MUSIQUE

Rencontre avec Adrien Soleiman – « Le live offre une liberté que j’aimerais développer »

Avec ses faux airs de chanteur de Foals et sa carrure impressionnante, Adrien Soleiman pourrait s’apparenter à un ours. Et pourtant, c’est tout l’inverse. A 31 ans, c’est l’élégance, la finesse et la légèreté que l’on retrouve dans la musique de ce saxophoniste de formation, grâce à un premier EP prometteur, Rue des Étoiles. Déjà remixé par Flavien Berger, et poussé par la critique, Adrien Soleiman reste réaliste. Nous l’avons rencontré.

Avant tout, peux-tu te présenter brièvement, et nous dire quel a été ton parcours jusqu’ici ?

J’ai 31 ans, je suis né à Paris et j’ai principalement grandi en banlieue parisienne. J’ai eu envie de commencer la musique grâce à mon père, et j’ai donc commencé le piano, puis le saxophone. J’ai eu la chance d’aborder cet instrument directement par le jazz, et j’ai vite compris que c’est ce que je voulais faire de ma vie. J’ai intégré plusieurs écoles, jusqu’au CNR de la Courneuve. Fraîchement diplômé j’ai reçu une bourse pour aller à Boston au Berklee College of Music, mais n’ayant pas mon bac je n’ai pas pu concrétiser ce projet. Pendant mes années d’études musicales j’ai rapidement commencé à jouer dans les clubs de jazz parisien puis a jouer avec des groupes de hip hop, de musique du monde, de pop et de rock alternatif, avec lesquels j’ai tournée un peu partout. En 2014, le groupe Beau Women avec lequel j’ai joué et dont je me suis occupé pendant six ans a pris fin. De là je me suis remis en question, j’avais envie de nouveauté il était temps pour moi de me concentrer sur ce que je voulais exprimer plus personnellement. c’est comme ça que je me suis mis a écrire des chansons.

Tu as sorti en juin 2015 ton premier EP, Rue des Étoiles. Quelle est l’histoire de ce disque ?

J’ai fait écouter mes chansons piano-voix a deux amis, Pierre et Richard qui ont trouvé ça très bien et qui m’ont encouragé. Je leur ai donc proposer de participer à ce projet avec moi. Pour enregistrer mes premiers morceaux, j’ai eu l’idée d’aller le faire dans ma maison de vacances à Binic, en Bretagne, pour me retrouver et mettre mes chansons en boite. Nous sommes partis avec le matériel pour une première session et ça s’est très bien passé. Rue Des Étoiles, c’est le nom de la rue où se situe ma maison, quelque chose de magique s’est passé dans cet endroit, et depuis nous partons systématiquement là-bas pour enregistrer.

Tu es saxophoniste de formation. Comment es-tu passé à la composition et au chant ?

J’ai toujours composé de la musique chez moi, puis davantage lors de mes études musicales où le travail de composition et d’arrangement fait partie du cursus. Je suis passé au chant de façon assez naturelle car je commençais de plus en plus a faire les chœurs dans les groupes dans lesquels je jouais. Pour moi la voix et le sax sont très proches, on parle d’extension de la voix, de lyrisme et du souffle. Je me suis pas trop posé de questions, j’ai fait ça comme je le sentais. Je connais plusieurs saxophonistes qui chantent désormais, comme Thomas De Pourquery le chanteur de VKNG ou encore Marielle Chatain qui accompagne The Do et Jeanne Added.

Est-ce que ta formation t’apporte une sensibilité, un regard particulier sur la musique que tu fais aujourd’hui ?

J’ai eu une formation très solide ce qui me permet de m’adapter a tous les styles musicaux et d’en déceler les codes. Évidemment si à 17 ans quand j’ai quitté le lycée pour faire du jazz, tu m’avais dit que je serai un jour chanteur de pop française je ne t’aurais pas cru, et le puriste que j’étais t’aurais envoyer balader ! Mais les choses évoluent et heureusement. Je m’épanouis dans ce que je fais aujourd’hui. J’ai senti comme un retour dans ma vie de toute la musique que mes parents écoutaient lorsque j’étais enfant. Je prends les choses comme elles viennent et je continue à côté à jouer avec d’autres gens dans des styles différents. Et qui sait peut être que dans dix ans je ferai encore autre chose…

On est clairement à la fois dans la chanson française, et dans l’électro. Ça a été naturel pour toi d’écrire et de chanter en français, à l’heure où c’est plutôt l’inverse ?

La question ne s’est pas posée. C’était une évidence pour moi d’écrire en français pour pouvoir m’exprimer sincèrement, sans filtre. J’ai plutôt l’impression que le français revient en force, et c’est selon moi un très bonne chose de garder et de cultiver cet héritage qu’est la chanson française sous toutes ses formes.

Pour t’avoir vu en concert aux Bars en Trans de Rennes, on a pu remarqué que même si le son est très électro, tu as des musiciens avec toi. C’était important de constituer un véritable groupe ?

 Oui, je viens du jazz et donc de cette manière de faire de la musique : le partage et l’échange. Sur scène, les deux amis avec qui je produis les morceaux sont à mes côtés, ainsi que mon frère Maxime à la basse. J’aimerais avoir encore plus de musiciens pour vraiment avoir un show live vivant et dynamique. Pour moi le live et la musique enregistrée sont deux métiers différents. Le live offre une liberté qui m’est chère, et que j’aimerais développer.

Quelles sont tes influences principales ?

Il y aurait trop de noms à donner ici ! Je vais essayer d’en sélectionner trois : John Coltrane, Alain Bashung et Metronomy. C’est très réducteur, vu la large palette de musique que j’écoute, mais il faut bien jouer le jeu de l’interview !

Aujourd’hui, quel groupe ou artiste se dégage vraiment selon toi ?

Les chanteurs Julien Gasc et Eddy Crampes sont très intéressants et proposent une musique intelligente et sensible, qui je l’espère parlera au plus grand nombre.

Ton titre Rue des Étoiles a eu le droit à un joli remix de Flavien Berger, qui conclut l’EP. Comment s’est faite la rencontre entre vous ?

Nous avons des amis en commun, et je l’ai tout simplement contacté en lui envoyant ce titre. Il a tout de suite accepté, je lui ai bien sûr laissé carte blanche, et il m’a fait ce superbe remix ambiant de 17 minutes qui occupe toute la face B de mon vinyle. Flavien est un véritable artiste multidisciplinaire, qui fait beaucoup de bien à la scène française.

Ton premier EP a été plutôt salué par la critique, à juste titre. À quand l’album ?

J’ai signé très récemment avec le label Tôt ou Tard (indépendant, où sont notamment signés Shaka Ponk, Vincent Delerm ou encore Odezenne, ndlr). L’album est prévu pour l’automne prochain. Je suis très heureux de cette nouvelle, et j’ai hâte de vous le faire découvrir.

Tu n’as pas encore fait beaucoup de scène en dehors de Paris. Tu as des concerts de prévus ? Des festivals cet été ?

Oui ça va venir, surtout après la sortie de l’album où une tournée suivra. Pour le moment je vais me concentrer sur cet enregistrement. Chaque chose en son temps.

Adrien Soleiman sera en première partie de WE ARE MATCH le 31 mars prochain à la Gaîté Lyrique de Paris.

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