En face de la définition de pluriel, ou de multiple, on ne serait pas étonné-e de voir une image du Piano Oriental, tant ces deux mots nous évoquent aujourd’hui différentes œuvres, différents supports et différents arts. Si vous croisez son chemin d’une manière ou d’une autre, n’hésitez pas à vous faire guider par ses mélopées. Vous ne le regretterez pas.
Né du multiculturalisme
Quelle que soit la forme du Piano Oriental que l’on regarde, que l’on étudie, on ne peut y manquer le mélange des cultures. Au sein de ces œuvres, toujours, cohabitent l’Orient et l’Occident, le classique et l’innovant, l’habituel et l’exotique. Cette pluralité n’est pas seulement dans les influences et références culturelles de l’œuvre mais aussi plus directement dans sa forme. Ainsi, nous avons découvert Le Piano Oriental comme une exposition au festival Pulp, à la Ferme du Buisson. Mais l’œuvre ne s’arrête pas là car elle est aussi une bande dessinée de Zeina Abirached et un objet, inventé par Abdallah Chahine. L’exposition, astucieuse, nous permet de faire nos premiers pas dans l’intrigue de la bande dessinée sans pour autant nous en dévoiler les ressorts. Mettant à profit la pluralité de l’œuvre, elle nous permet aussi de découvrir en l’écoutant l’objet duquel tout est parti : le véritable piano. Cet instrument lui-même est d’ailleurs le résultat d’une hybridation culturelle qui n’a rien d’évident et prend sa source dans l’Histoire et plus particulièrement dans les années qui ont suivi la chute de l’Empire Ottoman, au Liban. Pendant cette période, le pays était sous mandat français. Les cultures françaises et arabes y étaient donc bien mélangées.
Du piano à la BD à l’expo
L’exposition nous permet de découvrir pas à pas le livre puis l’objet lui-même. À travers une scénographie travaillée, nous explorons les parallèles entre l’histoire de l’auteure et de son arrière-grand-père. Nous nous enfonçons petit à petit dans leur monde mêlant, tricotant, arabe et français. L’exposition a cela de formidable qu’elle permet de cumuler, dans une seule représentation, dans un seul lieu et un seul temps les trois supports du piano oriental. Elle nous accueille d’office avec les mots et les dessins de Zeina Abirached ; nous les suivons, rencontrant en chemin la musique du Liban, de l’Europe, et plus particulièrement leur rencontre à travers les œuvres jouées sur le fameux piano oriental. Plus on avance dans l’exposition, plus les mélodies se font présentes, accompagnant d’abord les scènes dessinées, finissant par être accompagnées par les dessins. En guise d’apothéose, l’exposition se termine dans une pièce dans laquelle nous trouvons un piano oriental et, avec un peu de chance, un·e pianiste à l’œuvre pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
En définitive, quelle que soit la forme qu’elle prend, Le Piano Oriental est à ne pas rater, mêlant les cultures et les genres, nous proposant un voyage à travers les époques et les vies de deux personnages hauts en couleurs – le comble, pour une bande dessinée en noir et blanc ! Si vous en avez l’occasion, courez-y !