En cette fin d’année universitaire, la mobilisation contre la loi El Khomri continue, devant les syndicats, devant les partis, contre les annonces gouvernementales portant sur la jeunesse et l’accès au travail des étudiants. Quels objectifs poursuivent les opposants à la loi ? Pourquoi les réformes portant sur le travail cristallisent autant de tension ? Parce que la place du travail dans la société est un refuge pour les idéologies, à l’heure où tout tend à faire consensus, à s’organiser en synthèse. Cette place, cette importance accordée à la “valeur travail”, n’est pas nouvelle. Depuis l’industrialisation et le début de notre nouvelle mondialisation, c’est le déchirement qui prime entre celles et ceux qui dirigent et celles et ceux qui appliquent. En France, c’est aujourd’hui la rupture entre celles et ceux qui décident et ceux qui les élisent, ou ne veulent plus le faire.
Pendant des semaines, nous avons parcouru le monde du travail, nous avons rencontré les personnes qui le pensent, qui réfléchissent à de nouvelles formes, à la nouvelle place de ce qui fondait autrefois nos vies. Pendant que nous préparions ce dossier, le projet de loi a été annoncé, et la mobilisation a commencé, nous sommes aussi là pour voir les opportunités comme les limites qui sont les siennes.
C’est qu’il nous en a fallu du travail pour en arriver à ce cinquantième numéro, des couloirs des lycées aux banderoles des manifestations étudiantes, en passant par les concerts, le théâtre, le cinéma, par ce qui fait battre le cœur de notre société, non pas le travail, mais la culture.