael Mann pour Le Dernier des Mohicans ou encore Martin Scorsese pour Le Temps de l’Innocence.
Par la suite, il refusera les rôles principaux de Philadelphia, La Liste de Schindler, Le Patient Anglais ou même le rôle d’Aragorn dans Le Seigneur des Anneaux. Les réalisateurs se l’arrachent, mais rien n’y fait : il s’investit énormément dans ses rôles, tellement qu’il s’en imprègne. Sa santé physique et son entourage en font les frais. Le journaliste français Samuel Blumenfeld écrit qu’il est « passé maître dans le langage et la vérité du corps aux dépens de l’éloquence » et Jean Dujardin dit de lui qu’il « entre en schizophrénie » quand il joue. Toujours est il qu’il annonce sa retraite en 1996, après une pièce de théâtre. Cela pour mieux revenir : avec Scorsese, encore, pour Gangs of New York, qui lui vaut une autre nomination aux Oscars et plus d’une vingtaine de prix. Ainsi il joue ensuite dans le film de Paul Thomas Anderson, There Will Be Blood et encore une fois c’est la consécration : 2ème Oscar, qualifié de « meilleur acteur du monde » et Spielberg qui lui propose un rôle. Ce rôle, c’est celui de Lincoln dans le film éponyme qui lui vaut le 3ème Oscar du Meilleur Acteur -un record inégalé depuis-, et une reconnaissance sans faille de la part de ses contemporains.
Voici en conclusion, une sélection (subjective bien sûr) de ses rôles marquants.
Le médecin Tomas dans L’Insoutenable légèreté de l’être.
Son premier vrai rôle, où il partage l’écran avec l’actrice française Juliette Binoche. C’est d’abord un dragueur invétéré derrière ses lunettes noires, qui s’éprend de deux femmes au beau milieu des violences du Printemps de Prague. Énigmatique et charismatique, il passe de l’homme que rien n’atteint à l’humain touché par deux évènements qui dépasseraient quiconque : la guerre et l’amour.
Bill le Boucher dans Gangs of New-York.
Dirigé par Martin Scorsese et partageant l’affiche avec un Leonardo DiCaprio prêt à sortir de sa carrière d’ado éperdu dans Titanic, il crève littéralement l’écran. Au milieu d’une guerre de gangs, devant Liam Neeson, il est un fantastique psychopathe, armé de beaux discours sur le destin de l’Amérique. Une Amérique dont il est le témoin sanguinolent, une Amérique construite sur des cadavres avec des couteaux sanglants. Alternant entre père de substitution et chef de gang dérangé mais grandiose, Bill le Boucher marquera les esprits.
Un fou furieux sanguinaire © Miramax Films
Daniel Plainview dans There Will Be Blood.
Adapté d’un roman, c’est le récit de la montée en puissance d’un chercheur de pétrole. Ici, Daniel Day-Lewis y est tout bonnement explosif. Son avidité, son désir de tout surpasser, que ça soit les évènements ou lui même, son expression au bord de la rage et sa haine des autres au travers d’une misanthropie dérangeante font de Daniel Plainview un des personnages les plus complexes du 7ème art. Confronté à un prêtre sectaire à demi-fou, l’acteur nous laisse entrevoir son énorme talent dans son entièreté. C’est le fric contre la foi, le capitalisme contre la religion, l’égoïsme contre le mensonge. C’est le vrai monde où Daniel Plainview n’est ni gentil ni méchant : cruauté et désespoir, fureur et tourmente donnent une figure puissante et marquante. Le tout sublimé par l’époustouflante mise en scène de Paul Thomas Anderson.
Donc si Phantom Thread signe la retraite, la vraie cette fois-ci, de ce grand acteur dans un nouveau film de P.T. Anderson, on ne peut qu’attendre avec impatience cette histoire sur l’industrie de la mode dans les années 1950. Car comme le critique de Télérama, Pierre Murat, aura dit à propos : « Daniel Day-Lewis, [est le] seul comédien suffisamment talentueux pour nous persuader qu’en faire trop, c’est pas assez. »