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Le Mama Festival 2017 enflamme Pigalle

L’édition 2017 du Mama Festival à Paris vient de s’achever. L’occasion pour nous de revenir sur un rendez-vous musical électrique que nous avons sillonné d’artistes en artistes, de salles de concert en salles de concert, dans le quartier de Pigalle.

Mercredi : “Et nos nuits sont plus belles que vos jours”

19h, le boulevard Rochechouart est en ébullition. Les derniers journalistes récupèrent leurs accréditations tandis que des petits groupes commencent à se former autour des salles de concert. Pour nous, le périple commence dans un endroit plus singulier. Il s’agit du théâtre du lycée Jacques Decours que l’équipe du festival a transformé pour l’occasion. La salle est comme plongée dans un vaste brouillard, une fumée dense et épaisse qui ne s’estompera qu’à l’arrivée du groupe Royaume que nous sommes venus écoutés ce soir-là. Une atmosphère énigmatique règne. Elle est à l’image de leur musique : douce, planante, aérienne. Yumi, la chanteuse, nous enveloppe de sa voix profonde en chantant des morceaux nostalgiques qui poussent à la rêverie.

Mais vite ! Il est déjà temps de rejoindre le prochain concert. L’esprit du festival, c’est aussi cette promenade sous les lumières éclaboussantes des néons de Pigalle, à la recherche du prochain bar, de la prochaine salle de concert qui saura nous faire vibrer.

C’est donc au tour d’Eddy de Pretto d’enchanter le Backstage By The Mill. Poètes des temps modernes, il chante comme personne les errances de la jeunesse d’aujourd’hui. Les excès de soirée dans Fête de Trop, la drague dans Jungle de la chope, tout y passe. Sans oublier le thème de la « virilité abusive » qui fait partie intégrante de sa démarche. Derrière des rythmes dansants et légers, le chanteur semble habité. Lorsque les premières notes de Kid retentissent, le public est en transe face à cette chanson-manifeste dont la scène semble être la tribune. Le charme a opéré, nous sommes suspendus à ses lèvres et aimerions que cette parenthèse enchantée ne finisse pas.

© Alexandra Bon

 

Heureusement, le prochain concert nous enthousiasme tout autant. Il s’agit de Paupière, tout droit arrivé de Montréal. Les trois membres du groupe (Julia, Éliane et Pierre-Luc) nous embarquent instantanément dans leur univers déjanté voire carrément barré qui puise son influence dans les sonorités pop des années 80. Le concert est électrisant, les musiciens possédés. Les paroles de Défunte lune de miel résonnent en nous tout particulièrement : « ce soir elle a la fièvre, elle veut danser à en perdre haleine ». Chansons après chansons, l’énergie ne faiblit pas. La foule se fait de plus en plus moite, Paupière nous galvanise. Les prochaines soirées nous semblent pleines de promesses.

© Alexandra Bon

 

Jeudi : “Double jeu”

Se laisser guider et découvrir. C’est le thème de cette seconde journée principalement centrée autour du métro Blanche. Notre soirée commence à 21h dans la salle « Les trois baudets » située le long du boulevard de Clichy. Nous croisons les derniers festivaliers sortant du concert de Safia Nolin et l’on s’empresse alors de prendre leurs places. Ce sera pour commencer un concert assis, une première dans notre programmation. Il en est de même pour le groupe qui se prépare pour la scène. Les sièges sont rouges, ils nous évoquent le théâtre et le cinéma, un art que l’on contemple. Ils sont deux autour de Sandor, la mystérieuse artiste. Sur scène on joue avec les lumières et les ombres. Une douceur s’installe dans la salle. Sandor chante en français, des textes majoritairement sombres qui évoquent une ambiance nocturne. On parle d’amour et de son rapport avec l’identité. Des questions subsistent, la création est-elle nécessairement genrée ?

Nous sortons. Direction le Carmen, une prestigieuse discothèque décorée dans un style du XVIIIème. Elle apporte donc une nouvelle ambiance bien différente du précédent concert. C’est le groupe anglais CHELOU qui s’y présente à 21h45. On note un style de musique alternative et indépendante. Tout de suite, l’environnement devient paisible. La musique de Chelou, c’est un paysage d’été avec une touche californienne renforcée par la chaleur lors du concert. Le groupe a sû passer au dessus d’un léger problème technique durant la prestation. On reste alors sur leur dernière sortie du nom de Damned Eye See. Il suffit de la réécouter, pour revivre le concert, mais cette fois-ci, les yeux bien fermés.

Pour clore cette deuxième soirée, nous avons choisi un genre tout à fait différent. L’artiste Killason proclame lui même son univers à part. Nous retournons avec joie au Bakstage by the Mils où l’ambiance est à son comble. Il faut dire que l’artiste sait attirer l’attention. Il joue un personnage à plusieurs facettes autant excentrique sur Strange the World que sincère sur Abtm. La scène est son domaine et il le fait savoir par sa gestuelle et sa danse. Killason à le don de séduire son public. En ce qui concerne son genre musical, on le place sur un hip hop hybride, sous l’influence de  Busta Rhymes,  Lil Wayne ou encore Mickael Jackson. C’est sur un ton plus dynamique que nous retournons dans les rues de Paris, ville aux multiples facettes qui ne cessent tourner. Est-ce un double jeu ? Nous le verrons demain.

Vendredi : “Friday I’m in love

Troisième et dernière soirée pour nos festivités. Et c’est sans intentions particulières que nous finissons notre programme par une nuit féminine.

Nous reprenons alors le métro à l’arrêt Pigalle et c’est de nouveau sur le boulevard de Clichy que nous marchons avec conviction. Une découverte du nom de Norma se tient ce soir au bien connu Bus palladium. Il y a du monde dans la salle et ce vendredi s’annonce plus que satisfaisant. Le concert commence sous les applaudissements. En effet un heureux événement est attendu dans la soirée pour le batteur du groupe. On sent alors une énergie qui fait vibrer le public. Norma chante en anglais, sa musique est vivante et joyeuse. Très vite nous replongeons dans un bain musical qui nous rafraîchit. Une montée en puissance se fait sentir à la fin du concert et les artistes se laissent emporter par leur musique. C’est avec beaucoup d’énergie que nous nous dirigeons vers le prochain concert qui ne va pas nous décevoir.

La puissance et l’énergie font partie de WWWater. Le concert avait déjà démarré lorsque nous sommes rentrées dans la salle des Folie’s Pigalle. Le public n’est pas encore au complet pour le début mais la chanteuse a déjà captivé les premier venus. Sur un son électro, elle réussit à varier en intensité. Elle danse alors sur le devant de la scène et le public aussi. L’ambiance est parfois plus douce comme sur Pink Letters. On peut facilement qualifier le concert comme bouillonnant voir même explosif. Le public arrive alors lorsque l’intensité est au plus haut. On termine le concert avec un corps changé, plus ou moins chargé d’électricité.

Le festival prend fin sur une forme très douce. En effet, le dernier lieu de rendez vous se trouve à l’écart des autres salles de concert. Il s’agit du théâtre de l’Atalante où une certaine Surma se prépare. Nous descendons les marches à 21h50, et nous voilà dès lors, dans le mystérieux univers de l’artiste. Assises au deuxième rang, nous observons les instruments placés sur scène, une table de mixage ainsi que deux guitares en arrière plan. L’ambiance est déjà très intime. C’est alors que l’artiste d’origine portugaise démarre avec un sourire et une grande concentration. Sur la musique électro et la douce voix de Surma, on se laisse entraîner dans une bulle féerique, que l’on ressent encore dans la chanson Hemma. Mais c’est lorsque que Surma nous dit de fermer les yeux sous son morceau Voyager, que nous entrons comme elle dans une transe, la tête pleine d’images d’un pays lointain. Quoi de mieux que de finir sur une touche poétique. Alors quand Surma nous tend un « I hope you’ll like it  », il nous parait évidement de répondre « I’m in love ».

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