SOCIÉTÉ

FIFA, la nouvelle série à scandale

Si on totalise d’emblée le « scandale de la FIFA » : 150 millions de dollars de rétro-commissions, des vieux millionnaires, 9 cadres de la FIFA et 5 dirigeants d’entreprises, 47 chefs d’inculpation, on n’est pas loin d’entrer dans le Guiness. Sans énumérer les patronymes de ces malheureux, tentons d’y voir plus clair.

Au centre, dans un milieu qui ne sait plus combien de zéros compte un milliard, se trouve Jack Warner. L’ex numéro 2 de la FIFA, et vieux président de la Concacaf (c’est-à-dire : Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes), a construit sa fortune en choisissant soigneusement les votants lors des attributions de Coupes du Monde. Ces généreux pots de vin – près de 10 millions de dollars de la part des Sud-Africains – étaient virés à l’Union Caribéenne de football, dont Warner était président. D’après l’Obs, ces virements étaient apparentés à un « don pour soutenir la diaspora africaine ». Qui aurait pu en douter ? Et autant pour le foot en Amérique du Nord et dans les Caraïbes ? Ces sommes conséquentes laissent présager le pire pour le royaume du ballon rond qu’est l’Europe… Épisode suivant.

Mais au fait, pourquoi les États Unis ?

C’est bien connu, l’oncle Sam et le ballon rond, ça fait deux. Cet imprudent le préférerait légèrement plus ovale. C’est en réalité un point juridique. Les arrangements à coups de millions se décidaient en majeure partie sur le territoire américain, à l’abri, grâce à des facilitations financières et bancaires que connaissent bien les trafiquants… en tout genre. L’implication de banques américaines a permis au ministère de la justice américain de faire arrêter les dirigeants de la FIFA et de demander leur extradition à la Suisse.

Et tout ça par la faute d’un seul homme. Un repenti. Une taupe ayant un temps savouré sa part du gâteau. Un corrompu au nom tout indiqué : Chuck Blazer. Même les scénaristes de Mafiosa et de Narcos n’auraient pas pu trouver mieux. Chuck a des remords de s’être fait arrosé avec quelques collègues. D’abord pour l’attribution d’onéreux droits de diffusion à Traffic et puis, pour les attributions des Coupes du Monde de 1998 et 2010. Wait wait wait, Chuck ! What did you say ?

Parce que là, ce n’est plus seulement les footeux du dimanche qui hurlent au scandale. L’Afrique du Sud, why not, mais la France ! L’année du sacre en plus ! Qu’on se rassure, seul le Maroc, également candidat à la réception, est directement mis en cause. Blazer a été invité au Maroc et a simplement assisté à la distribution d’un généreux pot de vin à l’un de ses confrères, Warner. Ensuite, il a été chargé d’assurer l’exécution du virement bancaire et la Coupe du Monde est passée sous le nez du Maroc. Tranquille. Mais pas d’inquiétudes côté français : on est clean. Millionnaire, Blazer a remis ça quatre ans plus tard et le Maroc s’est encore fait avoir, préféré à l’Afrique du Sud.

Warner, Blazer… Bon et Blatter ?

Au fur et à mesure que la justice américaine progressait dans son enquête, Sepp Blatter, président de la FIFA depuis 1998 et candidat – à 79ans – à sa propre succession, commençait à se dire que ça sentait le roussi. Réélu, il donne sa démission quatre jours plus tard, lorsque le Français (damn !) et secrétaire de la FIFA Jérôme Valcke est mis en cause. Son fidèle bras droit est en effet suspecté d’avoir versé 10 millions de dollars à un certain… Jack Warner. On est repartis pour une deuxième saison ! Professionnel du déni, Blatter justifiera sa démission au siège de la FIFA : « Même si un nouveau mandat m’a été confié, il semble que je ne sois pas soutenu par tous dans le monde du football, c’est pourquoi je vais convoquer un congrès extraordinaire et remettre mon mandat à disposition », d’après Le Monde. Le jeune retraité a trouvé une nouvelle occupation : pourrir la campagne de Michel Platini, selon les dernières révélations de l’Equipe.

Sport, politique et argent. Ce triptyque se répète tous les quatre ans et concerne aussi bien Coupes du Monde de Football que Jeux Olympiques. On sait, surtout après Sotchi, à quel point les évènements sportifs d’envergure mondiale sont utilisés par les gouvernants comme des vitrines de la réussite de leur pays. Quitte à ce soit factice. Sans parler des attributions sujettes à polémiques du Mondial à la Russie et au Qatar, on peut se rappeler les manifestations populaires brésiliennes et sud-africaines, s’indignant contre le peu de retombées économiques perceptibles. Un tel évènement entraîne certes des arrivées massives de capitaux mais ces investissements se concentrent à la fois temporairement et spatialement, tout en tournant le dos aux peuples.

Au-delà d’un aspect politisé, c’est une pure question d’argent, de liasses. Aujourd’hui première agence de marketing sportive nord-américaine, Traffic doit sa fortune à cette joyeuse bande. De même, le lien historique qui unit les champions brésiliens à Nike serait le fruit de considérations légèrement plus vénales qu’une passion commune. Tous les mythes du Football seraient-ils en train de s’effondrer ? Bien sûr que non, Platoche est totalement insensible à l’odeur de l’argent, tout le monde sait ça.

 

Sudiste exilée à Paris, Mazienne #fromthebeginning. Droguée à l'actu, le plus souvent par seringue radiophonique.

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