CINÉMA

Iris : entre série B et thriller factice

Sorti le 2 novembre, Iris, le troisième film du comédien Jalil Lespert, réunissait plusieurs éléments de séduction. Avec une bande-annonce haletante, une bonne communication et un casting plutôt plaisant, Iris est en réalité une grande déception. Ce film prouve encore une fois que le cinéma français n’a pas produit de bon thriller depuis longtemps.

Iris annonçait un thriller érotique où se mêlent désir, tension érotique et suspense insupportable. Mais à l’écran, c’est un film classique et plat, digne d’un mauvais film de série B, qui s’offre au spectateur. Plat c’est d’ailleurs l’adjectif approprié pour le jeu du réalisateur Jalil Lespert. Il réussit à rendre mièvre un personnage névrosé pouvant être intéressant sur le papier.

Ce film raconte l’histoire de la disparition d’Iris, la femme d’un banquier, en plein milieu de la journée à Paris. Alors que son mari inquiet la fait rechercher, le spectateur se rend compte qu’elle a orchestré son kidnapping en payant Max, un garagiste fauché. Mais l’affaire va se compliquer.

Trois minutes fascinantes pour 1h30 de déception

Les toutes premières minutes semblaient pourtant annoncer l’ambition du film. Dans le garage du personnage joué par Romain Duris, la caméra se promène dans des endroits où on ne l’attendait pas jusqu’à se diriger vers le haut de la pièce et recevoir des gouttes de pluie. La séquence suivante, la caméra toujours en hauteur dans un restaurant chic replonge sur un couple interprété par Jalil Lespert et Charlotte Le Bon. Le décor était posé. Une mise en scène contrôlée qui est le seul point fort du film. Le réalisateur montre encore une fois dans ce film sa maîtrise de l’esthétique et de la photographie.

Mais ce n’est pas suffisant, passé ces premières minutes, le film tombe directement dans le mauvais feuilleton télévisé. Les clichés cinématographiques s’accumulent ainsi que les fausses notes dans le jeu des acteurs. Seul Romain Duris semble se démarquer mais uniquement par sa présence à l’écran, car il n’est pas non plus au maximum de ses talents de comédien. Ce qui dérange le plus, c’est vraiment le manque de profondeur des personnages qui, malgré leur profil et leurs actes, ne possèdent ni personnalité, ni complexité. Le spectateur se trouve alors face aux comédiens et non en phase avec les personnages incarnés.

L’incohérence du scénario

Pendant une trentaine de minutes, Iris tourne totalement en rond sans aucun rythme. Un élément perturbateur va mettre un peu de piment pendant quelques séquences avant de retomber dans un classicisme scénaristique bondé de conventions et de clichés. Jalil Lespert tente de créer un film policier à tiroirs. Mais à force de rajouter des éléments absurdes voire incohérents, le scénario s’emmêle et le spectateur perd le fil d’Ariane.

Le scénario d‘Iris est également parsemés de clichés sociaux plutôt choquants et beaucoup trop faciles à mettre en place, que ce soit celui du banquier bourgeois amateur de sensations sexuelles qui passe ses nuits dans un club chic ou le stéréotype du garagiste prolétaire interprété par Romain Duris. Les deux clichés antagonistes poussent au scandale dans ce film.

Un thriller-érotique, vraiment ?

Alors non forcément, personne ne devait s’attendre à un chef-d’oeuvre du genre pour le troisième film de Jalil Lespert. Non, il ne faut pas le comparer à Paul Verhoeven, ni à Hitchcock malgré l’inspiration, ni à quelques autres génies qui ont excellé dans ce domaine. Ici, Iris, manque cruellement de suspense et de tension. Les comédiens ne parviennent pas à faire ressortir le trouble que devrait faire ressentir l’histoire. Les scènes qui se veulent “érotiques” ne le sont pas vraiment car rien ne se dégage de ces personnages. Le fait de ne pas parvenir à montrer ces choses essentielles à l’écran, avorte complètement le film dès ses débuts.

Du côté de l’enquête policière, le duo de flics joué par Camille Cottin et Adel Bencherif aurait pu apporter un peu de matière. Mais pour cela, l’inutilité de leur liaison aurait pu être évitée. Le manque de réalisme de leur enquête est à la limite du dérisoire et c’est sans compter la fin absurde du film.

Seules la beauté des images et des photographies de la ville de Paris donnent une certaine ambiance. De désillusions en désillusions, Iris ne fait que prouver l’incapacité des cinéastes français à réaliser un bon thriller aujourd’hui. C’était déjà le cas il y a deux ans, avec la sortie d’ Un homme idéal de Yann Gozlan avec Pierre Niney et Ana Girardot. Sur le papier le film avait tout pour plaire, mais à l’écran il ne se passait rien et les poncifs s’accumulaient.

Pour ne pas désespérer, Iris est un remake du film japonais Chaos de Hideo Nakata qui donne envie de se plonger ou replonger dans l’original pour oublier cette pale copie.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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