SOCIÉTÉ

Femmes, menstruations, risques – “Tampon, notre ennemi intime”, documentaire nécessaire

Retour sur un documentaire nécessaire, qui met en lumière les méthodes honteuses des industriels spécialisés dans l’hygiène féminine.

Avril 2017 : est diffusé sur France 5 un documentaire choc intitulé “Tampon notre ennemi intime” réalisé par Audrey Gloaguen. Ce documentaire est tout à fait dans l’ère du temps et pose la question suivante : quelle place pour le corps de la femme ? Il met en relief les risques qui sont encourus par les femmes tout au long de leur vie, les lobbies des grandes marques et l’utilisation de divers produits astringents pour blanchir un coton qui finira souillé de rouge de toute façon.

Les scandales des tampons

Depuis quelques années, les scandales se font de plus en plus nombreux en ce qui concerne l’utilisation des protections périodiques féminines – tampons, serviettes, coupes menstruelles. Le documentaire d’Audrey Gloaguen appuie sur le point central de tout ce questionnement : la composition desdits produits. Après quelques recherches, des enquêtes, il s’avère que les protections hygiéniques du commerce ne possèdent aucune indication qui permettrait une quelconque traçabilité des produits utilisés. Et si dans ces derniers on retrouvait des poisons ?  Des produits toxiques ?

Fabricants et image du corps de la femme

La plupart des fabricants du marché, qu’ils soient européens ou non, ne souhaitent pas faire figurer les produits employés sur leurs emballages. La plupart des blanchissants mis à l’oeuvre pour obtenir le fameux grain blanc, presque ivoire parfois, sont mauvais pour la santé. Malgré de nombreux procès, les grandes entreprises ne font pas d’effort pour autant. Et c’est encore une fois le corps féminin qui récolte les méfaits de nombreux produits chimiques (nous pourrions également mettre en question la pilule contraceptive mais ceci est un autre article).

Le corps féminin, depuis des années, est le centre de beaucoup de polémiques : anorexie, boulimie, protections hygiéniques. Les points soulevés en image par la réalisatrice sont tout à fait choquants : pour en revenir à la composition des produits, il s’agit de produits dits cosmétiques. Alors qu’un gel douche aura le droit de voir sa composition figurer sur un espace de trois centimètres carrés, il n’en est rien pour un produit que les femmes vont utiliser à l’intérieur de leur corps. Est-ce normal ? Sûrement pas.

Pour pallier à ce manque d’informations de compositions et pour ne pas se trouver face à un procès coûteux, les fabricants usent aujourd’hui de l’emploi d’une notice qui permet de mettre en garde les femmes face au choc toxique. Ce dernier est lié à un phénomène assez complexe mais les études sont formelles : la présence de fibres synthétiques dans les tampons n’est pas sans avoir son rôle dans la multiplication des cas de syndrome du choc toxique.

Les risques du syndrome de choc toxique : et après ?

Outre les risques que cela comporte, c’est à dire, principalement, un arrêt pur et simple du fonctionnement de tous les organes vitaux, les femmes sont souvent remises au corps médical dans un état de santé extrêmement fragilisé. Ce même corps médical fait face à une entrave de taille : le syndrome du choc toxique ne débute pas par les mêmes symptômes pour toutes les patientes : forte fièvre, douleurs assimilées à des courbatures, nausées, fatigue. Au cours des témoignages recueillis par Audrey Gloaguen, les mots fusent. Froids, durs. Une jeune femme témoigne et déclare que l’équipe médicale avait demandé à ses parents de préparer les funérailles de leur enfant. Une autre femme parle quant à elle des effets secondaires, de la vie après un SCT : la possibilité de ne pas avoir d’enfants – potentiellement, une fatigue accrue.

Oui, c’est outrageant. Outrageant de constater que même le corps médical n’est pas forcément formé à reconnaître les signes du syndrome du choc toxique, outrageant de voir que le corps des femmes est encore trop souvent méprisé au profit de quelques souhaits esthétiques : la blancheur des protections périodiques alors même que ces dernières seront tâchées quelques heures plus tard. Il est grand temps de poser des limites. Mais lesquelles ? Judiciaires ? Sanitaires ? Malgré tous les efforts fournis par de nombreuses familles, la composition des tampons reste encore floue.

Indignons-nous

Il serait temps de refaire une tête au peuple : non, le corps – féminin ou masculin – n’est pas un terrain d’expérimentations. Oui, les substances avec lesquelles nous sommes en contact chaque jour interfèrent avec notre santé.  Non, les grandes entreprises n’ont pas à choisir pour nous ce qui est le mieux. Oui, nous pouvons nous opposer à l’emploi de certains produits dangereux pour la santé dans les consommables du quotidien. À quand des protections féminines responsables qui ne mettent plus en danger la vie de leurs utilisatrices ? À quand la possibilité de voir une publicité pour les règles avec du sang rouge ? Grandes questions que cela, qui dénotent encore que le corps de la femme est instrumentalisé dans son entier. De son image de belle plante pour faire vendre des vêtements jusqu’à son rôle d’éprouvette de test pour des produits nocifs.

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