SOCIÉTÉ

Un accord de paix mort-né au Soudan du Sud

Ce mercredi 26 août, à Juba, un accord historique a été signé par le président sud-soudanais, Salva Kiir. L’obtention de cet accord, censé mettre fin à vingt mois de guerre qui ont ravagé le pays, s’est faite sous l’égide des médiateurs de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est (Igad), un groupement régional associant huit pays est-africains (Djibouti, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Somalie, Soudan, Soudan du Sud).

Source: les-crises.fr/le-genocide-du-darfour (c)

Source : les-crises.fr/le-genocide-du-darfour ©

Le Soudan du Sud est le plus jeune Etat du monde. Indépendant depuis juillet 2011 après trente ans de conflits contre Khartoum, le pays est retombé en guerre en décembre 2013 en raison de conflits internes dans l’armée sud-soudanaise. Ce combat s’est vu alimenté par des dissensions politico-ethniques dues d’une part à la rivalité entre Salva Kiir et Riek Machar (ancien vice-président), Dinkas et Nuers, les ethnies respectives de Salva Kiir et Riek Machar.  En effet, en juillet 2013, lorsque Riek Machar se déclare candidat à l’élection présidentielle de 2015, il se retrouve immédiatement limogé, de même que l’ensemble du gouvernement. En décembre, avec le soutien de nombreuses personnalités, notamment politiques, il dénonce publiquement “l’attitude dictatoriale” du président Kiir.

L’accord de Juba met fin à un conflit meurtrier dans le pays qui a fait des dizaines de milliers de morts et contraint 2.2 millions de Sud-Soudanais à s’exiler explique l’ONU. L’organisation a également émis des inquiétudes concernant la possibilité de développement d’une famine.

Une signature difficile

Salva Kiir // Source : umuseke.rw (c)

Salva Kiir // Source : umuseke.rw ©

Cet accord est historique. En effet, sa signature n’a pas été de tout repos puisqu’à peine une semaine avant sa signature, Salva Kiir avait demandé un délai avant d’accepter, dans le but de pouvoir consulter sa population, tandis que Riek Machar, chef de file des rebelles et ancien vice-président du pays, l’avait accepté à la mi-août.

Les raisons de cette hésitation portaient principalement sur les dispositions concernant la démilitarisation de Juba, l’importante représentation des rebelles dans le partage du pouvoir local dans l’Etat pétrolier du Haut-Nil et le fait que la direction de la Commission d’évaluation et de contrôle de l’accord soit confiée à des étrangers, comme l’explique l’AFP dans ce compte rendu du Monde du 25 août dernier. L’accord prévoit également la réintégration de Riek Machar au poste de premier vice-président. Un accord considéré comme une « capitulation » inacceptable pour le chef négociateur du gouvernement, Michael Makuei.

Un cessez-le-feu mort-né

Riek Machar // Source : france24.com

Riek Machar // Source : france24.com

La situation reste fragile dans le jeune état. Les atteintes commises par les forces gouvernementales contre le cessez-le-feu conclu mercredi menacent son existence et par conséquence, la paix fragile et à peine établie. Néanmois, cette violation n’est guère surprenante puisque plusieurs accord de paix – huit au total – ont déjà été conclus pour être finalement – tous – violés depuis le début des hostilités, en décembre 2013.

Les Etats-Unis, parrains de l’indépendance du Soudan du Sud, ont une nouvelle fois brandi mardi la menace de sanctions à l’ONU et le département d’Etat a condamné les derniers combats et les belligérants accusés de violer le cessez-le-feu en vigueur.

« Si rien n’est fait, cette guerre à connotation ethnique qui se déroule actuellement au Soudan du Sud, risque de devenir une guerre civile ; tous les ingrédients en sont réunis. En tout cas, cette guerre qui, au départ, faisait l’affaire du voisin immédiat, Omar El Béchir, est devenue un véritable casse-tête. Car, l’instabilité qu’elle a créée ne permet plus d’attendre une quelconque retombée financière du pétrole dont les gisements se trouvent au Soudan du Sud. » explique Dabadi Zoumbara sur le site Lepays.bf.

Attachée de presse de cinéma et blogueuse, je fais partie de l'équipe de Maze depuis plus de quatre ans maintenant. Le temps passe vite ! Je suis quelqu'un de très polyvalent: passionnée d'écriture ("j'écris donc je suis"), de cinéma (d'où mon métier), de photo (utile pour mon blog!), de littérature (vive la culture !) et de voyages (qui n'aime pas ça?). Mon site, www.minimaltrouble.com, parle de développement personnel, de productivité, de minimalisme mais aussi de culture :)

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