CINÉMA

« The Greatest Showman » – Une ode à la différence qui divise

Le film retrace la vie de Phineas Taylor Barnum, rêveur fauché qui parvient à révolutionner l’univers du divertissement grâce à son sens des affaires.

Des freak shows au lancement du premier véritable cirque de l’histoire,Phineas Taylor Barnum devint l’un des entrepreneurs américains les plus influents du XIXe siècle. Cette comédie musicale, qui a déjà permis de récolter 115 millions de dollars outre-Atlantique, marque les premiers pas en tant que réalisateur de l’australien Michael Gracey.

© Annie Leibovitz, Vogue, septembre 2017

 

The show must go on

Pour ses débuts au cinéma, Michael Gracey parvient à faire chanter et danser la superstar australienne Hugh Jackman, l’actrice américaine Michelle Williams mais aussi les anciennes idoles Disney, Zendaya Coleman et Zac Efron. Rassurez-vous tout de même, la star d’High School Musical a bien grandi et offre une jolie performance, quoique rapidement éclipsée par celle du roi de la piste. Davantage connu pour son rôle de Wolverine, Hugh Jackman est un habitué de Broadway dont il arpente régulièrement les planches. C’est avec brio qu’il se glisse dans la peau de l’excentrique mais visionnaire P.T. Barnum. Sa performance, remarquée et remarquable, sait charmer les spectateurs les plus férus de comédies musicales. Tour à tour entertainer, mari, papa gâteau et business man, l’implication de Jackman dans le projet est évidente. Si la faiblesse de certains dialogues saute aux yeux, l’énergie déployée par le protagoniste ainsi que le dynamisme des numéros musicaux permettent de sauver un scénario un peu trop lisse.

Une réalité romancée… ou déformée ?

Hugh Jackman l’a lui-même avoué en interview : “Nous avons décidé, Michael Gracey et moi, de ne pas coller à la vérité historique”. Bien que P.T. Barnum soit présenté à l’écran comme un défenseur du droit à la différence, le véritable Barnum, l’entrepreneur et showman s’auto-qualifiait comme un “prince des charlatans”. La prospérité de cet homme controversé reposait bien sur le voyeurisme du public, friand de curiosités en tout genre. Michael Gracey donne à voir une réalité enjolivée, loin de la noirceur que représentait ces freak shows où femmes à barbes, nains et siamois étaient exhibés face à un public partagé entre émerveillement et incompréhension. Curiosité et répulsion.

Avec The Greatest Showman, Michael Gracey porte à l’écran une version édulcorée et romancée du parcours d’un Barnum qui, de son temps, n’a pas hésité à faire de même en bâtissant sa fortune et sa renommée sur la distorsion de la réalité.

© 20th Century Fox

 

Un feel-good movie bienvenu

Si la réécriture proposée par Michael Gracey peut en gêner certains, The Greatest Showman se présente avant tout comme un divertissement réconfortant à regarder en ce début d’année. L’histoire de ce rêve américain attise la curiosité et a le mérite de s’appuyer sur une bande originale de qualité aux sonorités étonnamment pop. Les numéros musicaux modernes et explosifs aident à faire avancer l’intrigue – souvent – plus efficacement que les dialogues eux-mêmes. Les chansons du film sont signées par les paroliers de la comédie musicale à succès La La Land, Ben Pasek et Justin Paul. Parmi leurs compositions, le titre This Is Me interprété par Keala Settle a déjà remporté le Golden Globe de la meilleure chanson originale et vient d’être nommé aux Oscars.

Malgré ses arrangements historiques qui tendent vers le politiquement correct, The Greatest Showman offre aux spectateurs un divertissement agréable à regarder en famille. Et finalement, nous n’en attendions pas plus.

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