CINÉMA

Deauville 2016 – Infiltrator : un film d’ouverture pas vraiment à la hauteur

Infiltrator de Brad Furman inaugurait vendredi la 42è édition du Festival du cinéma américain de Deauville. Malgré un casting alléchant (Bryan Cranston et Diane Kruger) et une histoire inédite, le film ne se démarque en rien. Infiltrator est simplement un bon divertissement.

Ce film d’ouverture était pourtant plus que séduisant. Passé maître dans l’art du biopic après sa prestation dans Trumbo, Bryan Cranston interprète Robert Mazure, un agent fédéral américain qui a pour mission d’infiltrer le cartel de drogue de Pablo Escobar.  Un jeu dangereux où le personnage principal doit monter tout un dossier avec ses coéquipiers, une nouvelle identité, une fausse fiancée et un mariage pour conclure l’affaire. Robert Mazure n’a pas le droit à l’erreur. Cette histoire vraie américaine est peu connue mais possède tout les atouts pour intriguer le spectateur. Robert Mazure a réellement réussi dans les années 1980 à faire tomber une centaine de barons de la drogue et de banquiers corrompus.

Une belle introduction

Un générique en crypté nous introduit dans le film, comme une cassette vidéo qui nous ramènerait dans les années 1980 et la musique s’accorde parfaitement comme elle le fera tout au long du film. Le spectateur est directement immergé dans une salle de bowling très eighties où le personnage central est déjà sur une mission d’infiltration. Une belle manière de planter parfaitement le décor. Une belle scène d’ouverture qui va être gâtée par la suite des événements.

La caméra, véritable infiltrée

Le véritable atout du film c’est en fait la manière de filmer. La caméra mène la danse, se promène et surprend sans cesse le spectateur. On la retrouve au ras du sol, dans un coffre, en plongée.  C’est à se demander au final si elle n’est pas la vraie héroïne du film,  la réelle infiltrée. Brad Furman a choisi de miser sur les plans serrés et les gros plans sur une main, des pieds, sûrement un moyen de tenter de faire monter le suspens. Mais si les plans sont réussis, le suspens lui tarde à venir dans le film.

Un casting finalement bien en-dessous

Infiltrator est mou, ses acteurs aussi, et c’est ce qui lui porte préjudice. Bryan Cranston semble se laisser porter par les événements du scénario et interprète son personnage avec une mollesse exaspérante, et rare sont les scènes où on le voit un peu énervé. Quant à Diane Kruger, si ce rôle a pu la tenter, il n’est absolument pas à la hauteur de la comédienne, qui semble ici présente seulement pour une petite touche de glamour et des dialogues beaucoup trop plats. C’est sans parler des seconds rôles irréguliers pendant tout le film, ressemblent plus à des caricatures qu’à de véritables personnages.

Finalement, Infiltrator est un pur divertissement, c’est d’ailleurs ce que confirme le vrai Robert Mazure, présent incognito pour la projection du film et qui confiait à Allociné : “Le film a surtout pour but de divertir, donc le comparer à mon livre revient à comparer des pommes et des oranges, puisque mon livre cherche à raconter la vérité. Certains aspects du long métrage sont purement fictionnels et divertissants, et les scènes en question paraissent ainsi un peu surréalistes.”

Même s’il fonctionne bien dans son ensemble, Infiltrator est une grande déception pour l’ouverture du festival. En espérant que les films en compétition relèvent le niveau.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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