MUSIQUE

Rencontre avec Club Cheval – « On fait pas mal de destruction créatrice »

Au mois de mars dernier, lors du festival Panoramas à Morlaix, nous étions partis à la rencontre de nombreux artistes. Le samedi soir, nous interviewions Club Cheval, un groupe de musique électronique originaire de Lille, composé de Myd, Panteros666, Sam Tiba et Canblaster. Leur nouvel album Discipline, qu’ils ont joué en live, est sorti le 4 mars. Rencontre.

Salut les gars, alors vous êtes dans quel état d’esprit avant d’envoyer du lourd ?

Euh bah on est un peu en pause là ! Avant l’excitation tout ça tout ça. On est chacun respectivement en décalage horaire. On a fait une nuit blanche car on a joué hier… Du coup on est en mode luminosité faible.

Et luminosité élevée ça va reprendre quand ?

Vers 23h je pense ! Souvent on est assez concentré avant le live. Là c’est l’étape café et après y’a d’autres étapes.

Là vous êtes à Panoramas, vous retrouvez quelques potes dans la programmation ?

Grave ouais, y’a Mr Oizo déjà, les Birdy, Madame, What So Not qu’on avait vu en Australie, Louisahhh… Y’en a plein en fait ! Et là c’est assez bien parce que c’est des gens qu’on a pas forcément l’habitude de voir. La prog elle est assez variée et précise donc c’est assez agréable. Nous on va faire la teuf après notre live.

Vous allez aller voir qui ?

Panteros666 : Moi en fait je me suis mis à donf dans la musique électronique quand j’avais vu un set d’Oliver Huntemann à Lille en 2009 ou 2010. C’est venu tardivement chez moi mais voilà… Alors je sais que maintenant il joue pas les mêmes trucs qu’avant. C’était un album qui était sorti sous Gigolo Records qui s’appelait Fieber. C’est énorme. T’écoutes ça aujourd’hui c’est trop bien, c’est hyper actuel vu que c’est un allemand, enfin vu que la techno allemande ça revient vachement à la mode. Du coup je suis très curieux de le voir.

Myd : Y’a Léon Vynehall qui joue après nous aussi qu’on a bien envie d’aller voir. On joue pleins de morceaux à lui en Dj set et là aller le voir en vrai, j’ai hâte de voir ce qu’il peut jouer.

Ça vous soûle de jouer en même temps que Mr Oizo ?

C’est normal c’est un festival… On joue toujours en face d’un ami !

Vous êtes sapés comme jamais. Votre esthétique est devenue assez importante. Comment se fait la symbiose entre la musique et les visuels ?

En fait c’est simple. On a voulu vraiment créer le groupe Club Cheval et pour ça, il faut un peu faire des sacrifices pour avancer. C’est un peu comme une réforme. Je dis pas c’est bien, c’est pas bien, on parle pas politique, on parle « Clubbing » (rires). En gros, avant on avait tous les premiers pas qui étaient le collectif : tous ces trucs là de toute façon ça vit partout sur internet que ce soit sur instagram, tumblr, facebook… Mais là on voulait vraiment créer le groupe Club Cheval et puis c’est notre joujou, on aime bien expérimenter un peu du coup on s’est dit on vide tout et on repart à zéro avec une identité de groupe qu’on a décidé. Avant on partait dans tous les sens, c’était tellement riche qu’il a fallu un peu désherber pour refoutre des petits légumes bien stylés.

Vous bossez avec quelqu’un ou c’est vous qui avez pensé tout ça ?

La plupart des réflexions c’est nous quatre. Personne ne nous impose rien. Aujourd’hui un groupe, c’est lui qui décide ce qu’il veut faire.

Internet a changé, comment vous pensez évoluer dans 5 ans, dans 10 ans ?

Internet ou pas, on fait de la musique. Si tu te concentres trop sur le reste et pas sur la musique, ta vie elle est un peu nulle si t’es musicien… (rires). Mais en tout cas, on évolue, c’est pas parce qu’aujourd’hui on est tous les quatre habillés en noir avec cette  esthétique particulière qu’on va la garder. Au contraire, on est hyper excités par la nouveauté et par le fait de créer de nouveaux trucs, d’aller de l’avant. Donc je pense que le Club Cheval, dans un an déjà, il aura beaucoup changé. C’est une de nos forces, d’être à quatre et de créer sans s’arrêter.

Justement, le fait de travailler en équipe, ça marche comment ? Au niveau de la création par exemple.

Panteros666 : On fait pas mal de destruction créatrice. Je sais pas si vous avez fait de l’économie ? Joseph Shumpeter ça vous dit rien ? En bref, c’est comme ça que marche l’innovation technique et technologique. En fait on détruit un peu le truc qui existe pour l’améliorer et au final on fait ça à quatre. C’est à dire que dès qu’on revient avec une démo, on va quand même tout remettre en cause et tout remodeler avec différentes idées. Par exemple, on va changer le tempo, la tonalité, l’humeur d’une chanson etc.

Myd : Pour faire simple, quand on commence un morceau c’est un de nous qui va venir avec une idée. Ça peut être une idée de style, de tempo, ou même une vraie démo commencée et en fait y’en a un autre qui va arriver et qui va ajouter quelque chose à cette idée. On va ajouter, ajouter… et puis on a tous un peu nos spécialités. Par exemple, Victor il va réussir à faire un truc en deux secondes, que moi j’aurais mis deux jours à faire. Genre je vais lui dire « j’avais cette idée là, ça te dit pas de tester ça ? », et pendant qu’il va le tester il va faire autre chose et c’est comme ça que les morceaux évoluent. Faut savoir que chaque morceau de Club Cheval est forcément touché par nous quatre. Y’a jamais un morceau de Club Cheval fait par une personne.

Panteros666 : Un morceau voit jamais le jour sans avoir vécu trente vies différentes.

Est-ce que vous auriez une anecdote de festival ? Voire la pire.

Panteros 666 : La pire ? Euh c’est des problèmes techniques. Moi ça me hante. C’était le tout premier live qu’on a fait avec Boiler Room au grand Palais. Le live était pas près mais on a du le faire quand même donc c’était comme faire voler un avion qui marche pas.

Myd : En fait pour faire simple, sur scène on ramène notre studio. Alors déjà brancher et rebrancher un studio ça prend mille ans et c’est hyper instable. C’est notre petit laboratoire, y’a n’importe quoi qui peut péter et là c’est ce qui s’est passé malheureusement. Mais heureusement, maintenant c’est plutôt stable.

Et sinon, autre que technique, vous avez pas quelque chose de plus croustillant ?

Panteros666 : Euh… C’est toujours compliqué comme question parce que tu te fais un peu comme une vidéo historique style facebook et choisir un souvenir c’est un peu injuste. Après, les bons souvenirs ils vont arriver vu que Club Cheval ça fait que le quinzième concert qu’on fait. Donc là on va dire que le plus beau souvenir quand même c’était quand on a joué à la Gaité Lyrique le mois dernier et c’était notre premier concert à quatre, avec le live, l’album qui était sorti. Et de voir les gens chanter les paroles et tout c’est émouvant. J’étais un peu comme Lorie genre « ah merci public c’est beau », alors qu’avant je jouais en DJ set. Tu vois que les gens kiffent ton dj set, ils dansent, ils s’amusent, ils crient mais là, le fait que les mecs chantent tes chansons et viennent te voir pour l’album ça fait un autre truc et c’est une sensation qu’on voulait retrouver et que t’as plus quand t’es seulement DJ.

Par rapport au concert, les liens que vous avez tissé avec le public, vous les préférez dans un night club, une petite salle ou un truc à audience réduite type Boiler Room ?

Myd : Notre live Boiler Room il était déjà dans une énorme salle, mais sinon notre live il est plutôt calibré pour un festival. Et on a bossé nos morceaux pour que ça envoie dans des lieux comme ici par exemple.

Panteros666 : On travaillera sur des versions plus intimistes. En fait, l’album est assez intimiste, c’est un peu de la musique d’avant minuit et là on a retravaillé toutes les chansons justement, un peu plutôt deux heures du mat’. Donc c’était ça qui était marrant aussi, de rajouter une énergie beaucoup plus dansante sur l’album qui était un peu plus doux.

Est-ce qu’il va vous arriver de faire des trucs un peu bizarres avec le public comme les Sexy Sushi qui lancent des baguettes de pain ou Salut c’est cool qui jettent des tapis ?

Non nous on est vraiment trop occupé à faire de la musique, et pas trop de la performance corporelle ou théâtrale. On a tous les quatre notre petite station pleine de synthés, de machines et compagnie donc on a vraiment beaucoup de taf. On est plus tous les quatre avec nos casques, c’est un peu plus scientifique que performeur. Ça n’empêche pas que notre mise en scène soit cool à voir et que c’est intéressant mais on avait plus envie de montrer ce qui se passe en studio et montrer la manière dont on fait de la musique plutôt que de faire un spectacle amusant.

Sinon, la Bretagne, ça vous gagne ?

(rires)

Si vous deviez vous reconvertir, en qui ce serait ?

Myd : Caricaturiste.

Panteros666 : Les ordres (rires). C’est pas la police, c’est les moines etc, c’est le clergé. Mais c’est un peu mille ans trop tard, en plus c’est un peu devenu tous des salauds. Mais bon, moine c’est bien, en plus j’ai une coupe de moine de toute façon (rires).

Myd : Ou alors moine brasseur de bières. Genre l’inventeur de la Hoegaarden.

21 ans. Passionnée de cinéma et étudiante en Audiovisuel. Rédactrice cinéma et musique à Maze.

You may also like

More in MUSIQUE