SOCIÉTÉ

Éclaboussures clintonniennes

C’est un scandale pour les républicains et une inquiétude décuplée pour les démocrates. Plus de trois ans après l’affaire Benghazi, ces attaques font toujours parler d’elles. Si quatre personnes ont perdu la vie suite à ces événements survenus en Libye, ces derniers constituent aujourd’hui ce qui pourrait bien bouleverser l’Histoire des États-Unis. En effet, à quelques mois des élections présidentielles américaines, une des candidates à l’investiture démocrate pour la Maison Blanche, Hillary Clinton, est placée au cœur de cette affaire dont les enquêtes sont encore en cours.

Retour sur l’affaire Benghazi. 

11 septembre 2012, date anniversaire des attentats du World Trade Center, l’ambassadeur américain en Libye, Chris Stevens, est assassiné lors des attaques contre le Consulat américain en Libye. Deux agents de la CIA et un employé diplomatique perdront aussi la vie lors de cet assaut anti-américain au consulat du pays en Libye. L’offensive se serait déroulée en deux temps selon les chargés de l’enquête ; la première aurait directement attaqué la représentation américaine et la seconde s’en serait prise aux forces spéciales.

Juste après l'attaque du Consulat, un homme brandit son arme - © AFP

Juste après l’attaque du Consulat, un homme brandit son arme – © AFP

Cependant, aucune certitude n’existe quant à cette affaire. Les circonstances de la mort des personnes qui ont péri le 11 septembre 2012 resteront obscures. Ce sont des milices non contrôlées par l’État libyen qui auraient causé ces troubles, plus précisément le groupe salafiste Ansar al-Charia. Bien évidemment, l’affaire ne s’est pas arrêtée aux frontières libyennes. Elle est effectivement associée à celle qui pourrait bien devenir la 45ème Présidente des États-Unis, si toutefois cette affaire ne l’en empêchait pas : il s’agit d’Hillary Clinton.

Hillary Clinton dans l’œil du cyclone

La question Benghazi n’est pas la seule maladresse commise par Hillary Clinton mais elle reste néanmoins l’une des plus marquantes. Il s’avère en effet qu’à l’époque des attaques, elle était secrétaire d’État des États-Unis. L’ex-première dame a finalement joué un rôle des plus fondamentaux ; un rôle qui l’amène aujourd’hui à devoir reconnaître un certain nombre de responsabilités. Et pour cause : le département d’État avait refusé quelques mois avant les offensives de « renforcer le personnel de sécurité » sur place, alors que plusieurs attentats avaient déjà fait trembler les murs du consulat américain. Ce n’est pas tout, puisqu’il subsiste un élément à éclaircir : pourquoi avoir fait croire à une manifestation qui aurait « dégénéré » ? C’est ce qu’avait déclaré l’administration Obama au lendemain des attaques. N’est-ce pas un moyen subtil pour les républicains de s’attirer les faveurs du peuple américain ?

Ces deux points, ce sont ceux qu’Hillary Clinton a été contrainte d’expliquer à la Commission d’Enquête chargée de l’affaire le 22 octobre dernier. Les courriers électroniques qu’elle avait envoyé quand elle dirigeait la diplomatie américaine l’ont placée dans une situation peu enviable d’instabilité avec les règles de sécurité du pays.
Ce qui a été révélé quand l’ancienne first lady a enfin livré son disque dur qu’elle utilisait en 2012 lui amène aujourd’hui pléthore de problèmes. Elle utilisait son compte de messagerie privée dans le cadre de ses fonctions, ce qui est interdit aux États-Unis pour les élus.

Clinton résiste aux onze heures de débats sur l'affaire Benghazi le 22 octobre dernier - © J.MARTIN/AP/SIPA

Clinton résiste aux onze heures de débats sur l’affaire Benghazi le 22 octobre dernier – © J.MARTIN/AP/SIPA

Crime 2.0

Le Federal Records Act fut effectivement voté pour qu’une copie de chaque mail soit conservée et disponible si quelqu’un veut le consulter, ce qui est rendu impossible par la transgression d’Hillary Clinton. De plus, le compte n’était pas assez protégé alors que dans le cadre de ses fonctions, elle reçoit des informations extrêmement confidentielles. Ainsi, elles auraient pu être victimes de piratage, élément que les républicains aiment particulièrement souligner !

Enfin, les mails examinés pour le moment contiennent des informations censées être secrètes. Une vérité difficile à encaisser pour une Hillary Clinton qui demeure dans le déni le plus total concernant certains points. À cette période de la course présidentielle, c’est comme si Hillary Clinton secouait fièrement une fiole de poison au-dessus d’elle. Le comble quand on apprend qu’elle domine pour le moment la course démocrate selon les sondages.

Tout est bon pour décrédibiliser Clinton dans sa marche vers la Maison Blanche – Caricature de Branco

Tout est bon pour décrédibiliser Clinton dans sa marche vers la Maison Blanche – Caricature de Branco

Clinton est dans la tourmente, avec le poids de cette affaire qui pèse sur elle, ce fardeau qu’elle est contrainte de traîner et d’assumer. Malgré son indifférence de surface quand Benghazi est évoqué, montrant « une vraie stature présidentielle » pour reprendre les termes de Carl Bernstein, les questions difficiles l’ont fait souffler quand les photographes n’avaient pas leurs objectifs braqués sur elle. Une femme décrédibilisée dans sa marche vers la Maison Blanche, comme l’avait été Obama pendant sa campagne présidentielle, en proie notamment aux remarques racistes et à des problèmes d’argent.

You may also like

More in SOCIÉTÉ