CINÉMA

Mashup Film Festival : un mois de cinéphilie

Si vous vous demandiez encore ce qu’est le mashup au cinéma, le seul festival du genre, le Mashup Film Festival vous propose de le découvrir pendant un mois en Île-de-France et dans plusieurs grandes villes de France (Lille, Metz, Poitiers, Le Mans, Marseille, Strasbourg, Toulouse et Rennes).

Un programme riche

Nous avons participé à une soirée d’ouverture percutante où l’on a pu assister à plusieurs courts de la Nouvelle Vague Française du mashup ainsi qu’à la projection du film La Classe américaine – Le grand détournement réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette. Le directeur artistique du festival et réalisateur de mashup Julien Lahmi est arrivé déguisé en mashup de Charlie Chaplin et Dark Vador et nous a présenté un programme varié pour ce mois de cinéma : Carte blanche, ateliers de création de mashups pour les grands et les petits, tables rondes, et diverses projections. Chacun peut donc y trouver son compte. Lors de cette soirée, nous avons également pu assister à un live d’Addictive TV, groupe qui allie DJ set et mashup vidéo pour une expérience d’une intensité à couper le souffle.

Le mashup au cinéma, kézako ?

Le mashup est né en même temps que le montage, tant il a été dès lors possible de réutiliser des images pour raconter une histoire différente. D’ailleurs, n’est-ce pas là l’essence même du montage ? Au-delà de ces questionnements théoriques, on peut noter que le phénomène mashup, bien qu’ancien, n’a pu prendre son essor que lors des deux dernières décennies avec internet et, surtout, le streaming. Pendant longtemps, les œuvres du genre restaient obscures, comme ça a pu l’être avec La Classe Américaine, qui n’a été diffusé qu’une fois à la télévision puis a subsisté par quelques (très) rares projections mais surtout des copies pirates, enregistrées, à l’époque, sur VHS. Avec Internet, puis le streaming, les créat·eur·rice·s ont pu librement diffuser leurs œuvres, popularisant ainsi très largement le genre. Aujourd’hui, les mashups sont légion et rencontrent un franc succès, comme par exemple les travaux de Mozinor, ou Hell’s Club d’Antonio Maria da Silva.

Populaire ou élitiste ?

Le mashup a pour vocation première de mettre en avant le montage en démocratisant les classiques du cinéma pour en faire de nouveau film et La Classe américaine – Le Grand détournement en est le parfait exemple. Dominique Mézerette et Michel Hazanavicius utilisent de nombreux films des années 50 aux années 70 dont on ne fera pas la liste complète ici mais dont on peut citer les acteurs  qui reviennent le plus, comme Robert Redford et Dustin Hoffman dans Les Hommes du président de Alan J. Pakula,   John Wayne qui est en quelque sorte le personnage central et que l’on voit dans plusieurs de ses films, mais aussi Paul Newman, Henri Fonda ou Orson Welles qui sont totalement détournés justement au profit de cette nouvelle œuvre. Et si on parle de démocratisation du métier de monteur/réalisateur c’est parce qu’une fois la maîtrise des logiciels de montage acquise, n’importe qui peut créer son mashup et donc faire du cinéma ; et ça, c’est plus qu’un bon point. Or, dans ce genre il existe aussi une dualité plutôt paradoxale, car c’est aussi et surtout destiné aux cinéphiles et donc un peu élitiste quelque part.  La génial cérémonie d’ouverture l’a bien prouvé. Les spectateurs ? Des cinéphiles, des réalisateurs, des youtubeurs et des enfants de la pop culture qui savent de quoi ils parlent et sont capables de dénicher la majorité des références des films qu’on leur projette. Car pour comprendre, pour apprécier ou même pour rire il faut en général saisir et connaître les références d’abord cinématographique mais aussi parfois musicale ou artistique. Ce qui pose un réel problème pour les non-initiés et donne au mashup un petit côté élitiste.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

You may also like

More in CINÉMA