SOCIÉTÉ

COP21 : plutôt vingt et une fois qu’une ?

195 pays représentés. Plus de 40 000 participants. 3000 journalistes accrédités. 170 millions d’euros dépensés. 100 millions d’euros rapportés à l’Ile de France, selon les organisateurs (Chiffre du Ministère des Affaires étrangères et du développement international). La COP21 s’est tenue à Paris du 30 novembre au 11 décembre, pour aboutir à un accord adopté à l’unanimité le 12 décembre. Un sommet inutile de plus ou le réveil des consciences ? Retour sur les enjeux, le déroulement et les espoirs liés à la COP21.

Une conférence préparée et attendue

La COP21 désigne la vingt et unième conférence mondiale sur le climat. COP vient de l’anglais « COnference of the Parties », conférence des partis, ces derniers étant l’Union Européenne et les 195 États ayant signé la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Son objectif principal était de mettre les parties d’accord afin non pas d’empêcher – c’est déjà trop tard –  mais de limiter l’augmentation des températures sur l’ensemble de l’espace terrestre. La CCNUCC a été rédigé en 1992 et est suivie par la première COP à Berlin en 1995. Depuis, il y en a une par an.

Le programme de la COP21 a commencé à être discuté bien plus tôt. En effet, le programme a été établi en 2011 à Durban, en Afrique du Sud. Lors de la conférence de Copenhague en 2009, les États s’étaient décidés à essayer de limiter le réchauffement climatique mondial à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, et ce, d’ici à 2100.

On prend les mêmes et on recommence ?

Tout ce vocabulaire et ces promesses semblent être du déjà-vu. Et il est vrai que l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre était déjà celui du protocole de Kyoto … en 1997 ! Mais il faut dire qu’à l’époque, les pays n’avaient pas joué le jeu : les États-Unis, la Chine ou encore le Canada, les plus gros pollueurs de la planète, n’avaient pas ratifié le protocole.

Un accord qui semble déjà manquer d’ambition

Le 12 décembre dernier, l’accord final a été adopté à l’unanimité. On peut se demander une fois de plus s’il sera pour autant respecté. Des dirigeants français et aussi étrangers se sont montrés particulièrement satisfaits et enthousiastes, François Hollande déclarant « c’est la plus belle et la plus pacifique des révolutions » ou encore Barack Obama qualifiant l’accord de « cadre durable dont le monde avait besoin pour résoudre la crise climatique ». Mais d’autres, comme le ministre indien de l’environnement Prakash Javadekar, se sont montrés plus sceptiques, ce dernier en déclarant que « les actions des pays développés sont bien en dessous de leurs responsabilités historiques ». Et en effet si cette conférence et l’accord peuvent d’ores et déjà être qualifiés d’historiques sur le plan politique, en pratique, tout cela est moins ambitieux qu’il n’y paraît.

Au lieu de contenir le réchauffement climatique à 2°C, les États se sont finalement mis d’accord pour tenter de le réduire à 1,5°C. L’accord est déjà qualifié d’insuffisant par une partie de la communauté scientifique, puisque selon les engagements qui y figurent, la température pourrait tout de même augmenter d’un peu moins de 3°C. Les mesures prises ne suffisent pas à contenir le réchauffement, et les questions des transports, de la tarification du carbone et des énergies fossiles ont été esquivées.  Jusqu’en 2020, les États du Nord transféreront 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud pour qu’ils soient en mesure de financer leur adaptation aux impacts du réchauffement climatique. Les États devront remettre des « contributions nationales » (objectifs précis et ligne de conduite pour chaque état) sur une base quinquennale. Les engagements exigés des pays sont différents ; les pays développés doivent donner l’exemple, exemple que les pays en voie de développement sont encouragés à suivre en contrepartie d’un soutien financier, tandis que les pays les moins avancés (PMA) sont libres de contribuer comme ils le peuvent. Dans les études portant sur les priorités des citoyens, la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas bien classée ; le danger semble lointain car les notions sont abstraites. Le citoyen lambda français a-t-il idée qu’il respire aujourd’hui 400 ppm (parties par million) de dioxyde de carbone dans les basses couches de l’atmosphère alors qu’il s’agissait de 270 ppm au XIXème siècle ?

Une progression de la prise de conscience et des raisons d’espérer

Depuis le protocole de Kyoto, un progrès est tout de même visible. Une quarantaine de pays disposent aujourd’hui de marchés de droits d’émissions négociables, c’est-à-dire de systèmes d’échanges de quotas d’émissions de CO2. Et même si une certaine peur du terme de « décroissance » ainsi qu’une tendance à la relégation des questions environnementale subsistent, la prise de conscience de l’opinion publique semble progresser. Les démarches citoyennes se multiplient, et l’on peut aujourd’hui se demander si la véritable prise de conscience et les agissements en conséquence ne devront pas d’abord avoir lieu au sein de la société avant que des actions politiques réellement efficaces et ambitieuses soient menées.

 

Secrétaire générale de la rédaction du magazine Maze. Provinciale provençale étudiante à Sciences Po Paris. Expatriée à la Missouri School of Journalism pour un an. astrig@maze.fr

You may also like

More in SOCIÉTÉ