CINÉMA

En faveur des femmes, le cinéma documentaire s’engage

Souvenez-vous, en octobre 2016, une proposition de loi en Pologne visait à rendre l’avortement illégal. Un fait loin d’être anecdotique et révélateur du long chemin à parcourir pour combattre l’oppression faite aux femmes.

Dans un contexte où la société fait parfois taire les minorités au lieu de les mettre en valeur, certains n’hésitent plus à s’engager dans la cause féministe. Le cinéma, pourtant habitué à un discours plus genré, prend aujourd’hui part dans le combat.

Le documentaire, parce qu’il donne l’accès à une réalité sans filtre et sans stylisation, permet ainsi de créer une proximité avec le spectateur.  Ces dernières années, nombreux sont les reportages à émerger et à questionner la place de la femme en offrant chacun une approche différente.

Tout commence par un constat. Miss Representation (2011) de Jennifer Siebel Newson dénonce la représentation caricaturale et simplifiée de la femme dans les médias . She’s Beautiful When She’s Angry (2014) de Mary Dore retrace l’activisme des années 1960 et montre que le corps de la femme a longtemps été perçu comme ne lui appartenant pas. Si ces deux reportages se focalisent sur les États-Unis, la discrimination est cependant universelle. En France, Féministes en Tout Genre (2016) de Béatrice Vernhes dresse le portrait de féministes et condamne un monde où la femme se doit de répondre à des critères précis d’attitude et de comportement. Ces films montrent tous à leur manière que la façon dont on appréhende et considère le genre féminin est réductrice et contraignante. Nous observons ainsi que la valeur de la femme est vue trop souvent via le prisme de l’apparence. Celle-ci s’accomplirait seulement à travers l’acceptation de l’homme.

Les pressions exercées sur les femmes sont à chaque fois énoncées explicitement et tout est mis en oeuvre pour illustrer le propos engagé. Les trois réalisatrices à travers une méthode presque scientifique apportent des preuves pour démontrer leur discours. Les témoignages de professionnel(-le)s, de militant(-e)s ou de personnes lambdas, présents dans chacun des documentaires, cherchent à créer une véritable mobilisation autour de la question et affirment quelque part que tout le monde devrait se sentir concerné. Ensuite c’est autant de chiffres (Miss Representation), d’images d’archives (She’s Beautiful When She’s Angry) qui nous font comprendre que le sexisme est quelque chose d’ancré dans la réalité et non pas un vague concept. Nous en revenons au documentaire qui, en comparaison avec la fiction, est le moyen privilégié pour décrire le réel.

Mais si  par le ton utilisé et l’axe suivi, ces travaux sont résolument en faveur de l’égalité homme/femme, l’implication de la réalisatrice reste floue. Si Jenifer Siebel Newson dans Miss Representation n’hésite pas à parler à la première personne et à révéler sa propre vision du sujet, la prise de position reste un peu plus timide en ce qui concerne les deux autres réalisatrices

En effet, comme en témoigne Féministes En Tout Genre, il est encore difficile aujourd’hui de se qualifier de  « féministe » un mot qu’on associe plus volontiers à une revendication violente et hystérique et à une haine envers les hommes. Et ce même pour les personnes qui refusent les injustices liées au genre.

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