CINÉMA

Dégradé : le bijou venu de Palestine

Tarzan et Arab Nasser, sont deux grands jeunes hommes qui font penser à Khal Drogo de Game Of Thrones… Si tu les croises dans la rue, l’idée que ces deux jumeaux sont des apprentis cinéastes de talents ne te vient pas à l’esprit une seule seconde.

©Frédéric STUCIN

 Arab et Tarzan Nasser ©Frédéric STUCIN

Mais c’est pourtant bien le cas, ces deux personnages hauts en couleurs et pétillants sont les réalisateurs et scénaristes de Dégradé, leur premier long métrage très remarqué à la semaine de la critique du festival de Cannes. Au Cinemed (festival du film méditerranéen de Montpellier, où il a remporté le prix jeune public et une mention spéciale du jury) les jumeaux se sont confiés quant à la genèse du film :

« J’étais avec ma mère sur Skype, j’entendais les bombes qui tombaient en dehors de chez elle, et elle faisait le ménage… Je lui ai demandé comment elle faisait pour faire le ménage alors que des bombes tombaient dehors. Elle m’a répondu : quitte à mourir, autant mourir en faisant quelque chose que j’aime. » C’est cette discussion qui leur a donné l’idée de Dégradé.

Dégradé c’est quoi ? Un lion a été volé au zoo de Gaza par un groupe de rebelles qui décide de prendre place devant le salon de coiffure de Christine. Le Hamas décide d’intervenir face à cette provocation du groupe rebelle.

Dans le salon de coiffure, treize femmes d’univers et de classes sociales complètement différents se regroupent pour prendre soin d’elles (coupe de cheveux, épilation…) Les affrontements qui se déroulent à l’extérieur vont nous bloquer dans ce salon avec un combo féminin explosif dans lequel nous pouvons retrouver une future mariée, une femme enceinte, une divorcée aigrie ( jouée par la talentueuse Hiam Abbass).

La talentueuse Hiam Abbass

La talentueuse Hiam Abbass – Le Pacte

La présence de cette chorale féminine de différents horizons dans ce salon va être un prétexte pour se quereller et nous faire mourir de rire, mais aussi, et surtout, l’occasion pour elles d’évoquer la difficulté d’être une femme en Palestine, les conditions de vie dans ce pays en guerre, les coupures d’électricités à longueur de journée qui rend le quotidien anxiogène.

Il y a dans ce film une vraie volonté de s’émanciper de ce qu’on pourrait attendre de cinéastes palestiniens en décidant de mettre en avant la vie, ou plutôt de la faire cohabiter avec la guerre, car cette émancipation n’aura qu’une seule limite, celle de la réalité. Une nouvelle image va être assignée aux personnes qui subissent ce conflit, loin de celle donnée par les médias. En ce posant une simple question : Que se passe-t-il réellement dans les maisons pendant que des bombes tombent dans la rue ? Et c’est donc avec virtuosité que les deux cinéastes vont nous ouvrir une fenêtre vers un nouveau cinéma palestinien qui filme la vie qui se cache au milieu cette guerre.

Dégradé, un film intelligent, d’une incroyable justesse, à voir absolument, sortie en salle le 10 février 2016.

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