LITTÉRATURE

Écrire pour retenir ce qui s’envole

Perdre un enfant est un drame dans la vie de parents. C’est ce que Sophie Daull a vécu en décembre 2013. Camille, sa fille de seize ans, est emportée par une fièvre mortelle la veille de noël. Un événement tragique dans une période qui devrait être heureuse et chaleureuse. Pour ne pas laisser s’envoler les souvenirs, Sophie Daull écrit à sa fille dans Camille, mon envolée, aux éditions Le Livre de Poche. 

« Je suis rentrée à Montreuil, chaton. Depuis hier. Je n’ai qu’une envie, c’est d’être avec papa et de continuer à écrire ce texte. D’être avec toi, donc. Écrire, c’est te prolonger. » Pour Sophie Daull, l’écriture est un besoin, un acte qui la relie à sa fille, décédée depuis peu. C’est le 9 janvier 2014 qu’elle commence à écrire, elle débute en relatant les quatre jours de fièvre mortelle. Ce calvaire beaucoup trop long pour sa fille, mais aussi pour elle qui ne peut rien faire. Démunie, elle appelle les médecins, assiste sa fille tant bien que mal. L’horreur se produit, au moment où elle est transférée à l’hôpital, Camille s’envole. L’auteure raconte les funérailles, la douleur, les hommages, et les jours suivants sans sa fille.

Un roman témoignage qui prend aux tripes dès les premières phrases

C’est par des phrases courtes, percutantes et sans détour que l’auteure témoigne. Loin du pathos auquel on s’attendrait pour le récit d’un tel sujet, Sophie Daull trouve les mots poétiques et lumineux pour rendre hommage à sa fille et pour nous faire partager la personnalité d’un être pétillant parti trop tôt. La beauté et la gaieté des phrases soulage le lecteur qui passe par beaucoup d’émotions : l’incompréhension de cette foudroyante fièvre, la colère parce que les solutions pour aider la jeune femme ne sont malheureusement pas trouvées, la joie par la personnalité joviale de Camille, l’attendrissement de cette famille soudée, la tristesse provoquée par une vie écourtée.
Ce qui est certain, c’est que ce récit qui alterne passé et présent ne laisse pas de marbre ! Le lecteur est immédiatement prit d’empathie pour cette famille. Il ne peut lire ce livre sans se poser des questions sur sa propre vie et son entourage, d’autant plus s’il est parent. Mais, d’une certaine manière, ce livre invite à profiter davantage des moments familiaux, de ses proches, parce qu’ils peuvent malheureusement partir soudainement…

« J’ai décidé que je n’irai au cimetière que les jours où le temps sera beau. Continuons, avant que tout ne s’évanouisse. Les particules fines de l’oubli envahissent déjà les détails. »

Sophie Daull dessine son caractère dans ce livre mais aussi la facette principale de la famille : étincelante, joyeuse. Elle choisit la vie, le côté ensoleillé d’une route nuageuse. Pour ne pas oublier Camille, elle raconte son quotidien, ses traits de caractère qu’elle veut absolument garder en tête. C’est grâce à cette personnalité lumineuse, que Sophie Daull rencontre le succès avec son livre. À travers l’obscurité du deuil, mais avec la beauté du souvenir et des mots, elle nous révèle la douleur qu’il faut accepter, cette pente qu’il faut remonter avec la tête haute.

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