SOCIÉTÉ

L’ONU fait sa rentrée

La 71e Assemblée Générale des Nations Unies s’est tenue du 19 au 26 Septembre à New York. Cette année, les enjeux sont importants et les objectifs multiples : réfugiés, Syrie, climat, et autres. Malheureusement, et malgré la gravité de la situation actuelle, tous n’ont pas été résolus de manière efficace.

En ce mois d’octobre 2016, l’Organisation des Nations Unies a bien des choses sur lesquelles réfléchir. Lors de l’Assemblée Générale du mois dernier, beaucoup de sujets ont été abordés, mais malheureusement, très peu ont été activement résolus. Si cette 71e session était placée sous le signe de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique, ont aussi été discutés des sujets comme la Syrie, ou encore la crise des réfugiés. En plus de cela, l’année 2016 est une année de renouvellement  pour l’ONU, puisqu’en décembre, Antonio Guterres succèdera à Ban Ki-Moon à la tête de l’Organisation.

Réchauffement climatique et Accord de Paris

La COP21 de l’année dernière a donné naissance à l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique. Celui-ci a été ratifié le 4 octobre par le Parlement Européen à Strasbourg, alors que le Secrétaire-Général Ban Ki-Moon y était en déplacement. En bref, cet accord vise à contenir les changements climatiques néfastes à l’environnement, et à garder le niveau de réchauffement de la planète en dessous de 2°C.

Une des conditions pour que cet accord entre en vigueur est qu’il soit ratifié par 55 pays, qui émettent ensemble 55 % des productions de CO2. Pour le moment, 62 pays ont ratifié le traité, mais ils ne représentent que 52 % des émissions de dioxyde de carbone. Cela ne saurait toutefois tarder.

Cet accord contient des mesures contraignantes pour les États, mais pas autant que son prédécesseur le protocole de Kyoto, qui a mis huit ans à entrer en vigueur, et finalement n’a jamais été respecté. Ces contraintes incluent par exemple la création d’une commission d’experts ayant pour rôle de vérifier que les données fournies par les États sur leurs performances environnementales soient correctes. Cela permettra d’éviter toute modification intentionnelle de ces données qui pourrait faire passer le pays pour plus vertueux qu’il ne l’est vraiment. Toutefois, il faut remarquer que si l’Accord de Paris est bien moins contraignant que le protocole de Kyoto, il sera donc plus facile à respecter.

La crise des réfugiés

Malheureusement, cet aspect de l’actualité a été éclipsé par la situation actuelle en Syrie, et tout ce qu’elle implique : les catastrophes humanitaires, la débâcle politique, et les tensions russo-américaines qui s’intensifient. Les États-membres se sont tous engagés à améliorer le sort des 25 millions de réfugiés dans le monde. Les 193 membres de l’ONU se sont mis d’accord sur une déclaration politique qui contient certaines mesures intéressantes mais non contraignantes ou même précises, comme un meilleur accueil des réfugiés, ou une aide aux pays débordés par les migrants. Le document qui a été adopté réitère les droits fondamentaux des migrants, garantit l’éducation des enfants dans les mois suivant leur arrivée, et la protection de toutes les populations.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas les pays les plus riches qui accueillent le plus de réfugiés. En effet, ils ne prennent en charge que 14 % d’entre eux, et les pays qui reçoivent le plus de migrants sont généralement des pays voisins du conflit en cours, comme la Jordanie. Si l’on garde cela en tête, il est alors facile pour les pays riches de répéter des promesses qu’ils ne s’engagent pas vraiment à respecter. En France, par exemple, les réfugiés et migrants vivent dans la “jungle” de Calais, et leur sont refusés leurs droits fondamentaux ; en Hongrie, pays d’extrême-droite, ils sont traités comme des animaux ; et au Danemark, on les prive de tous leurs biens de valeur afin de payer pour leur accueil.

Malgré l’ampleur de la situation actuelle des migrants, ainsi que la manière dont ceux-ci sont traités dans certains pays, il est dommage que l’Assemblée Générale n’ait pas pris plus de mesures nécessaires, et qu’elle se soit finalement contentée de promesses sans avenir. Toutefois, même si l’absence de résolution contraignante est en soit un problème, ce n’était que le premier rassemblement de ce nouveau sommet migratoire, et on ose espérer que les prochaines réunions seront plus fructueuses.

Etats-Unis, Syrie, Russie

Il n’y a pas seulement une guerre atroce en Syrie qui ravage des villes, des populations, des familles entières, puisque le pays est également la scène d’un conflit géopolitique mondial qui est loin d’être résolu. Les massacres perpétués par le régime syrien de Bachar Al-Assad, comme les bombardements d’hôpitaux ou de convois humanitaires, les attaques chimiques contre des civils, ont été qualifiés par Ban Ki-Moon de crimes contre l’humanité. Les États-Unis et la Russie s’affrontent également à coups de bombardements et de frappes qui parfois atterrissent au mauvais endroit, ou visent les mauvaises populations. Même si les deux pays étaient parvenus à négocier un cessez-le-feu le mois dernier, les forces sur place ont refusé d’obéir, ce qui a de toute évidence exacerbé les tensions entre eux ainsi que les frappes militaires.

À Alep, les combats n’ont jamais été aussi intenses, et aussi catastrophiques : chaque jour, nous voyons des images d’hôpitaux bombardés, d’enfants traumatisés et sortis des décombres, nous voyons des images de la Syrie en 2016 qui ressemble à l’Europe en 1945. Totalement détruite.

Malgré le caractère international et hautement grave de la situation en Syrie, les États-membres ne sont pas parvenus à un accord puisque les tensions russo-américaines sont trop importantes. Les États-Unis souhaiteraient stopper toute coopération avec la Fédération de Russie, puisque celle-ci soutient le régime de Bachar Al-Assad et continue ses bombardements en territoire syrien. La Russie n’est pas non plus ouvertes à la négociation, qui reste alors au point mort.

En conclusion, cette 71e session, à part pour la question climatique, n’aura pas réglé grand-chose. Aucune mesure contraignante, aucune solution avancée quant au conflit syrien, cela n’est pas exactement un bilan glorieux.

Toutefois, nous pouvons toujours espérer que l’arrivée en décembre de M. Antonio Guterres au poste de Secrétaire-Général redonne un nouveau souffle à l’ONU, un air de nouveauté, qui lui permettra peut-être de résoudre les conflits que M. Ban Ki-Moon n’aura pas eu le temps d’apaiser.

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