MUSIQUE

Avec Frapp Musiq, Zekwé poursuit son ascension

Après deux premiers projets révélant un talent certain pour la production et le rap, Zekwé a livré Frapp Musiq, troisième galette d’une carrière déjà riche.

Cover de Frapp Music - © Repeat Label

Cover de Frapp Music – © Repeat Label

Tel un Freezer, un Cell ou un Boo dans la série Dragon Ball Z, Zekwé a vécu plusieurs transformations depuis les années 2000. Ceci en gardant toujours la même base. Il a d’abord été producteur pour l’écurie Neochrome (label des Seth Gueko, AlKPote ou encore Joe Lucazz pour ne citer que les principaux porte-étendards) sous le nom de Kévin Ramos. Sous les conseils d’AlKPote et Katana, il a ensuite enfilé la casquette de rappeur sous le doux nom de Zekwé Ramos. Depuis, le rappeur de l’Essonne a quitté Neochrome, enlevé son patronyme de son nom de scène pour devenir tout simplement Zekwé et ainsi atteindre sa forme ultime.

Avec Seleçao, sorti en 2010, Zekwé Ramos proposait un projet plus que correct mais sur lequel l’influence du label Neochrome était encore un peu trop prononcée tant dans les prods que sur les lyrics. Mais déjà, on sentait que le Franco-Cap-Verdien disposait d’un potentiel ne demandant qu’à être exploité. Et c’est quatre ans plus tard que le rappeur d’Évry s’exécutait pour mettre tout le monde d’accord avec Seleçao 2.0. Depuis, il a quitté Neochrome et a pris son temps. Il nous a laissés retourner en long, en large et en travers son dernier projet. En livrant Frapp Musiq le 24 juin dernier, il a mis fin à deux années d’attente qu’il a passées à apparaître sur des projets comme ceux du Gouffre notamment.

Marginalité

Nous sommes en 2016, Dragon Ball Super nous fait regretter le Club Dorothée et rapologiquement parlant, la mode est à la Trap ou au cloud rap. Zekwé semble las de cette facilité (« Plus la force de mettre le rap game à niveau » (Animos) / « Oui oui ça sent l’Essonne pas besoin de pomper les mecs de Chicago » (Zombies)). C’est un créateur et c’est tout à fait normal qu’à chaque début de morceau, une douce voix nous annonce : « Ceci est bien de la Frappe Musique. C’est bien Zekwé qui a inventé cette merde géniale. » D’ailleurs, sur Toudanlkalm, il demande carrément au « rap FR de remercier [sa] génitrice ». Rien que ça.

Autre lassitude qu’il s’évertue à partager sur ses réseaux, le rap façon skyrock, toujours plus aseptisé. Depuis qu’il « (s’en) branle de percer » (Zombies), il pisse allègrement sur le faciès du Rap jeu comme il le dit sur Animos. « Fuck le rap game » ; « J’dégueule en allumant la radio / J’me rince la bouche au Diplomatico » ; « Plus la force de mettre le rap game à niveau ».

Self-made man

« Koidmieux qu’un Zekwé qui gère l’affaire ? » Depuis qu’il a quitté Neochrome, Zekwé ne cesse de le revendiquer : il préfère travailler seul. Le morceau inaugural Koidmieux annonce la couleur. Tout du long, Frapp Musiq transpire cette fierté. Il est « toujours à produire, consommer [sa] propre merde comme Jesse Pinkman’’ comme il le rappelle sur Chicken Wings, l’un des meilleurs morceaux de l’EP.

D’une manière plus générale, les productions sont actuelles et collent parfaitement au personnage qu’il s’est créé depuis six ans. Le tout donne un ensemble cohérent à l’œuvre et amène un peu de variété à ce qu’on peut entendre d’habitude. Il nous l’avait déjà démontré sur Seleçao 2.0, Zekwé sait s’adonner au chant. Il le prouve sur Princess ou la ré-édition de Premier Métro, deux morceaux à l’eau de rose.

En somme, Frapp Musiq n’augure que du bon pour la suite de Zekwé. Avec « toujours des phases en stock’’ (Chicken Wings) et à ce rythme-là, pas sûr que Son Gokû ou Son Gohan ne puisse l’arrêter.

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