A l’occasion des Festivals Awards 2015, Art Sonic a été nominé dans deux catégories, celle du meilleur camping et celle du meilleur petit festival. De nombreux internautes se sont rassemblés pour récompenser le festival normand. Malheureusement, Art Sonic ne fait pas partie des lauréats. Maze vous explique pourquoi Art Sonic méritait amplement de remporter un award. Pour cela, nous vous proposons un retour sur la dernière édition, quelques jours après la sortie de l’aftermovie du festival.
Les 24 et 25 juillet 2015, Briouze, commune de Basse-Normandie, a tremblé pour la vingtième fois sous les pieds des festivaliers. 20 ans, un bel anniversaire que le festival Art Sonic n’a pas manqué de fêter dignement. Habitué aux programmations plus punk et reggae, pour cette édition ce sont les sonorités électroniques qui se font le plus entendre. C’est donc pour notre plus grand bonheur que Salut C’est Cool, The Avener, Jabberwocky, Thylacine, The Bloody Beetroots ou encore The Hacker se partagent l’affiche. Malgré ce changement important dans leur programmation, Art Sonic ne renie pas ses origines, le reggae est toujours présent avec Naâman et l’hypnotisante Hollie Cook. La scène punk ne disparaît pas non plus grâce à la présence des $heriff et de l’Opium du Peuple. Tête d’affiche de cette édition, on retrouve Shaka Ponk, le groupe français qui n’est sûrement plus à présenter. C’est probablement grâce à cette programmation que le festival a affiché pour la première fois Complet avec 18 000 festivaliers sur les deux jours.
Une montée en charge pour une année inoubliable
Une belle réussite, essentiellement construite par l’implication des 350 bénévoles dans l’organisation et la vie du festival. Pour ces deux jours de concert, c’est une véritable fourmilière qui s’active pour rendre à chacun la vie sur le festival plus facile et plus agréable. Les bénévoles ont su rester chaleureux et souriants de l’arrivée des festivaliers, jusqu’à leur départ. Une bonne humeur qui a d’ailleurs été constatée en backstage, autour d’un barbecue et de quelques bières, accompagnés des artistes. La famille Art Sonic a rempli son objectif, celui de promouvoir tout genre de musique autour d’un festival éco-responsable. Ce, il faut le préciser, peu importe les intempéries ! Pour cela un grand merci à eux. Art Sonic, complet, c’était une victoire amplement méritée.
Une programmation éclectique mais complémentaire
Impossible de ne pas retenir le concert de Naâman qui enflamma la foule avec un de ses titres phares, Skanking shoes, et ce malgré le froid et la pluie. La scène reggae française est alors parfaitement bien représentée à Briouze. Naâman confirme sa réputation en faisant de sa set-list une communion fêtarde et chaleureuse autour du reggae. On se retrouve embarqué dans la folie reggae, ce qui fait un bien fou ! Comme un passage de témoin, c’est Hollie Cook qui fera frémir à son tour les notes reggae de sa voix devant la foule normande. Mêlant douceur et puissance, la voix de la fille du batteur des Sex Pistols emporte vite le public dans une escapade pleine de chaleur, alors que la nuit tombe sur le festival. C’est notamment avec Milk & Honey, que la sensualité du reggae se fera sentir.
C’est une foule assez apaisée qui se dirigera ensuite vers la folie des $heriff. Groupe légendaire du punk français, ils ne manqueront pas à leur devoir en faisant sortir le public de leur torpeur à coup de guitare endiablée et de voix puissantes. Art Sonic prouve que malgré l’évolution de son festival vers un univers plus éclectique, le punk a toujours sa place sur la scène musicale française. Les festivaliers ont également eu la chance de profiter de la venue du duo tourangeau Chill Bump. Leur musique mêle hip-hop, trip-hop ainsi que le scratch, un combo qui fonctionne à merveille. Simples et naturels sur scène, ils ne cherchent pas à en faire too-much, et offrent leur musique brute. C’est notamment avec Just A Sample, Your Mother is a Pornstar ou Lost In The Sound que la foule se défoulera sur ces sonorités rap pendant presque une heure. Bankal et Miscellaneous sont décidément un de nos coups de cœur du festival. Leakin et Snip Snip, deux morceaux phares du groupe n’ont fait qu’amplifier l’état d’euphorie régnant sur le festival.
Place à The Avener, dont le tube Fade Out Lines a résonné tout l’été sur nos stations radios. Malgré cela le public d’Art Sonic se trouve déçu face à la prestation du jeune niçois, quitte à se montrer hargneux à huer l’artiste. Il est vrai que les platines de The Avener ont manqué de fonctionner à deux reprises, mais il semblerait que ce soit surtout le style ainsi que l’ambiance véhiculée qui ait déplu au public bas-normand.
Malgré tout, l’ambiance repart de plus belle dans une folie incontrôlable grâce au groupe de techno déjantée, Salut C’est Cool. Le public se déchaîne dans une ambiance entre la teuf et la fête de village pour ces “cyber-troubadours”. Sous une pluie de plus en plus froide, rien n’empêche le groupe parisien de faire bouger la foule grâce à leurs paroles délirantes. C’est alors sur La Purée, Merci Nature, Interdit de jouer au foot ou encore Salam Alaykoum (qui sera leur titre d’ouverture) que les jumps se font de plus en plus. L’apogée du concert reste sûrement Techno Toujours Pareil où la foule semble à son maximum. Présents aussi pour promouvoir leur dernier album Sur le thème des grandes découvertes, la chanson Les Fleurs donnera un air tout aussi psychédélique que bucolique au festival. La fin de la première journée sonne et Salut c’est Cool remercie le public pendant que l’on en aurait tous voulu juste une de plus.
Une organisation à la hauteur de l’événement
Il ne reste qu’à retourner sur le camping où la fête est loin d’être finie. Ce qui se ressent sur le trajet, la foule danse, chante, on sait déjà que la nuit sera longue ! Le camping reste dans l’esprit du festival, on s’y sent bien, on s’y sent intégré. Tous les voisins sympathisent et se respectent, ce qui n’est pas une chose présente dans tous les festivals français. Un nouveau bon point pour Art Sonic ! Le lendemain, le début des concerts se fait à 18h50, ce qui permet à tous les festivaliers de reprendre du poil de la bête avant de retourner dans la folie Art Sonic. C’est Two Bunnies in Love qui ouvre le bal, suivi de Gomina, Alb et Gaspart Royant. C’est ensuite Jabberwocky, le groupe français d’électro-pop, qui fera son entrée. Très attendu par la foule, le trio venu de Poitiers enflammera la foule avec ses beats aussi bien travaillés qu’hypnotisants.
C’est un public déjà bien chauffé qui accueillera le groupe mythique d’électro-rock français, Shaka Ponk. Fidèles à leur postes, les six monkeyz (sept, si on compte Goz !), lanceront vite le public dans des pogos bien rock. Leur entrée se fait sur BlackListed, de quoi annoncer directement comment va se dérouler leur concert, en folie. En adéquation avec leur concert en solo, Shaka Ponk fait profiter le public normand de ses animations sur écrans. Le côté geek est indéniable, les Shaka sont doués pour la musique aussi bien qu’avec leurs ordinateurs comme le prouve leur intro mêlant violoncelle et personnages proches de l’esprit Burton. C’est avec des chansons quasi toutes connues du public, comme My Name is Stain, Wanna Get Free ou Come On Cama que le groupe nous fera tous jumper pendant plus de deux heures. Frah nous offrira une courte reprise de Get Up Stand Up (à l’origine interprétée par Bob Marley), un moment reggae qui réjouira la foule et qui n’est pas sans rappeler les origines du festival. Moment impressionnant du concert, la battle de batterie entre Ion et les gorilles des albums Black Pixel Ape et White Pixel Ape ; un combat impressionnant marqué par des coups de cymbale endiablées et une grosse caisse résonnante sur tout le festival.
Nos jours heureux
Après avoir fait découvrir, ou re-découvrir, pour beaucoup d’entre nous, un peu de chacun de leurs albums, Shaka Ponk laisse place à Thylacine. L’artiste électro français fera redescendre en douceur la folie installée par les Shaka, armé de son saxophone. De son vrai nom, William Rezé, c’est un artiste montant de la scène électro française, peu connu du public de Briouze, il réussira cependant à l’emporter dans une ambiance plus calme. C’est ensuite The Bloody Beetroots, ou du moins la moitié des Bloody, qui mène son show à la perfection. Une musique électro-punk, frôlant parfois avec un style plus violent, déchaînera la foule, accompagnée de jeux de lumières « déconseillés aux épileptiques ». Bien que seul, l’homme masqué donnera de sa personne sur scène. Une prestation énergique qui colle à la renommée du groupe, qui a réussi, bien que le show soit emmené par un seul des membres, à faire un concert démentiel notamment grâce aux morceaux Warp1.9 ou Cornelius. Art Sonic marque un grand coup en amenant les Bloody sur leur scène. Leur show est indéniablement un des meilleurs qui ait eu lieu lors de cette édition. The Hacker clôtura le festival Art Sonic sur des sonorités techno. Caché derrière des sortes grilles, l’artiste emportera la foule sur de l’électro assez tourné vers le hardcore tout comme l’électro-pop. De nouveau, Art Sonic prouve sa diversité en terminant son festival avec un artiste prônant la variété dans le domaine de l’électro. Mais c’est également un moment d’émotion générale qui se fait ressentir, personne n’a envie de voir Art Sonic se finir et la cohésion de la foule se fait encore plus forte. Un instant beau et inoubliable.
Si vous voulez revivre l’ambiance colo de vos 10 ans, certes avec souvent moins d’innocence, bienvenue à Art Sonic ! Une politique d’accueil centrée sur le bon enfant et la simplicité, que ce soit pour les artistes comme les festivaliers, qui fait d’Art Sonic un festival aux allures de grande -très grande- réunion de famille. Côté camping, c’est une ambiance festive qui y règne pendant trois jours, notamment avec les pôles de jeux de société, les marchands, et surtout les festivaliers. Ici pas de jugement, mais plutôt de l’entraide et des invitations entre voisins de tente. Même les enfants y sont invités grâce à l’animation Kid Sonic qui a eu lieu le samedi après-midi, et où le groupe pour enfants Les Oreilles Rouges a fait découvrir aux plus petits l’ambiance d’un festival. Sur le site, on trouve deux scènes, simplement nommées A et B, mais aussi un stand merchandising, de quoi se restaurer, boire et les fameuses toilettes sèches ! En bref, Art Sonic respecte sa personnalité simple et familiale.
Depuis 1996, Art Sonic a bien grandi. De nombreux artistes y ont laissé leurs marques en 20 ans, et font désormais d’Art Sonic un festival qui prend de plus en plus d’ampleur en restant simple et modeste. Mais c’est surtout le type de festival où l’on aime se retrouver, où les valeurs présentes sont celles que l’on attend d’un festival. La cohésion sociale et la musique restent de vraies priorités. En espérant que la prochaine édition aura autant de succès, et qu’elle sera récompensée par un festival award. Du côté de Maze, c’est un grand bravo pour cette édition et nous avons hâte de retrouver la folie Art Sonic.