CINÉMA

Lo chiamavano Jeeg Robot : super pouvoirs, mafia et mozzarella

Si pour vous, le cinéma italien se résume à Marcello Mastroianni et Federico Fellini, foncez voir ce que propose Gabriele Mainetti avec Lo chiamavano Jeeg Robot. Un ovni aux inspirations japonaise, italienne et américaine.

Le titre Jeeg Robot renvoie au manga japonais Kotetsu Jeeg de Go Nagai, auquel le réalisateur entend rendre hommage. Il reprend avec beaucoup d’humour les codes du film hollywoodien de super-héros. Ajoutez à cela des références à la culture italienne avec beaucoup d’auto-dérision : vous obtenez ce film surprenant. Nanar ou objet absurde ? Un peu des deux sûrement.

Coursé par la police dans les rues de Rome, Enzo, banlieusard solitaire va sauter dans le Tibre pour leur échapper. Il se fait alors contaminer par une substance radioactive qui va faire de lui un surhomme. Enzo est un genre de voyou, et il commence par utiliser ses pouvoirs à de mauvaises fins. Il n’a ni morale ni sens de la justice. Mais sa rencontre avec une jeune femme un petit peu folle et obsédée par Jeeg Robot – pour des raisons plus sombres qu’il n’y paraît d’abord – va lui faire remettre en perspective ses actions. La mafia napolitaine et d’autres voyous ayant soif de pouvoir s’en mêlent rapidement.

Le film se déroule dans les banlieues pauvres de Rome et montre tout une frange de la population qui semble être délaissée. Le personnage d’Enzo est tout en nuances, violent mais fragile, intelligent mais maladroit. Les acteurs sont bons et incarnent bien les personnages tous hauts en couleurs. À retenir surtout les performances de Claudio Santamaria, Luca Marinelli et Ilenia Pastorelli. Violence graphique, scènes pleines d’un humour parfois noir, références à des réalités sombres, notamment le viol et la misère… Mais le film reste plein d’humour, les méchants n’utilisent pas du scotch mais de la mozzarella pour bâillonner leurs victimes.

Le mélange des genres et le casting réussi montrent que le cinéma italien n’est pas tout à fait mort, et qu’il est capable de produire des choses neuves et drôles. Ce film ne relève sans doute pas du coup de maître et comporte des longueurs, mais pour un premier long-métrage il est assez audacieux. Un bon divertissement.

Secrétaire générale de la rédaction du magazine Maze. Provinciale provençale étudiante à Sciences Po Paris. Expatriée à la Missouri School of Journalism pour un an. astrig@maze.fr

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