Hier avait lieu la première projection d’un film de Viktor Kubal à Lumière Fourmi. Un film d’animation old school qui ne s’adresse pas vraiment à un public d’enfants.
Une séance différente
Dès notre arrivée dans la salle, nous sommes accueillis dans une ambiance assez intimiste par un des membres de l’équipe de restauration du film. Il nous apprend que nous assistons à la première projection du film restauré puisque les travaux se sont terminés il y a une semaine ou deux seulement.
Accueillis par un des membres de l’équipe de restauration du film – ©Charlène PONZO
Nous ne sommes qu’une trentaine de spectateurs sur une salle d’une soixantaine de places. Résultat : la vague sensation d’être privilégiés et de partager une expérience cinématographique différente, plus intime, avec un public restreint.
“Krvavá pani“, kesako ?
Si on vous dit “Krvavá pani” vous nous répondrez probablement “À vos souhaits” si vous avez vraiment beaucoup, beaucoup d’humour. Mais si on vous dit La Dame Sanglante, vous ne saurez probablement pas plus de quoi nous vous parlons. La Dame Sanglante est un film d’animation slovaque réalisé par Viktor Kubal et sorti en 1980. Le réalisateur s’inspire pour ce film d’animation de la célèbre légende de la comtesse Bathory. Surnommée la dame sanglante, elle aurait fait plus de 600 victimes en une vingtaine d’années seulement.
La comtesse Bathory, une femme charmante – ©Wikicommons
Viktor Kubal reprend cette légende et se questionne ici sur ce qui aurait pu être à l’origine de ce massacre. Pourquoi une femme ferait-elle cela ?
Une œuvre poético-dramatique
Viktor Kubal imagine tout autour de cette légende une histoire simple dont on nous a dit par avance qu’elle “commençait comme un Disney avec des petits animaux qui sautent partout”. Mêlant histoire d’amour et drame, Viktor Kubal saupoudre son travail de traits d’humour légers.
Un mélange d’histoire d’amour, de drame et d’humour – ©National Film Archive of the Slovak Film Institute.
Cela produit une œuvre tout à fait particulière qui semble bel et bien avoir sa place dans cette sélection “Trésors et curiosités”. Mais qui dit film d’animation ne dit pas forcément enfants. Le travail de Viktor Kubal semble plutôt s’adresser à un public d’adultes de par son aspect sanglant et son objectif premier pourrait être de nous faire retomber en enfance. Dans ce cas il y est parvenu en traitant cette histoire dramatique de son regard enfantin avec brio.
Viktor Kubal, universel
À sa sortie en 1980, des projections de La Dame Sanglante ont lieu dans tous les festivals de films d’animation. Mais la politique isolationniste du régime communiste slovaque rend la diffusion de l’art de Viktor Kubal complexe. Son génie ne sera jamais reconnu par la communauté du cinéma d’animation et il ne recevra aucun prix. Et pourtant, lorsque l’on regarde La Dame Sanglante, on ne peut s’empêcher de relever qu’il pourrait être un film avec une portée universelle. Réaliser un film d’animation muet le rend plus accessible, plus puissant. L’histoire ne passe plus par la langue mais par des images minimalistes et une bande-son superbe.
En attendant que vous vous précipitiez sur la filmographie de Viktor Kubal on vous laisse avec un extrait de la bande-son… Attention, ça rentre dans la tête facilement !
