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Un été musical à Bruxelles

Lors du deuxième weekend d’août, Maze a continué son tour de Belgique et a fait escale dans la capitale du pays. Du 5 au 14 aout se déroulait le très célèbre BSF, comprenez Brussels Summer Festival. Ce festival est un monument de la culture belge. Dix jours complets de rock et de pop intensifs en plein milieu de la ville. Coupant la circulation au cœur de la ville pour laisser place à la musique, le BSF a dignement fêté ses quinze ans. Maze s’y est rendu du 12 au 14 pour avoir un aperçu de ce qu’est la folie belge.

 

Puisque les belges ne font jamais les choses à moitié, ce n’est pas un site mais bien trois qui ont été mobilisés. La Madeleine, le Mont des Arts et la Place des Palais ont accueilli plus de 115 000 festivaliers.

Le gros point fort du BSF est sans aucun doute le culot de la programmation. Le festival ose tout, et c’est ce que le public aime ; être toujours plus surpris chaque année. Quelques claques nous ont été données durant nos trois jours de présence.

Il y avait tout d’abord The K. Ce groupe d’alternative sobrement nommé et sommairement habillé (un caleçon en guise de seul vêtement) a giflé le public en début de soirée. C’est avec un immense plaisir que nous avons profité de leur maitrise du cri guttural et de la dérision. En se moquant gentiment de la scène alternative bruxelloise essentiellement représentée par Ghinzu et Vismets, The K a affirmé son désintérêt d’être connu, pourvu que leur liberté et leur talent restent intacts. Nous validons ce choix de vie assez punk mais appréciable.

Dans le même registre musical, c’est La Muerte qui a réuni le plus de fans de rock alternatif. La foule immense de connaisseurs a acclamé ce groupe dont on ne doit plus faire la réputation. Ils font partie de ces grands noms de la chanson qui se reforment après plusieurs années pour on ne sait quelle raison mais qui font du bien au public. Une toile de jute sur la tête et des guitares électrisantes, telle est la recette du succès de La Muerte. Il n’y avait pas plus dynamique que ces papys du rock sur toute la durée du festival. Ils ont tout simplement ravi la foule en interprétant leurs plus grands titres.

On saluera également les performances de musique électronique menées d’une main de maitre par The Shoes et Flavien Berger. Certes dans deux styles très différents. D’un coté The Shoes et leur musique surréaliste et bobo qui a fait danser des milliers de personnes sous le coucher de soleil. De l’autre le jeune Flavien Berger et ses étranges sonorités psychédéliques accompagnées par des paroles dignes des plus grands textes littéraires de Salut C’est Cool.

Pour clore la soirée du vendredi, c’est Louise Attaque qui est remonté sur scène. Ce groupe parisien est lui aussi atteint du syndrome de la reformation plusieurs années après la séparation. Mais encore une fois, pourquoi se soucier des raisons qui les ont poussés à retravailler ensemble quand le résultat est aussi flamboyant ? La maturité a donné à Louise Attaque un second souffle qui, on l’espère, ne sera jamais perdu. La cohésion avec le public, l’aisance scénique, l’humour, la joie de vivre, les tubes ; tout était réuni pour nous faire passer une excellente soirée. Leur concert a enregistré un record d’affluence, ils avaient manqué à leur public et l’inverse est tout aussi vrai à en croire le bonheur qu’ils affichaient.

De la journée du samedi, on retiendra surtout la bulle de douceur qui s’est formée autour de La Madeleine. La grande scène de la place des Palais étant prise d’assaut par un public juvénile venu acclamer Cœur de Pirate, Lost Frequenties et Louane. Nous nous sommes donc tourné vers cette salle de concert intimiste qui a accueilli en son sein les trois reines de la pudeur et de la légèreté. Chloë Nols du groupe Léonore, Rose et An Pierlé ont hypnotisé la salle. Léonore tout d’abord, avec leurs chansons paralysantes de beauté, Rose et sa voix légèrement cassée qui peut faire craquer quiconque la rencontre, et An Pierlé la joie de vivre flamande qui possède tous les talents d’une pianiste au bout de ses doigts.

Le dixième jour du BSF a clos en beauté le festival. Tous les concerts étaient réunis sur la même scène afin que la foule soit toujours plus grande et toujours plus motivée. On ne sait pas trop si les deux gars de Compact Disk Dummies étaient complètement avec nous, mais leur attitude folle et sensuelle à la fois ont donné le ton de la soirée. Il est très difficile de décrire leur musique. Elle est assez soft et électronique sur l’album, mais une fois projetée en live, elle a un tout autre rendu. On se sent comme happé par la guitare de ce jeune chanteur a la crinière sauvage et au déhanché inoubliable. Ils suivent les traces de School Is Cool, avec une pêche digne des grands rockeurs belges, tout en gardant leur nature séductrice et ténébreuse.

Deux figures du rock se sont ensuite succédés. Les belges The Sore Losers qui se font une réputation dans le milieu depuis sept ans maintenant, immédiatement suivis par les génies new-yorkais de Nada Surf. Deux styles très différents certes, quand l’un est plutôt garage, l’autre a une tendance à diminuer le nombre de solos de guitare pour être plus accessible. Mais ils n’en restent pas moins d’immenses noms du rock que l’on n’est pas prêts d’oublier et qui risquent de faire une très longue carrière. C’est tout ce qu’on leur souhaite, pourvu qu’ils continuent à ravir nos âmes de rockeurs.

Pour terminer le BSF, c’est Peter Doherty qui a pris les commandes de la Place des Palais. Durant les deux heures qui ont précédé son concert, tout le monde n’avait qu’une seule question à la bouche : « est-ce qu’il va venir ? ». Fort heureusement, il est venu, mais il a fait encore mieux : il a joué. On connaît la capacité de Pete à donner toute son âme comme si chaque concert était le dernier, et nous n’avons pas été déçu. En alternant ses titres et ceux des Libertines, un verre à la main, le britannique a ravi son public qui ne ratait pas une miette de sa prestation. Voir des milliers de personnes hurler à tue-tête toutes ses chansons était sans doute le moment le plus émouvant de notre week-end.

En bref, la quinzième édition du BSF était une franche réussite, du moins durant les trois jours auxquels nous avons pu prendre part aux festivités. Tout était réussi, de l’infrastructure impeccable en passant par l’organisation irréprochable et la programmation éclectique. Nous espérons être présent pour la seizième édition qui s’annonce d’ores et déjà éclatante, Bruxelles n’attend plus que nous.

 

 

 

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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