ART

A comme Aurélien Bory, metteur en espace

Maze met en avant un artiste, comme en novembre avec Depardon, en ce premier mois de l’année 2018 : Aurélien Bory, metteur en scène et scénographe toulousain né en 1972. Zoom sur son art, sa carrière, ses réflexions.

Tout commence à Toulouse, en passant par Lausanne jusqu’à la Chine. Les spectacles d’Aurélien Bory trouvent une reconnaissance internationale. Et pour cause, son théâtre est singulier. Il évolue dans une esthétique de « théâtre physique », où les corps des acteurs se tordent, se roulent par terre, dansent… C’est aussi un théâtre hybride (mêlant théâtre, danse, cirque, musique et arts visuels) et plutôt sombre, la scénographie est toujours dans les tons noirs, gris et blancs et a des allures urbaines. Sa formation en sciences physiques influence également sa scénographie, faites de grandes structures, et ses réflexions, basées sur l’évolution des corps et des matières dans l’espace.

Espèces d’espaces

Fortement animé par la question de l’espace, Aurélien Bory réfléchit constamment à l’occupation de ce dernier à la fois par la scénographie et par les acteurs et les actrices. Son dernier spectacle, inspiré du titre d’un essai de Georges Pérec, Espèces d’espaces, met en corps cette interrogation. Comment l’être humain avance dans la vie sans se heurter à l’espace (symboliquement aux épreuves de la vie) ? Sans chuter ? Sans se faire mal ? Il se débrouille comme il peut. C’est ainsi que face à l’avancement inexorable de la gigantesque structure sombre sur roulettes, une acrobate se tord pour passer en-dessous, comme pour signifier le terrible rouleau compresseur que peut être la vie et l’attitude spontanée et humble de l’humain, qui tente de survivre. On se délecte de l’histoire animée par le grand Oliver Martin-Salvan, moitié chantée moitié mimée, 10 minutes durant lesquelles on passe du rire aux larmes, comme un condensé de la vie. On observe, fasciné, un danseur en train de “lire” en dansant, comme pour montrer que l’être humain tente de s’échapper de son corps et de sa condition par la nourriture littéraire. Et le spectateur et la spectatrice de se faire résonner la phrase de Georges Pérec en entête du spectacle :

Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner…

 


 

Espaece mis en scène par Aurélien bory

La Roche-sur-Yon au Grand R du 10 au 11 janvier 2018
Chateauroux à  l’équinoxe du 18 au 19 janvier 2018
Caen au théâtre de Caen du 5 au 7 avril 2018
Leeuwarden au Fryslân du 22 au 23 juin 2018

 

Rédactrice Maze Magazine. Passée par Le Monde des Livres.

You may also like

More in ART