ART

Agend’hors frontières de mars

Au mois de mars, l’Agendart se change en Agend’hors frontières. Tout en paradoxe, il brise les frontières en célébrant des musées appartenant au Patrimoine national de plusieurs pays. Dans un monde où les frontières semblent être une notion intouchable à ne surtout pas remettre en question, l’Art est là pour les flouter, les mettre en doute… Dans une idée de multiculturalisme, de partage et d’ouverture d’esprit. Alors, voyageons ensemble !

Le Palais du Belvédère // Vienne (Autriche)

Le baiser de Gustav Klimt fait partie de ces tableaux qui, à force d’être copiés, recopiés, re-recopiés un peu de partout, perdent leur caractère initial de chef-d’œuvre. Or, en se retrouvant devant la toile au Palais du Belvédère à Vienne, difficile de ne pas s’émerveiller. Le geste paraît suspendu dans le temps, à la fois unique et universel. Les couleurs parfois criardes des reproductions se révèlent être un mélange de teintes dorées qui donnent du relief à la toile.

Le musée n’est toutefois pas uniquement consacré aux toiles du maître autrichien. Les tableaux de ses disciples et de ses contemporains (Egon Schiele, Edward Munch, Vincent Van Gogh) permettent de prendre conscience de la richesse de son œuvre et son influence, relativement méconnues en France. Les personnages de Klimt semblent souvent absorbés par les matières et les couleurs qui leur servent de vêtements. Les postures des mains, les regards hautains, les bouches entrouvertes, les mentons relevés semblent très actuels… Des images de mode avant l’heure ?

crédits Clara De Beaujon

En prime, le palais est un édifice somptueux construit au XVIIIe siècle. L’été les jardins sont fleuris et l’hiver, quand la neige virevolte dans le parc, l’ambiance est féerique. © CDB / Maze

Clara De Beaujon

Informations : Upper Belvedere, Prinz Eugen-Straße 27, 1030 Vienna. Ouvert tous les jours de 9 heures à 18 heures. Nocturne le vendredi jusqu’à 21 heures. 

Le Musée National d’Art et d’Histoire du Luxembourg

À 4 heures de Paris, un petit pays qui fait partie de l’histoire de l’Europe : le Luxembourg. 300 000 habitants à Luxembourg Ville, 500 000 dans tout le pays, des chiffres humbles et pourtant une grande histoire. Qui ne se souvient pas du fameux Benelux ? Côté culture, en plein coeur de la ville, le Musée National d’Art et d’Histoire propose de belles collections d’archéologie, de beaux-arts, d’arts décoratifs et populaires, et, plus original, de monnaies et de médailles. Le musée propose des visites en 3D et des nocturnes.

Non loin, la ville de Schengen, qui a donné son nom à Schengen, où on peut aller visiter le musée. Mais surtout où l’on peut s’élever sur la colline qui surplombe la ville afin de voir, en un coup d’œil, d’un côté la Moselle française, de l’autre l’Allemagne, tout en étant au Luxembourg et en pouvant admirer la Belgique si l’on marche un peu. Un véritable endroit hors frontières.

Hortense Raynal

Informations : lundi fermé, mardi-mercredi 10h-18h, jeudi 10h-20h (17h-20h gratuit), vendredi-dimanche 10h-18h.

Le MAMBO : musée cherche financements // Bogotá (Colombie)

Dans le centre de Bogotá, à quelques pas de la chaotique avenue Septima, artère principale de la capitale colombienne, se dresse un bâtiment massif en briques rouges accessible au détour d’un chemin formé de portiques dessinés par l’artiste français Daniel Buren. Fondé en 1953, le Musée d’Art Moderne de Bogotá, plus connu sous le nom de MAMBO, est une attraction culturelle centrale d’une ville devenue un nouvel eldorado pour les amateurs d’art moderne.

Pour autant, le musée a récemment défrayé la chronique pour des raisons toutes autres qu’artistiques. En effet, ce ne fut pas la « prise du MAMBO », une initiative lancée par le musée au début du mois de février ayant invité 12 organisations culturelles colombiennes à s’approprier les lieux, qui l’a placé récemment au centre d’une importante polémique. Le lundi 5 février, de nombreux rolos (habitant.e.s de Bogotá) se sont ainsi interrogés sur les réseaux sociaux sur le sens d’une étrange bannière affichée en grand sur la façade du musée. On pouvait y lire les mots « Se arrienda », « A louer »,  accompagnés d’un numéro de téléphone mettant en contact les plus curieux avec un agent immobilier ravi d’énoncer les dimensions de ce magnifique bâtiment.

Le MAMBO en location. © Mauricio León / EL TIEMPO

Après une journée au cours de laquelle se sont multipliées les spéculations quant à la vérité se cachant derrière cette affiche, la directrice du musée, Claudia Hakim, a révélé dans un communiqué de presse la raison d’une telle initiative. Cette fausse mise en location n’était pas l’oeuvre d’un.e artiste comme beaucoup semblaient le penser, mais une opération de communication visant à sensibiliser le public sur les difficultés financières, bien réelles, du MAMBO. Si elle a essuyé de vives critiques à la suite de cette action, la stratégie a porté ses fruits, puisque le MAMBO était sur toutes les lèvres dans les jours qui ont suivi sa prétendue mise en location.

Espérons que la polémique aura le mérite d’attirer de nouveaux investisseurs, ainsi que de nombreux visiteurs qui pourront profiter de la collection permanente de qualité qu’héberge le musée et qui réunit les artistes les plus connus du continent latino-américain, et des diverses expositions temporaires et activités culturelles organisées tout au long de l’année. Le MAMBO accueillera notamment à partir du 10 mars et jusqu’au 27 mai 2018 la performance de l’artiste colombienne Maria José Arjona, « Hay que saberse infinito », qui inclura de nombreuses photographies et oeuvres sonores, dans le but d’éveiller chez le spectateur une sensation d’infini.

Paul de Ryck

Informations : lundi fermé, mardi – samedi : 10h-18h, dimanche et jours fériés : Midi – 17h. Calle 24 #6 – 00, Bogotá (Colombia)

Exposition d’Escher, au Museu da Arte Popular // Lisbonne (Portugal)

 

 

Rendez-vous à Lisbonne, où le Museu da Arte Popular expose un artiste bien atypique du XXème siècle : le hollandais Maurits Cornelis Escher. A la fois architecte, scientifique, dessinateur, Escher ouvre un volet sur un art qui lui est propre. Connu pour ses gravures de bois, ses lithographies ou encore ses trompes-l’oeil, le crayon d’Escher est complexe et amène parfois à une réflexion sur le dessin en lui-même et non plus sur ce qu’il représente seulement.

M.C Escher s’inspire de ses voyages en Italie où il réalise une séries de paysages nocturnes. La force du détail architectural perce la feuille et démontre cette maîtrise incroyable de la perspective. Le deuxième voyage décisif pour l’artiste : en Espagne, où M.C Escher est envoûté par les mosaïques de la Grande mosquée de Cordoue. Son style en sera définitivement changé et l’artiste insère cette notion de trompe-l’œil et d’occupation de l’espace dans ses futures œuvres.

Escher parvient à fusionner l’identité de l’architecte, du mathématicien et de l’artiste et offre une fresque de paysages et constructions complexes qui inspireront toute une génération apte à développer cette vision moderne du monde.

Romane Segui

Informations : l’exposition se terminera le 27 mai 2018

 

Rédactrice Maze Magazine. Passée par Le Monde des Livres.

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