LITTÉRATURE

Parc et Poésie

Paru en 2002, Park Life, de Yoshida Shuichi a reçu le prix Akutagawa pour sa finesse et son univers poétique original. Ce petit livre parfumé offre au lecteur une pause dans une vie pleine des tracas quotidiens.

La pause, c’est la parenthèse calme, l’instant paisible entre deux tempêtes. Et surtout, c’est le thème central de l’ouvrage : que fait-on lorsque l’on a quelques instants pour soi dans un parc ? Kondô, l’un des protagonistes résume les choses ainsi :

« Même si tu ne fais rien dans un parc, personne ne viendra te le reprocher. Au contraire, si tu veux faire quelque chose, comme du racolage ou un discours, on te chassera […] Aussi ne suis-je pas tombé amoureux du parc comme toi. Avec le caractère que j’ai, si quelqu’un me dit de ne rien faire, j’ai plutôt envie de faire quelque chose. »

Dans le parc de Hibiya, les passants vont et viennent, la nature change constamment, autant de prétextes aux divagations poétiques et à la remontée des souvenirs. Pour le personnage principal, c’est le souvenir d’un baiser ou d’une escapade à New York. Pour d’autres, c’est le moment de faire voler un aérostat, ou de boire un café. L’usage de l’écriture à la première personne offre ici au lecteur un accès direct aux pensées du personnage principal, mais cela permet également de découvrir le parc à travers ses yeux. Cet homme qui se sent comme saisi d’ « un vertige » lorsqu’il observe Hibiya. Cet homme pour qui le parc est un endroit si spécial.
Car le parc de Hibiya est aussi un lieu de rencontres hors du commun. Ces relations sont fugitives mais intenses. Chaque personne observe l’autre sans se parler… jusqu’au jour où un contact s’établit. Il y a l’homme à l’aérostat, la femme aux pigeons. Et évidemment cette femme rencontrée dans le métro, qui s’assoit sur un banc en hauteur, un café de chez Starbucks en main. Petit à petit le personnage principal et la « femme au Starba » s’apprivoisent. Les conversations partent dans tous les sens. Don d’organe, histoire d’amour, vie des passants, les sujets varient et participent de l’éclat du moment.
Ce livre est un intermède, une virgule, qui montre la vie telle qu’elle est à un instant donné. Étrange, simple, pleine de poésie. 115 pages de bonheur, qui rappellent les feel-good movies à la Woody Allen, les matins où le printemps daigne enfin montrer son nez, et le café de chez Starbucks.

A déguster !

Grande voyageuse (en devenir). Passionnée par la littérature et les langues étrangères. Dévoreuse de chocolat. Amoureuse éperdue de la vie et de la bonne bouffe. "Don't let the seeds stop you from enjoying the watermelon"

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