LITTÉRATURE

« Janvier », de Julien Bouissoux – En janvier, fais ce qu’il te plait

Un employé de bureau se voit oublié par sa direction et livré à la solitude et au vide. Quoi de mieux pour rebondir ?

Dans le film portugais L’Usine de rien, sorti en décembre, les ouvriers d’une usine se retrouvaient du jour au lendemain, sans travail à réaliser à l’usine, leur direction la démembrant progressivement. Dans Janvier, le personnage éponyme se voit, lui, tout simplement totalement oublié par la direction du grand groupe pour lequel il travaille, le laissant dans le désœuvrement le plus total, en attendant le retour (in)espéré du travail.

Avec son sixième roman, Julien Bouissoux livre un constat, doux et acide à la fois, du monde de l’entreprise, à l’heure des grandes multinationales aux branches infinies. De la même manière que l’écrivain britannique Tom McCarthy, avec son Satin Island paru l’an dernier également aux Editions de l’Olivier, Julien Bouissoux montre comment l’employé, quel que soit sa position hiérarchique, n’est qu’un simple rouage, parfois tellement secondaire qu’on pourrait venir à l’oublier et le lasser vaquer à ses petites occupations personnelles, sans que l’activité générale n’en soit affectée.

Le travailleur face au vide

Julien Bouissoux livre, dans un style fin et précis, le récit de Janvier, qui doit se réinventer face à la pénurie de travail, lorsqu’il se rend compte de sa situation. Janvier retrouve les joies d’une vie calme, sans contraintes, si ce n’est celle qu’il continue, malgré tout et au cas où, de s’imposer : aller tous les jours au bureau. Il y arrose une plante, range perpétuellement et rêvasse sur sa vie et les multitudes d’autres, dans la solitude et la quiétude de son petit bureau, bien loin du siège du groupe, que rien ne dérange, si ce n’est la peur, d’être découvert, et de perdre, pour de bon, son travail au profit de la réorganisation hiérarchique.

À travers le récit de la vie de ce personnage modeste, sorte de Gaston Lagaffe en moins gaffesque mais tout aussi lunaire, qui doit redécouvrir autrement la vie, Julien Bouissoux fait la chronique acerbe, pleine d’ironie, du monde étrange et aliénant de la grande entreprise contemporaine et invite à se réinventer.

 


 

Janvier de Julien Bouissoux (Éditions de l’Olivier), 176 pages

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