MUSIQUE

Rencontre avec Radio Elvis, un moment rock’n’roll

Radio Elvis est le trio de garçons (Pierre, Colin et Manu) à la musique planante et prenante avec, entremêlées des paroles de Pierre, qui a remporté le prix Félix-Leclerc 2015. C’est ce dernier que nous avons rencontré pendant les Francos, un peu avant leur concert.

Tu peux nous raconter un peu l’histoire du groupe ?

Ça a commencé tout seul, j’étais en guitare-voix à Paris, ça a duré deux trois ans, c’était une période de recherche pour moi. Après, Colin que je connais depuis un petit bout de temps, m’a rejoins il y a deux ans. Colin était en clavier-basse et boîte à rythme il ne faisait pas encore de batterie. Quelques mois plus tard, Manu est venu faire des prises basse. Et puis voilà, le projet lui a plu, moi je ne le connaissais pas mais Colin oui, on lui a proposé de rester dans le groupe.

Le nom du groupe, c’est un hommage ?

Pas du tout, c’est absurde, il n’y a aucune signification particulière, on trouvait juste que ça sonnait bien.

Tu peux nous expliquer pourquoi préférer la langue française ?

J’ai pas choisi, c’est naturel, j’écris en français, je parle français et pas forcément d’autres langues. On a tendance à écrire dans sa langue maternelle. Il y a aussi une volonté d’écriture : j’avais envie de mettre en musique et chanter mes textes. C’est pour ça que je chante en français. Ça n’a pas été une décision.

Quel est ton meilleur souvenir artistique ?

C’est compliqué… Quand on a enregistré le premier EP c’était super parce que on avait à peine les morceaux donc on a beaucoup créé de manière spontanée pendant deux trois jours. Colin s’est mis à la batterie, ça a donné Goliath, ce n’était pas prévu ! Moi j’étais en guitare-voix sur La Traversée, sans le clavier. Tout ça est venu un peu par hasard avec une énergie… ça a donné quelque chose d’heureux. On se laissait libre de tout et ça donnait de belles choses. C’était la première fois que j’arrivais à me lâcher, que je ne me prenais pas trop la tête. Je n’avais pas trop le syndrome de la postérité : même si en studio ça va rester tout le temps, je m’en foutais un peu, j’étais juste content de voir que ces morceaux étaient là. C’était assez agréable. Le deuxième c’était notre concert en aftershow de Dominique A, c’était super cool, on la rencontré et lui et tous ses musiciens sont restés, on était très honorés.

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Radio Elvis – © Aurèle Bossan – Maze Magazine

Par rapport à La traversée et Moissons, qu’est ce qui a évolué ?

Déjà on joue vraiment à trois parce que Manu est arrivé à la fin du premier pour faire des prises basses, sur Goliath ou Le Continent, je sais même plus. Le premier EP annonçait ce qu’on allait devenir, c’était notre acte de naissance, notre pierre fondatrice. Entre les deux il y a eu deux ans, une centaine de dates, on a appris à jouer ensemble. On a aussi signé dans un label, un tourneur… Tout s’est débloqué, même dans la production ça se ressent, on est allés à Bruxelles, on a confié le mix à quelqu’un d’autre. Après dans l’écriture c’est sensiblement la même chose, c’est du Radio Elvis, c’est mon écriture. Par contre, c’est une composition de groupe. La face B c’est un guitare-voix et la face A c’est Pyramide. La production est plus aboutie, ça ressemble plus à ce qu’on montre sur scène.

Où puises-tu ton inspiration ?

Rien en particulier. Pour moi l’inspiration c’est plus une réminiscence, des connexions qui se font dans le cerveau, des souvenirs reviennent, des impressions… C’est plutôt comment la déclencher qui est intéressant : la lecture, voir un film, se promener, écouter de la musique, rester calme… Se mettre dans de bonnes dispositions, se nourrir intellectuellement pour digérer et recracher les choses à sa manière… C’est ce qui m’intéresse, la vie intérieure au fond de chacun de nous. Le plus dur c’est s’écouter et après faire un travail d’exigence, ne pas hésiter à ne pas garder même si ça vient de soit, qu’on s’aime etc…

Qu’est ce qui vous a poussé à devenir artiste Chantier des Francos ?

On a postulé parce que c’est un tremplin en terme de visibilité mais on ne savait pas que ce serait une quantité de travail, de remise en question, on l’a découvert plus tard pendant les sessions du Chantier. Ça s’est inscrit dans une période où on commençait à être identifié par les pros pendant les tremplins et le Chantier s’est donc inscrit dans cette optique. Il nous a permis d’aller plus loin et de nous faire connaître un peu plus et de travailler l’approche de la scène, moi ma voix… On ne prend pas tout ce qu’ils donnent car ils ont leur vision des choses et nous la notre mais on fait le tri et on en retire des choses. Ça a libéré pas mal de choses. On a complètement changé notre approche de la scène,. Par exemple j’étais complètement statique, je bougeais de manière très maladroite, on m’a bien conseillé pour me libérer et quand je suis revenu plusieurs mois plus tard, on m’a reconseillé parce que je bougeais de manière trop déconstruire et c’est une chose qui perturbait l’écoute. C’est avec eux qu’on a trouvé notre disposition scénique. Ça a vraiment fait évolué le groupe.

Comment se passe la vie à trois en tournée ?

La vie à quatre avec notre ingénieur son ! À six  avec Julie et Patricia ! À sept avec notre manager !On frôle la dizaine, quinzaine de personnes sur notre projet, déjà que l’on avait beaucoup de discussion à trois, pour la moindre décision maintenant c’est quinze mails. C’est marrant, c’est cool, ça montre que les gens sont vraiment impliqués dans notre projet. Le projet nous appartient de moins en moins, c’est à la fois agréable et flippant. Le but c’est que nos chansons ne nous appartiennent plus pour appartenir au public, ce sera super quand ça arrivera. Donc on est quatre à vivre dans un petit camion, on part sur une tournée de dix sept jours, pas dix sept-dates. C’est pas toujours facile, tout le monde ne peut pas être de bonne humeur tout le temps mais on vit des choses qu’on avait envie de vivre donc on profite bien.

Allez, une question bonus : où vois tu le groupe dans dix ans ?

J’aimerai bien tourner États-Unis. Finalement, il y a peu d’artistes français qui arrivent vraiment à percer donc sans vraiment être un gros groupe international, on aimerait bien tourner sur les routes. Ils n’ont pas la même manière d’aborder la scène. On veut voir d’autres paysages, d’autres conditions techniques, ça nous plaît. C’est un peu le rêve américain.

Étudiante àSciences Po Lille.

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