CINÉMA

« Last Flag Flying » – Road trip funéraire

Last Flag Flying est une adaptation du réalisateur Richard Linklater tiré du roman du même nom de l’écrivain Darryl Ponicsan, paru en 2004. Cette œuvre nous a été servie sur un plateau d’argent : le casting est plus que conséquent. Cranston, Fishburne et Carell, trois noms ayant fait vibrer le cinéma mondial de ces trente dernières années.

 Ce film raconte l’histoire de trois anciens camarades des marines qui s’étaient perdu de vue depuis leur dernière mission, la guerre du Vietnam. L’un d’eux demandera de l’aide aux hommes qui ne voulaient pas le voir mourir lors de cette guerre, pour enterrer un être cher qui, lui, a passé l’arme à gauche.

Durant ce périple, les trois amis renouent progressivement avec un passé qui les a marqué, un passé pour certains -au départ- loin d’être assumé, un voyage se transformant en thérapie pour ces trois hommes : le fait de voir la mort en face va leur faire reprendre goût à une vie qui les avait parfois abandonnés, les coupant de toutes envies.

Ce casting prestigieux est à la hauteur d’un scénario loin de tous clichés dramatiques basiques, ou d’un happy ending sans queue ni tête. Les acteurs ont su redonner vie à l’écriture de Ponicsan en la sublimant à travers des rires, des pleurs, de la joie et surtout de l’empathie, que nous éprouvons nous aussi pour certains personnages.

Un film dosé à souhait pour le plus grand bonheur de nos yeux, de nos oreilles et de nos cœurs. Cependant, au plus grand désarroi des fans de MatrixBreaking Bad ou encore The Office, ces trois noms ont su une nouvelle fois redorer leurs blasons d’acteur tout terrain, fusionnant avec une âme qui n’est pas la leur pour ce long-métrage de deux heures. De nombreux thèmes sont abordés ici, comme l’identité nationale américaine de la Navy qui est problématisée au cœur même d’un problème de famille ; la volonté d’enterrer son fils en tant que petit garçon et non en tant que soldat des marines, cette volonté qui sonne comme une question plus qu’existentielle, légitime, voire d’actualité.

Les rapports humains sont quant à eux énormément mis en avant dans ce film, grâce aux retrouvailles de ces trois amis, de la réalité de la vie et de sa perplexité face à certains coups durs qu’elle leur porte. À l’image d’un Steve Carell loin de ses rôles burlesques et farfelus comme dans Bruce tout puissant ; l’acteur nous offre une performance débordante d’humilité et de désespoir, tentant de refléter au mieux les émotions indescriptibles que peut ressentir un père de famille à la vue de la disparition de sa progéniture.

Last Flag Flying représente en partie l’état de crise dans lequel les États-Unis et bons nombres d’autres se trouvent, un état de crise sans précédent plongeant de nombreux parents dans le désarroi le plus total. Mais il représente aussi et surtout la magie de la mort, cette mort désastreuse d’un être cher qui va peu à peu et malgré tout lui faire reprendre goût à la vie dans un monde où l’homme est né pour la paix, et ne respire que la guerre.

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