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Guillermo Guiz a un bon fond

C’est la rentrée ! Et si septembre annonce le retour du mauvais temps, du froid et des obligations, il est aussi le mois du retour de tous ces spectacles devant lesquels se réfugier en période de grisaille.

Parmi eux, c’est le seul en scène de Guillermo Guiz qui fait son grand retour, toujours aussi incisif, introspectif et surtout belge, comme il se plaît à le rappeler. Nous avons eu le plaisir de le voir avant l’été ; retour sur ses meilleures thématiques.

C’est d’abord un one man show tout ce qu’il y a de plus conventionnel que semble nous proposer l’humoriste : en jeans et baskets, équipé seulement d’un micro, Guillermo Guiz commence par interpeller le spectateur selon ce qui lui passe par la tête, parlant un peu de sujets de société, beaucoup de lui. Enfin, non, pas exactement de lui-même mais de toutes les questions qui s’y rattachent : son pays d’origine qu’il aime d’une tendresse lucide, ses interrogations existentielles – est-il un chic type ? – la société dans laquelle on vit…

S’il aborde peu à peu les thématiques les plus usitées dans ce genre de spectacle, à base de vieilles blagues sur la pédophilie et la capacité des femmes à conduire, brandir un carton rouge à l’idée de ces généralisations malvenues serait précipité ; si Guillermo Guiz les évoque sur scène, avec son personnage ambigu qui oscille entre vérité et autofiction du comédien, c’est pour mieux les remettre en question et en tension en direct, face aux spectateur·rice·s interpellé·e·s. Parce que finalement, celui qui se prend en exemple et examine tranquillement sa conscience face à nous n’est qu’une personne comme les autres, personne à qui il arrive d’être lâche, maladroite ou malhonnête. Et ce n’est pas grave, nous dit-il. S’il ose partager ces anecdotes où il s’est avéré peu brillant, c’est selon l’idée qu’il ne peut prétendre juger et condamner autrui. Ce spectacle en apparence si détendu, à base de jeux de mots et blagues en tous genres, soulève finalement, quand on y réfléchit, des points assez sérieux. Il en profite pour mettre le doigt sur ses travers et par extension les nôtres, entre pensées stéréotypées et gestes carrément déplacés.

Guillermo Guiz sur scène

Crédits : Philippe Mazzoni / OlympiaProd

 

C’est le cas du viol, notamment, quand, au détour d’une plaisanterie sur sa relation avec les femmes, Guillermo nous raconte une anecdote personnelle. Celle-ci évoque un consentement plus que flou entre les partenaires mais, lorsqu’on se met à la place du narrateur, on se rend compte que cela aurait très bien pu nous arriver aussi, et que rien n’est jamais aussi blanc ou noir qu’on voudrait le croire. Sa relation avec « les femmes » aussi, si elle semble être un symptôme dérangeant de notre monde hétéronormatif empreint de patriarcat et réutilisé à outrance dans les seul·e en scène, traduit aussi une tension entre clichés et féminisme, et une réelle volonté de mieux se respecter entre les genres.

Drôle, sympathique et un peu touchant, Guillermo Guiz mis sous examen cherche à éprouver devant nous son bon fond. Mais plus qu’un cas de conscience sur sa vie personnelle, c’est un exemple qu’il nous propose pour mieux réfléchir sur nous-mêmes et les autres.


 

Retrouvez Guillermo Guiz au Point Virgule du jeudi au samedi jusqu’au 23 décembre.

Aime la culture, TOUTE la culture, et l'anonymat. Pas facile d'en faire une biographie, dans ce cas. Rédactrice et Secrétaire de Rédaction pour Maze. Bonne lecture !

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