En juillet 2015, Maze publiait un article présentant le candidat Donald Trump. Le titre était un jeu de mot assez douteux « Les Etats-Unis se Trumpr-ont-ils ? ». Hier, toute l’Amérique s’exclamait « It’s Happening ! » avec un ton enjoué ou une mine déconfite. Et oui, c’est arrivé. Donald Trump a été élu président des Etats-Unis. Stop aux larmoiements indignés, le temps du bilan est venu.
Sondages, analyses et manque de confiance
A quelques heures encore des résultats, le site Five Thirty Eight créé par le célèbre et respecté data journaliste Nate Silver, pronostiquait Hillary Clinton gagnante. Les sondages de CNN, NBC, ou du LA Times s’étaient également trompés. Comme les sondages lors du Brexit. Les partisans de Trump n’en étaient que plus convaincus ; les médias sont biaisés et ont menti pour essayer de faire gagner Clinton. Mais le peuple a parlé. Pourtant, certains avaient prédit cette victoire républicaine. Michael Moore expliquait en juillet dernier que les bassins industriels, l’Amérique rurale, à cause d’une frustration de « l’homme blanc » des classes moyennes et défavorisées, voteraient en bloc pour le magnat de l’immobilier. Il accusait les gens qui pariaient sur la victoire d’Hillary Clinton de refuser de voir la réalité en face. Ses paroles sonnent aujourd’hui terriblement juste…
Une fausse surprise
Si au tout début de la campagne la candidature de Trump semblait être une farce, il a fini par s’imposer comme le candidat républicain face à Clinton. Et s’il refusaient de croire en une victoire, la plupart des médias et commentateurs à travers le monde, avaient pourtant identifié les problèmes plus profonds qui ont poussé des millions de citoyens américains à voter pour Donald Trump. La polarisation politique s’accentue et concentre ainsi les choix possibles entre le camp républicain et le camp démocrate. Le compromis semble de moins en moins possible, et les deux camps sont imperméables. L’aspect économique est évidemment indéniable. Trump entend sauver l’industrie américaine, perdante de la globalisation. Il tient un discours anti-libre échange (qui rappelle parfois – tenez-vous bien – celui d’un certain Bernie Sanders) et nationaliste, qui séduit. Enfin les facteurs racial, social et de genre sont au coeur du vote. L’Amérique blanche en déclin au niveau démographique, et économique pour les classes ouvrières, vote Trump car il a promis de les protéger.
Réactions de la jeunesse
Les millenials soutenaient majoritairement Bernie Sanders, puis se sont ralliés à Hillary Clinton. Des études montrent que s’ils étaient les seuls votants, Hillary Clinton l’aurait emporté de façon écrasante… ce qui illustre une fracture générationnelle très importante. Alors quelles réactions ? Ils se disent « apeurés », « perdus », et cherchent à voir s’il n’y a pas moyen d’obtenir une autre nationalité « au cas où » – non sans humour. Heureusement qu’internet est là avec son lot de tweets et de memes qui réussissent à faire sourire les plus attristés d’entre eux.
« Now what ? »
« Il ne fera pas les trois quarts de ce qu’il dit » affirme une étudiante tentant d’en réconforter une autre. Le programme de Donald Trump est disséqué dans les médias et dans des discussions enflammées au sein des familles et des groupes d’amis américains. Les thèmes de son programme sont ceux que l’on a entendu pendant toute la campagne. Le protectionnisme économique avec augmentation des droits de douane, une baisse des impôts, la suppression de la couverture santé qu’Obama avait tenté d’installer et des grands travaux pour créer de l’emploi. L’immigration avec la construction d’un gigantesque mur séparant les Etats-Unis du Mexique, des tests de dépistage idéologique pour les immigrés. La politique étrangère, probablement un rapprochement avec la Russie et la promesse de dégommer Daesh. Là où l’inquiétude envahit les visages et qu’on ne parvient plus à relativiser, c’est quand on en vient à parler de l’environnement. « Trump va nous faire retourner des années en arrière » peut-on lire sur les réseaux sociaux. Et effectivement, l’homme d’affaires désormais président a une position très radicale. Climatosceptique, il attribue le réchauffement climatique à un complot chinois, entend annuler à peu près tous les accords auquel son pays a pris part, veut supprimer les dépenses pour les énergies renouvelables et même carrément l’Environmental Protection Agency (EPA).
Même pas peur ?
Un certain nombre de ses mesure ne sont pas réalisables. On dit souvent que le président des États-Unis est l’homme le plus puissant du monde. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Par populisme, Donald Trump a balancé beaucoup de propositions chocs. Le fameux mur ne sera sûrement pas construit pour des raisons techniques et financières. Trump ne réussira probablement pas à rapatrier toutes les usines américaines délocalisées. Le président devra également faire des compromis avec tous les autres acteurs du pouvoir. Aussi n’étant plus candidat mais chef d’Etat, pour les intérêts de son propre pays, the Donald devra se plier aux protocoles et calmer son tempérament. Mais la fracture qu’illustre l’élection du 45ème président des Etats Unis posera tôt ou tard des problèmes. Cette élection est également un symbole fort pour tous les pays du monde dont les yeux étaient rivés sur la course à la maison blanche.
Hillary Clinton a accepté sa défaite avec dignité. Barack Obama a appelé au rassemblement après que Donald Trump a également insisté sur le fait qu’il serait le président “de tous les américains”. Après ce résultat, l’avenir des Etats-Unis est donc encore flou au niveau national. L’impact des politiques que mènera Donald Trump sur le reste du monde est tout aussi incertain. Après une campagne riche en surprises et en émotion, c’est donc l’angoisse ou l’espoir de changement qui suivent cette élection historique.