MUSIQUE

La musique électronique sous température polaire

Début janvier, pleine d’optimisme sur les températures à venir, pleine d’entrain et de bonne volonté face à l’hiver, les demandes d’accréditations sont envoyées à l’Igloofest… C’est parti pour un mois de plein air, de musique, de pull, de doudounes, de gants et d’écharpes. Eh oui… Bienvenu.e.s au festival le plus froid du monde !

En 2016, cela fait officiellement 10 ans que l’Igloofest officie à Montréal. Un festival en extérieur qui ne se démonte face à aucune température, même les plus négatives, et qui propose du jeudi 14 janvier au samedi 6 février, une programmation électro à faire saliver et qui fait déplacer des foules en plein cœur de l’hiver…

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Extatiques, euphoriques, le 14 janvier, les portes de la 10e édition s’ouvrent avec Bonobo. Première fois que ce fameux chemin est réemprunté : arrivée métro champ de mars, tunnel, passer l’hôtel de ville, descendre la place Jacques Cartier, pour enfin arriver sur les rives du Saint-Laurent, où la musique bat et transcende. Bonheur aussi de s’agglutiner avec un ensemble de personnes riant, autour de bras-zéro pour chauffer des chamallows et surtout ses extrémités quasiment gelées. Il faut quand même se l’avouer, un soir de janvier, il faut se réhabituer à cumuler les couches tel un oignon (comme dirait Shrek) et ne pas oublier ses affaires de ski. Malheureusement, malgré tant de précautions, le seul remède aux pieds en glaçon est… de danser, pardi ! Avec les rythmiques exotiques à base de percussions balancés par Bonobo, sans oublier ses “tubes” et sons son fameux Cirrus, on bouge de manière frénétique, et ce n’est pas pour nous déplaire.

Puis l’on regarde autour de nous, oui c’est ici que les prochaines fin de semaines vont se dérouler. Dans un environnement où il faut autant danser par plaisir que pour se réchauffer, où sauter au milieu de la foule est une norme, et où tout le monde continue de fêter, peu importe la période de l’année.

Oui, sous les lumières incandescentes, et les projections multiples, nous retournerons nous éclairer, et prendre notre dose de musique électrifiée. Minuit passé, nous prenons congé du party (prononcé parté) jusqu’au lendemain.

Le 15 janvier, nous retrouvons Paul Kalkbrenner. Avec lui, c’est toujours un peu la même rengaine : bonheur et musique en apesanteur, et ce, pour un 4ème rendez vous avec le monsieur  ! Bon faut s’avouer que c’est le premier qui n’est pas sur un festival d’été où il est simple de se laisser aller. Mais au son de Train, Azure, Cloud rider, Sky and Sand,  Feed your head, Square sans oublier Aaron, il redevient simple de lâcher prise. L’ambiance est malade et le lieu blindé. Il ne faut pourtant pas le nier, on a beau adorer Paul Ka, cette année il ne nous aura pas livré ses meilleures prestations, mais bon, on lui pardonne tout.

Quelques jours s’écoulent, où l’on récupère force, oreilles et détermination. Il en faut bien en ce 23 janvier, quand il faut pointer le bout de ses pieds dehors à un ressenti de -21. Mais surtout quand l’on apprend 4h avant que l’on fait une interview de nuit en anglais d’un grand de la techno et de la house.

Toujours autant étonnés face au monde fou qui est venu se presser devant la scène, on ne tarde pas à se mêler au flot d’habitués. Direction la petite scène (aka vidéotron) et la musique aux accents tropicaux de Pierre Kwenders bienvenue dans cet univers polaire où à défaut de sable, il nous reste les plages sonores pour rêver.

Plus loin, sur la scène Sapporo (la grande donc), Maceo Plex tient son public. avec sa house et sa techno, qui par essence use de beats répétitifs, auxquels sont ajoutés des instruments aux accents dansant. Dans ce monde énigmatique fait de fumée, de noirceur et de couleurs, le Vj du jour, Baya, nous happe. S’ensuit une rencontre suspendue, et des situations improbables, pour terminer cette nuit là en beauté.

Après un spectacle de danse, la Otra Orilla, la suite de ce 28 janvier nous paraît totalement surréaliste. Mr Oizo nous réserve un accueil des plus marquant de cette édition. Gesaffelstein en fond sonore, un monde plus épars (on est jeudi) mais plus investi, et de l’espace où sautiller, pourrait résumer simplement cette incroyable soirée. Pourtant, on ne peut omettre la violence et la force musicale délivrée, pour l’instant sans précédent, et qui n’est pas pour nous déplaire. S’y ajoute des visuels trippant et psychés condensant une pop culture 90’s à base de junk food, Pokémon et autres Simpson. Un lavage de cerveau dans les règles de l’art pour lequel Mr Oizo pourrait prétendre au titre de Ionesco de la musique électro. Lobotomisés et épuisés, en ce milieu de nuit tout fini par se mélanger, souris d’ordinateurs et chat mignons, Disney et dollars.

Puis le 29 janvier, jour tant attendu, Carl Craig nous offre sa venue, et pourtant là est la déception. Un show intello, ou un public peu réceptif, je ne sais trop… Dans tous les cas, pas la prestation la plus mémorable qui soit… Ce n’est pas bien grave, il faut bien des jours meilleurs et des moins bons pour savoir apprécier un festival dans son entièreté.

Vendredi 5 février. La fin est proche. Le début des Piknics approche. On savoure alors cette dernière de l’hiver pour nous. Tale Of Us se produit, ils sont un, et non deux. Ce qui n’a rien de surprenant. Malgré le manque du duo, seule, la moitié rend la soirée douce et agréable, histoire de saluer l’édition d’une bonne manière, la tête remplie de sets et l’envie de prendre un peu congé de l’extérieur avant les jours meilleurs.

Le 6 février,  malgré un choix difficile, face à un Brodinski apprécié, mais déjà vu, nos pas se tournent vers le Taverne Tour. Un autre festival qui coule aussi de belles nuits, cette semaine-ci. Fin de soirée au Matahari Loft avec des Dj québécois et français, qui nous ont fait danser et nous dire qu’à la prochaine année, on guettera la programmation de ce nouveau venu, égayant les tavernes de ce plateau Mont-Royal tant aimé.

En amour avec la diversité artistique, immergée dans les images et les sonorités, en quête d'une fameuse culture hybride, à la croisée des idées. Sur la route et sur les rails, entre la France et les festivals.

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