Cette année encore, Maze était présent aux Francofolies de La Rochelle qui proposait une programmation assez hétéroclite étalée sur cinq jours. C’est donc à deux que nous avons couvert le festival, en espérant rappeler de bons souvenirs à ceux qui étaient présents et faire un petit résumé pour les absents.
Jour 1 – Vendredi 10 juillet
Le festival commence donc le soir du vendredi 10 juillet et pour l’ouverture, il n’y a pas eu de concerts en journée. La soirée commence donc avec le groupe Théodore Paul & Gabriel. Ce trio de rockeuses complices met l’ambiance et chauffe le public qui s’est massé près de la scène. La chanteuse donne tout avec sa belle voix rauque. Vient après le duo Angus & Julia Stone : doucement, ils posent leurs univers poétique lancinant. La sœur et le frère alternent duos et solos avec chacun une manière différente de vivre leur musique d’orfèvre en n’oubliant pas leurs titres phares comme Big Jet Plane. Le public est en transe, on regrette simplement que la chanson Grizzly Bear, issue de leur dernier album, n’aie pas fait partie du set.
C’est en troisième position qu’arrive Etienne Daho (à qui Julien Doré avait rendu hommage en revisitant La Notte l’année dernière) avec de nouvelles et de plus anciennes chansons. Autant on aime ses classiques (Week-end à Rome, Comme un boomerang, Dernier jour du reste de ta vie…) autant le set paraît long… Les jeux de lumière et la disposition scénique sont lourdes et quelques problèmes de son émaillent la prestation de Daho (malgré un déhanché qui restera dans les annales). Après cet artiste que l’on ne nomme plus apparaît enfin celle que l’on attendait : Christine and the Queens, accompagnée de ses danseurs. Les chansons s’enchaînent à une vitesse incroyable, avec entre chaque des interactions bienveillantes avec le public. Saint-Claude, Christine, Half Ladies, Paradis Perdus… Elles y sont toutes ! Les danseurs sont clairement une plus-value, les mouvements sont beaux, synchronisés avec la chanteuse et ses mots. Elle termine d’ailleurs le show avec son titre Nuit 17 à 52, au milieu de la foule captivée et de milliers de lumières brandies par elle, magique.
Jour 2 – Samedi 11 juillet
Fakear ouvre la soirée devant un public motivé et en pleine forme. Sa musique est hypnotique, lancinante, on ne peut s’empêcher de se mettre à bouger doucement puis de plus en plus. On aurait bien aimé que son set dure plus longtemps ! Naâman est apparemment très attendu : ses fans connaissent ses chansons et son énergie. Ce jeune artiste enchaîne ses titres dans une bonne humeur communicative et pour ceux qui ne connaissent pas, pas de panique ! Il suffit juste de se laisser porter comme lorsque tout le public retire son tee-shirt pour le faire tournoyer en l’air… Merci Naâman, grâce à toi on a fait le plein d’ondes positives !
The Do entame son set auprès d’un public survolté et pour une grande partie déjà acquis. Les titres sont électriques et la chanteuse Olivia Merilahti est une véritable boule d’énergie qui bouge, danse, chante sans pause. Quand Despair Hangover and Ecstasy se fait entendre, le public se met à danser. Ce samedi était aussi le jour de la fête à Chinese Man : qui dit fête, dit grosse ambiance ! Tout le crew est au rendez-vous en plus des deux DJ : l’ambiance est survoltée, électrique. L’atmosphère est différente de la veille, le public se déchaîne. La musique est top, les artistes se donnent à fond avec une scénographie est très soignée. Selah Sue (ou le groove à l’état pur) est aussi présente ce soir là. L’artiste belge est une des têtes d’affiche : sa voix soul accompagnée de ses musiciens et de ses choristes enchante les festivaliers. On peut ressentir beaucoup de nuances pendant son concert comme par exemple ces moments solo guitare-voix. Le public se déhanche sur les tubes de Selah Sue (Raggamuffin, Alone, Crazy World…) et apprécie les moments plus intimes. The Avener assure la fin de soirée, pour le plus grand plaisir des festivaliers qui résistent à la fatigue.
Jour 3 – Dimanche 12 juillet
Lior Shoov nous emmène dans son univers en moins de temps qu’il nous faut pour le dire : tout ce qui passe entre ses doigts (sac plastique, tubes en plastiques, cloches…) se transforme en musique sur laquelle elle calque ses mots. C’est un moment hors du temps que nous vivons, empreint de poésie et de délicatesse. La spontanéité a la place belle dans ce concert et Lior Shoov s’évertue à partager sa musicalité avec le public, conquis.
Baptiste W. Hamon, que nous avons pu rencontrer plus tôt dans la journée, tient ses promesses : un set mélancolique, puissant aux reflets folks et country. Ce jeune artiste est heureux de se produire devant son public, il appartient à la sélection du Chantier des Francos 2015.
Rose en première partie de soirée propose pour son retour un set doux, romantique mais malheureusement peut-être trop plat. On peut néanmoins souligner le beau duo proposé par l’artiste. Bien que Coeur de Pirate ne soit pas franchement ma tasse de thé, il faut reconnaître que la version live de ses titres est meilleure et plus énergique que ses versions studios. On sent chez elle une envie de bien faire, d’emmener le public dans son univers qui mêle le français à l’anglais. Alors que son set se termine, le public venu en masse pour l’artiste suivante trépigne. C’est le grand retour de Véronique Sanson et sa tournée américaine sur la grande scène des Francofolies. On peut sentir à quel point elle compte dans le cœur de ce public puisqu’il scande “Véro” sans discontinuer. Ses musiciens assurent le show (on sent l’expérience) avec des cuivres et les choristes. Véronique Sanson ouvre son cœur, discute, chante généreusement et laisse l’espace à son orchestre. On excusera le retard qu’a pris la soirée, on a eu l’impression de rencontrer notre troisième mamie. Arrive ensuite le lion. Julien Doré comme à son habitude propose un show de folie où il pioche parmi ses titres ceux qui sont le plus susceptibles de faire bouger le public à l’aide de chorégraphies endiablées (comme Kiss me forever, Chou Wasabi, On attendra l’hiver, Les corbeaux blancs...) qui est par ailleurs, déjà acquis (surtout les femmes qui hurlent son nom, avouons-le). Même si la magie opère, une petite pointe de nostalgie nous effleure à l’idée du concert intime que Julien avait donné après sa reprise de La Notte La Notte dans la salle de La Coursive : là, moins de pression quant à maintenir la foule dans une énergie de festival et donc plus d’espace pour la douceur (mais on t’adore quand même). C’est ensuite au doyen Hubert-Félix Thiéfaine de clôturer la soirée avec son rock sombre et magnétique.
Jour 4 – Lundi 13 juillet
Dimoné commence l’après-midi en jouant avant Vianney au théâtre Verdière de La Coursive. Son univers est bien défini et Dimoné manie la langue française. L’auteur-interprète est très énergique, investi et propose un set soigné malgré le petit manque de réaction des spectateurs.
Vianney a été une des grosses surprises du jour ! Nous qui nous attendions à un show peut-être un peu naïf, nous sommes plutôt agréablement surpris. Bien sûr, le thème de prédilection de l’artiste reste l’amour, mais cette proposition de guitare-voix avec un décor épuré est séduisante et l’harmonie avec le public qui est mis à contribution par Vianney fonctionne.
Fréro Delavega remue le public avec ses chansons, saute partout, danse, crie… On peut noter le don de soi du duo mais la proposition est le résultat d’un cocktail un peu simple (interprètes stylés, chansons qui bougent et/ou parlent d’amour, reprises de leurs titres chantés pendant The Voice). Pourtant il faut reconnaître que la version “ballon gonflable” du jump dans la foule était fraîche, que le public s’est amusé et que la reprise de P.I.M.P. rendait très bien. Le duo Brigitte enchaîne ses chansons à succès avec une parfaite synchronisation : dommage, nous on préférait les voir différentes mais complémentaires. Le public s’amuse, l’univers de Brigitte est séduisant et enjôleur. Arthur H arrive enfin sur scène et alterne titres électriques et chansons douces aux piano. La folie et l’exubérance est toujours au rendez-vous avec Arthur H (qui a une belle veste à ampoules et traverse la scène en caddie illuminé). Mention spéciale à Dancing with Madonna, qui a marqué mon adolescence. Merci Arthur. Florent Pagny ferme la soirée : bien que ses derniers albums ne soient pas vraiment à mon gout, il faut admettre que la voix du juré The Voice est impressionnante et occupe de manière magistrale l’espace. Il n’hésite pas à partager avec les festivaliers ses anciens titres à succès (Savoir aimer) comme ses nouveaux (Les murs porteurs).
Jour 5 – Mardi 14 juillet
Alors que la matinée commence juste, nous nous rendons dans la Chapelle Fromentin pour assister au concert acoustique de Radio Elvis, groupe chantier des Francos 2015. L’ambiance est intime, feutrée mais à la fois vibrante. Pierre au micro est habité, tremblant d’intensité. Les chansons de ce jeune trio résonnent dans une belle acoustique très minimaliste : le moment est bel et bien privilégié, et l’un des plus beaux moments de cette édition 2015.
If the kids, un groupe électro péchu, clôture les scènes d’après-midi du Village Francofou avec une attitude qui allie à la fois énergie et décontraction. On sent le plaisir du groupe de monter sur scène et arrive à réchauffer le public qui se rapproche des musiciens. Les musiques sont connues des spectateurs qui se prêtent au jeu de la chanson.
Pour ce jour de fête nationale, alors qu’une foule nombreuse se masse de bonne heures aux portes de la grande scène pour assister au live du combo Yannick Noah – Johnny Hallyday, nous préférons nous tourner vers le grand théâtre de la Coursive pour écouter le concert de deux artistes qui vont nous régaler. En premier arrive Ben Mazué et sa fraîcheur. Le fait que son concert suive un fil conducteur, comme une histoire, ajoute une plus-value : le public se sent impliqué dans un récit, et l’émotion est palpable (Vivant). Après une pause, c’est au tour de Stephan Eicher de monter sur scène : il a l’assurance de l’habitude et la poésie des débuts. Il sait comment parler à son public et lui faire plaisir. Pour cet artiste, rien de plus facile que d’emmener les personnes venues l’écouter dans son univers d’instruments de musique automates. L’ambiance est feutrée et douce avec un jeu de lumières chaleureux avec un humour vif au rendez-vous Pour nous, le suisse interprète ses tubes comme Déjeuner en Paix ou Pod’ami comme toi. Hommage est rendu à son compagnon artistique Philippe Djian. Un régal et un vrai coup de cœur pour ce géant à l’âme délicate : on a l’impression de rencontrer quelqu’un qui nous est familier.
Voilà, cette trente et unième édition des Francos est terminée : rendez-vous l’année prochaine !