Pour les vingt ans du festival Panoramas, nous avons rencontré Le Bask, figure emblématique du hardcore originaire de Montpellier. Mondialement connu, Ben n’a désormais plus à se faire une place. Mais que ce soit dans un petit club ou dans un gros festival, il prend toujours autant de plaisir à faire vibrer la foule. Nous l’avons rencontré lors de sa venue au festival Panoramas à Morlaix, le 7 avril dernier.
Qu’est-ce que ça te fait d’être là ce soir ?
J’étais vraiment honoré d’être booké (programmé) ce soir, et d’autant plus pour les 20 ans. C’est un festival que je connais depuis des années donc recevoir une demande pour les Panos c’était cool quoi. Surtout pour du hardcore !
Comment as-tu vécu cette montée du hardcore ces dernières années ?
Eh bien, tranquillement en fait ! Au début c’étaient des demandes qui me surprenaient, par exemple pour des clubs. Et après ça a été fou, l’année dernière par exemple il y a eu Dour et quand tu reçois des demandes comme ça, tu te dis qu’il se passe quelque chose. Après tu vois tes potes comme Vandal tourner dans des gros festivals et tu te dis voilà, ça y est, on y est. Lui c’était déjà un peu plus posé avec la raggaetek mais là avec le hardcore il se passe vraiment quelque chose.
Et toi tu as commencé il y a combien de temps ?
Alors moi, c’est pro depuis dix ans, mais sinon ça fait dix-sept ans ans que je suis là dedans. J’ai commencé en 98/99 avec des raves jusqu’à mes premiers bookings en 2006. L’évolution du hardcore c’est pas la même partout, ça a surtout commencé en Hollande. En France, elle se fait bien mais il y a toujours cet amalgame avec les pouvoirs publics. Par exemple, je suis aussi producteur et programmateur de soirées et quand on fait une demande dans une salle, tout de suite on nous dit « ok, quand aura lieu votre rave ? ». Alors qu’on fait pas une rave, on fait une soirée légale, chez vous, où on va louer le lieu etc. Donc on est encore là dedans quoi.
Peux tu nous parler du système français vis-à-vis de ça justement ?
Le système français, je pense qu’il est vieux, enfin il est surtout fait de manière à ce que personne ne prenne de risque. Tout le monde se couvre, donc personne ne veut signer parce que s’il y a un problème, il faudra un responsable et personne ne veut être responsable. C’est plus facile de donner des salles ou des lieux aux salons du chocolat et aux salons des antiquaires plutôt qu’à des organisateurs qui veulent faire un festival techno.
Et tu préfères les petites soirées ou les gros festivals ?
Je préfère ni l’un ni l’autre. J’aime les deux. J’aime garder une proximité avec le public, c’est pas parce que maintenant on est en place que l’on se doit de refuser des salles de moins de 500 personnes. Si je refuse c’est juste que je peux pas. Je prends toujours autant de plaisir à accepter un booking (une programmation) dans un petit club et j’y mets la même énergie que pour les 20 ans de Pano. Chaque date a son petit côté magique en fait et ce que j’aime c’est qu’on se demande tout le temps à quel moment il va arriver, ce côté magique, à quel moment ça va partir en sucette (rires).
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Est-ce que tu aurais un truc assez ouf à annoncer pour bientôt ?
Ouais y’a un truc… Mais je peux pas le dire encore. Mais ouais y’a un truc ouf. Y’a un come back d’une autre manière en fait, y’a un truc qui va arriver. Je pense pas cette année, j’y travaille, mais pour 2018 c’est sûr.
Nous on est un magazine créé par des jeunes, juste par passion. Est-ce que t’aurais des conseils à donner à ce·lles·ux qui veulent se lancer ?
C’est marrant que tu me demandes ça, car les problèmes ils viennent souvent des proches, donc soit de la famille soit des potes qui y croient pas. Quand on part sur des projets comme ça un peu artistiques, souvent les proches ce qu’ils nous disent c’est « arrête, reviens sur quelque chose de plus concret où tu vas gagner de l’argent ». Et je pense qu’en fait, tout ça il faut s’en foutre. Il faut aller au bout de ses envies. Si vous êtes une équipe de fous et que tout le monde y croit, il faut y aller à fond parce qu’il y a que comme ça que ça marchera. Les parents, tout ce qu’ils veulent c’est la sécurité de leur môme.
Ça sent le vécu !
Ben moi c’était ça, au début quand j’ai annoncé que je voulais être reporter à mes parents -parce qu’à la base c’est ce que je voulais faire-, c’était « non, c’est pas une vie cameraman, comment tu vas faire ? »…
Quel a été le déclic qui t’a fait te lancer dans la musique ?
J’en ai toujours fait en parallèle ! Je pensais pas que ça allait autant marcher, et c’est peut-être aussi pour ça que je fais ce métier toujours aussi détendu. J’y donne tout ce que j’ai à donner mais je n’attends rien en retour. Si ça se termine, ça se termine. Si je fais le choix de prendre des vacances avec ma famille et qu’on me propose un festival de dingue, je ne vais certainement pas annuler mes vacances, chose que certain·e·s font. Je dis pas que j’en ai rien à foutre, mais y’a la vie à côté.
C’est encourageant en tout cas d’entendre tout ça !
Ah bah au début mes parents c’était pour être cameraman, mais après c’était pour la musique ! Je me rappelle, j’avais un studio à côté de chez moi et quand mes parents rentraient à 2h du matin ils me disaient de baisser la musique etc. Dans leur tête c’était pas concevable que leur gamin reste là à faire du boom boom toute la nuit. Quand ils ont commencé à voir des photos de dates dans des petites salles ils se sont dit « ouais c’est bien… », et puis quand y’a commencé à avoir les Dominator, Masters of Harcore, Defqon et compagnie c’était autre chose.
Et aujourd’hui qu’est-ce qu’ils pensent de toi tes parents ?
Eh bah maintenant c’est moi qui leur dis « vous voyez les vieux cons, si je vous avais écouté·e·s, je n’aurais rien fait ». La musique j’ai jamais fait ça pour en être là, mais pour être cameraman, j’y croyais dur comme fer. Le mieux c’est d’y croire. Au pire, la vie c’est : tu te plantes, tu te plantes. Tu te ramasses et alors ? C’est pas grave quoi. Maintenant je peux en parler parce que je suis passé par ça. Être jeune c’est de l’angoisse, mais au final tu te dis que tout arrive à un moment donné. Faut juste y aller à fond.