Parachuté sur les écrans de télévision début septembre, le visage de Myriam el Khomri se veut être celui de la modernité dans le gouvernement, impulsant avec les autres « jeunes hollandiens » un souffle de dynamisme au quinquennat. Elle remplace au pied levé François Rebsamen, qui s’en retourne sans grand coup d’éclat, à sa mairie dijonnaise. D’origine marocaine, notre nouvelle Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue social, déroge au traditionnel triptyque ENA-HEC-Sciences Po. Son ascension fulgurante, et longtemps cachée, dans l’organigramme du parti a précipité cette promotion, réclamée de toutes parts.
Myriam el Khomri s’est précédemment illustrée auprès du Secrétaire d’État chargée de la politique de la Ville. Elle a été adjointe au Maire de Paris pour des missions sociales, où elle s’est franchement engagée sur des terrains que d’autres auraient trouvé ragoûtants : « des toxicos, des enfants de l’ASE, des mineurs isolés étrangers, des pauvres, des délinquants »… Au cours d’interviews à valeur de présentation, elle a longuement insisté sur son expérience de terrain et son implication.
Elle n’a de cesse de démontrer son implication via son compte Twitter qu’elle alimente de déclarations : « Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Comptez sur ma combativité et ma détermination au service des Français », prouvant qu’elle saisit la profondeur du fossé qui se creuse entre politiciens et citoyens, ou encore « Je connais le mécanisme de la misère de tous les fracassés de la vie », consciente des réalités sociales.
En réalité, Myriam el Khomri a « tout bon » : elle est jeune, elle est « issue de la diversité » (expression si pauvre et si peu signifiante), elle est bosseuse, elle revendique la transparence, elle est mère de famille, elle a une vie tout à fait « normale »… Et c’est énervant pour certains.
Le Président Hollande l’a propulsée sur le devant de la scène, préférant sa capacité à communiquer à une maîtrise totale du droit du travail. C’est peu dire qu’elle va devoir le démontrer : à la fois pour imposer le rapport Combrexelle auprès des syndicats, ayant déjà pointé du doigt son manque de compétences, et pour s’imposer au sein même du gouvernement, pour garder le rapport Mettling (sur l’innovation numérique) dans son champ d’action, contre un Emmanuel Macron aux longues tentacules. Ce dernier prépare en effet une loi sur l’innovation dans le cadre des nouvelles technologies numériques, empiétant, comme à son habitude, sur les prérogatives d’autres ministres.