SOCIÉTÉ

Les stades de l’EURO 2016 : un fardeau pour l’avenir ?

Dans moins de trois mois, la plus belle compétition européenne de football aura lieu sur notre territoire. Du 10 juin au 10 juillet, 24 équipes joueront l’EURO dans les 8 stades construits ou rénovés sous l’impulsion de l’Etat pour l’occasion. Entre difficultés de construction ou d’exploitation, et inutilité quotidienne pour les clubs français, ces enceintes modulables sont déjà de grosses usines à gaz pour les collectivités publiques.

Un plan de construction et de rénovation ambitieux

La France apprend qu’elle organisera le Championnat d’Europe des Nations à l’été 2016. Bonne nouvelle pour l’économie française et gros défi sportif et insfrastructurel pour l’Etat, les communes et les clubs français. Nombreux sont ceux qui veulent faire de cet événement un tremplin pour redonner vie à un championnat de seconde zone en Europe.

Jean-Pierre Louvel nous confiait au détour d’un entretien privé qu’il voyait la rénovation comme un problème pour les villes.

→ Cela pousse l’État, en accord avec les communautés territoriales et les clubs de football, a mettre en place un plan de rénovation et de construction des infrastructures pour accueillir les millions de spectateurs attendues pour l’été sur les sites. C’est un enjeu d’autant plus grand car c’est le premier EURO à 24 équipes. Une dizaine de sites et de stades sont visés par ce programme. De la simple rénovation de Stade comme à Toulouse ou à Saint Etienne, jusqu’à la construction complète comme à Bordeaux ou à Nice, en passant par la reconstruction partielle comme à Marseille, ce programme national coute la baguatelle de … Millions d’€.

→ Les investisseurs : peu de place pour les investisseurs privés dans ce système : le sport français est beaucoup moins un produit bankable pour les entreprises, comme le montre le faible nombre de naming pour les stades. Cela place donc au premier plan les collectivités locales, ayant déjà un budget restreint, et l’État, qui se doivent de répondre au défi de la rénovation infrastruturelle. Avec un lourd cahier des charges par la FIFA et l’UEFA, les stades doivent répondre à des problématiques intéressantes : une grande capacité d’accueil, une bonne qualité d’accueil, une sécurité renforcée et une capacité d’accès facilitée.

Une utilisation tendue pour l’EURO : entre état d’urgence et difficultés d’accès

Cependant, depuis l’attribution de la compétition à la France et aujourd’hui, les attentats de janvier et novembre change la donne pour les organisateurs. L’enjeu sécuritaire sera primordial pour le mois de compétition aux abords et à l’intérieur des stade. On imagine déjà une situation tendue dans des lieux où des dizaines de milliers de spectateurs se réuniront.

Le véritable facteur de mécontentement pour le grand public est l’accessibilité aux stades. Un véritable casse tête pour les supporters pour se rendre au Stade du Haillant et à l’Allianz Riviera, ou encore le Parc OL : la majorité des investissements ont concerné les infrastructures sportives mais pas les axes de communication.

Des travées vides en Ligue 1 ? Le manque de vision sur le long terme.

Que se passera t-il pour ces stades et l’investissement effectué dans ces grandes infrastructures ? La totalité des stades, hormis le Stade de France, est exploitée chaque saison par les clubs de football profesionnels, pour environ 20 matchs par année. Cependant, ces enceintes, déjà utilisée pour cette saison 2015-2016, semblent trop imposantes pour des clubs au potentiel spectateur limité. La situation est aussi difficile pour les gestionnaires de stades, que ce soit les villes qui confient la gestion à une entreprise privée ou pour les gestionnaires privés : les collectivités locales, qui veulent depuis plusieurs années se détacher de la gestion intégrale des stades, ont du répondre au défi demandé par l’organisation de la compétition. Même si les retombées seront importantes pour les territoires accueillant des rencontres du Championnat d’Europe, l’entretien et l’exploitation des stades semblent trop importants pour des villes qui subissent des baisses de subventions. Inversement à l’Allemagne avec la Coupe du Monde 2006, ou le Portugal avec l’Euro 2004, l’organisation d’une compétition majeure pour le monde du football ne semble pas être en capacité de redonner un nouveau souffle au sport français.

Qu’a t’il manqué aux acteurs de l’Euro pour faire de ce plan d’infrastructures un tremplin ? A vrai dire, comme un rappel de l’action politique de l’État français, le manque de long terme semble faire défaut. Le gros défaut et péché des organisateurs de l’EURO 2016 vient de la surestimation de la capacité des stades. La recherche absolue de l’aggrandissement de la capacité d’accueil des infrastructures sportives mène à la liquidation et à l’effondrement de l’âme du club au sein de son stade, les travées des tribunes semblent maintenant aussi vides que le spectacle technique dans le championnat de France. Même si les stades sont vides du fait de l’affaiblissement de la Ligue 1, la composante stade n’est pas étrangère au manque de compétitivité du football français. L’EURO 2016 semble être une chance manquée par tous les acteurs concernés pour redonner vie dans l’hexagone au sport le plus populaire, encore une…

Jeune étudiant caennais passionné par une musique éclectique (Foals, Muse, Hyphen Hyphen et autres Watsky), intéressé par un cinéma grand public, mais aussi avide de sports en tout genre.

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