Impossible de le nier, même en 2017, l’homophobie nous entoure. Que ce soit à la télévision avec Touche Pas à Mon Poste ou les propos tenus par bien d’autres, sur internet avec les commentaires et forums de discussion virulents, pour ne citer qu’eux ou encore dans nos rues et nos institutions, les manifestations de l’homophobie ne manquent pas, comme le montre bien le rapport annuel d’SOS homophobie.
Une tendance à la baisse depuis le début des années 2010
Bien que l’homophobie soit présente de manière assez générale et que le nombre de témoignages remontés à SOS homophobie ait augmenté entre 2015 et 2016, il est revenu à un niveau bien plus bas qu’entre 2010 et 2013, où avec la loi Taubira et les voix de Civitas et autres Manif Pour Tous, les droits LGBT+ étaient au coeur du débat public et exacerbaient par leur simple évocation les revendications homophobes des un·e·s et des autres. Depuis, les esprits se sont, pour partie, apaisés.

Crédits – SOS homophobie
Il convient alors de se demander si les actes et paroles homophobes sont moins nombreuses ou si, plutôt, ce sont les témoignages qui se font moins nombreux. En effet, on se doute que, malgré le nombre ridicule de témoignage récoltés dans les décennies précédentes, l’homophobie avait plus cours qu’aujourd’hui. Ainsi, c’est une libération de la parole sur le sujet qui a causé l’apparente augmentation.
L’apparente baisse des témoignages serait donc due à deux phénomènes : d’une part les tensions sociales sur le sujet sont plus apaisées, d’autre part, comme l’avance SOS homophobie, les actes discriminatoires ont été en partie banalisés, causant ainsi bien moins de réactions et donc de témoignages qu’avant.
Les lieux de l’homophobie évoluent
On voit ce type de discriminations absolument partout. Pourtant, tous les lieux, tous les milieux ne sont pas égaux face à ce fléau. En effet, si les milieux scolaires et les commerces semblent relativement épargnés, le lieu de travail, les lieux publics et la famille voient chaque entre 12 % et 15 % des actes homophobes se produire. Ni les lieux se voulant privilégiés et surtout protégés, à ce niveau, comme la famille ou le travail, ni les lieux publics, offrant comme protection la honte et la réprobation des autres ne sont en réalité des lieux dits safe (sûrs). Ces statistiques dénotent à quel point l’homophobie ne connaît pas ou peu de lieux sacrés dans lesquels elle n’entre pas. Même la famille, censée nous protéger et nous soutenir, devient un des lieux les plus favorables aux violences et aux discriminations.

Crédits SOS Homophobie
Cependant, le lieu le plus privilégié pour les attaques homophobes est internet avec environ 22,5 % des témoignages y prenant place. Alors même que de plus en plus de jeunes y cherchent un refuge, des enseignements, du partage, une communauté bienveillante ou simplement un environnement sécurisant, c’est bien en ligne qu’ont lieu la plupart des actes et paroles homophobes. Bien entendu, le pseudonymat exacerbe ces manifestations, leurs auteur·e·s se sentant protégé·e·s et puissant·e·s derrière leurs écrans. Pour autant, Internet comme haut lieu de l’homophobie ne peut pas être limité à ces paramètres. Ce qui est alarmant, c’est que le net d’une part libère la parole, laissant davantage apparaître des avis cachés, et d’autre part permet aux personnes homophobes de mieux se retrouver entre elles et s’organiser.
Une part inquiétante d’agressions physique
En voyant l’importance d’Internet en tant que lieu de l’homophobie, on pourrait penser que ses manifestations sont avant tout écrites et/ou verbales. Ce n’est pas si simple. En effet, si 45 % des actes et paroles homophobes sont des insultes, c’est pour mieux cacher la partie submergée de l’iceberg. L’immense majorité de l’homophobie se fait par la violence symbolique sans pour autant passer par l’insulte. Au lieu d’être directe, elle est pernicieuse et parfois institutionnalisée. On se souviendra par exemple des propos homophobes d’un médecin, sur Facebook, en décembre 2016 ou des décisions de certain·e·s élu·e·s de ne pas unir personnellement des personnes de même genre.

Crédits SOS homophobie
On ne peut cependant pas oublier que 13 % des manifestations LGBTphobes sont des agressions physiques. Même en France, où la situation est drastiquement différente d’en Tchétchénie ou en Tunisie, des personnes homosexuelles et/ou transgenres se font agresser physiquement avec pour seul motif cette identité. Les affaires ne manquent pas, comme celle de 2013 à Paris, 2016 à Argenteuil ou 2017 à Noisy Le Grand. Il suffit d’une simple recherche sur un moteur de recherche pour voir pleuvoir les exemples. Ce problème n’est pas typiquement français, comme nous l’a prouvé l’attentat homophobe d’Orlando en juin 2016. Pour autant, il est bien présent dans notre pays que l’on se plait souvent à appeler le pays des droits de l’Homme.
Depuis plusieurs décennies, des avancées considérables sont faites en matière de droits LGBT+. Même si le chemin reste long, comme nous le prouvent ces statistiques ou l’interdiction pour les homosexuel·le·s de donner leur sang. Nous ne vivons pas l’âge d’or de l’homophobie, au contraire, nous progressons. En revanche, face aux récents événements et à la radicalisation des actes et paroles homophobes, il est de notre de devoir à tou·te·s de continuer dans cette dynamique et d’effectivement éviter de sombrer dans l’âge sombre de l’acceptation de l’autre.