CINÉMA

Festival de Clermont Ferrand – Il court, il court le cinéma

Créé en 1982, le Festival de cinéma de Clermont-Ferrand est connu des cinéphiles du monde entier pour sa particularité : on y passe que du court-métrage. Depuis quelques années, le festival a réellement gagné en prestige et c’est plus de 150 000 spectateurs venus de toute part qui s’y rendent pour découvrir les meilleures productions en format court.

Lorsqu’on débarque dans la petite ville de Clermont-Ferrand, on ne se rendrait presque pas compte que l’un des plus grands festivals de court-métrage est en cours… Mais en s’approchant de la fameuse Maison de la Culture (épicentre du festival), la frénésie cinéphile commence à se faire ressentir. Chaque année, le festival présente trois sélections principales : compétitions internationale et nationale ainsi qu’une section dite « expérimentale » (le Labo) quoique son contenu reste difficile à qualifier. Plusieurs autres programmations gravitent autour de celles-ci et apportent de la variété à l’ensemble du festival. Cette année, on pouvait par exemple voir des programmations dont tous les courts-métrage venaient d’une même boîte de production tournée vers le cinéma d’animation (Je suis bien content productions), deux programmations musicales organisées en partenariat avec les Nuits Sonores (« Décibels »), une sélection guidée par le genre de l’humour noir.

En mettant chaque année un pays l’honneur, le Festival de Clermont-Ferrand permet aussi de découvrir de plus près le cinéma étranger. Cette année, dans le cadre de « l’année France-Colombie 2017 », ce sont des courts-métrages réalisés ou produits en Colombie qui ont fait l’objet d’une programmation plutôt conséquente. Malgré qu’il paraisse toujours difficile de trouver une raison à la mise en lien de plusieurs courts-métrages sous une même programmation, il semble que cette « expérience » que propose le Festival de Clermont-Ferrand (car ce n’est pas tous les jours que l’on voit 6 ou 7 courts-métrages d’affilée) permet au spectateur de créer des associations nouvelles dans son esprit, qu’elles soient imaginaires ou thématiques. Par exemple, à travers les différentes programmations colombiennes, il ressortait bien souvent des thèmes communs aux différents courts-métrages : la crainte d’une disparition de la culture indigène, les souvenirs douloureux du conflit armé, les problèmes de ségrégation envers les latinos plus généralement ou encore la mise en avant d’une jeunesse rêveuse et pleine d’espoir.

Maison de la Culture, cœur du festival – https://fr.wikipedia.org/

Le format « court », qu’est-ce que c’est ? 

Bien que les définitions du genre peuvent varier d’un festival à l’autre (par exemple à Clermont-Ferrand, sont acceptés les films allant jusqu’à 40 minutes), selon le Centre National de la Cinématographie, le court-métrage est un film qui ne dépasse pas les 59 minutes (à l’époque, la limite était fixée à 1 600 mètres de pellicules 35mm). Face à cette définition bien vague qu’est celle de la durée, on peut se demander quel est l’intérêt du film court, son circuit de distribution et qui sont ses adeptes. En effet, au Festival de Clermont-Ferrand se distinguent deux types de productions : les courts-métrages qui sont souvent des premiers films et dont la durée dépend davantage de questions financières que d’un choix esthétique (c’est souvent le cas avec les films d’écoles par exemple), et d’autre part, les courts-métrages réalisés par des cinéastes passionnés par ce format. Cela dit, de la même manière que les caractéristiques de la nouvelle et du roman ne sont pas les mêmes, on ne construit pas un court-métrage comme on construit un film de deux heures de long. Le format court pose la difficulté de raconter, en images, une histoire, le morceau de vie d’un personnage, de mettre en place une atmosphère : en bref, réaliser un court-métrage c’est savoir être efficace.

Le Festival de Clermont-Ferrand est aussi une véritable réunion des professionnels du cinéma car de nombreux courts-métrages sont conçus comme la présentation d’un univers, d’un langage cinématographique, et d’une qualité technique qui n’attend qu’un producteur pour pouvoir s’exprimer dans un format long. En se promenant au Marché du Film on peut donc rencontrer de nombreux producteurs, des distributeurs ou des représentants  d’autres  festivals, et  il  s’organise  notamment  des programmations « commerciales » durant lesquelles sont présentés des films qui ne sont pas encore terminés.

En plus de toutes les bonnes surprises qu’il vous réserve, le Festival de Clermont-Ferrand reste à taille humaine et accessible : n’hésitez plus à aller y découvrir l’univers particulier du court-métrage.

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