MUSIQUE

Rencontre avec Lewis Evans

Leader des Lankies, Lewis Evans a lancé il y a plusieurs mois sa carrière solo, distillant une pop mélancolique et romantique qu’il puise au cœur des sixties. Pour les 15 ans du festival Papillons de Nuit, ce liverpuldien qui a grandi à Saint-Lô a mis en place un projet monté en partenariat avec le Normandy (SMAC de Saint-Lô), une chorale du collège de Brécey dans le Sud-Manche et cinquante musiciens de l’Harmonie du Cap Lihou de Granville. À l’occasion de la 15ème édition des Papillons de Nuit, nous avons rencontré Lewis Evans afin de parler de ce projet inédit, de sa carrière solo mais aussi des Lanskies. 

Peux-tu nous présenter le projet que tu as monté avec le Normandy pour les Papillons de Nuit ?

Il y a un an, j’ai eu un appel de Nicolas D’Aprigny, le directeur et programmateur du Normandy. Il m’a proposé de faire un concert avec un orchestre et une chorale. J’étais totalement emballé, je me suis dit que ça serait vraiment génial. Ensuite, deux mois plus tard, il m’a donc parlé d’un orchestre qui s’appelle le Cap de Lihou et d’une chorale de collégiens. Il m’a demandé si ça me disait vraiment de m’investir dedans. À ce moment-là, j’ai eu un peu les boules d’aller travailler avec un orchestre parce que je ne sais pas du tout lire la musique, ni écrire, je connais juste cinq accords. Mais, finalement, ça a bien marché et je suis hyper content d’avoir fait cette expérience. C’était un peu dur à mettre en place, mais c’était super !

Comment s’est passé le travail avec la chorale et les enfants ?

J’ai fait huit interventions dans le collège de Brecey pour les motiver à chanter, il n’y avait que des filles. On voulait des garçons, mais il n’y en avait pas. Au final je suis content comme ça les garçons me haïssent un peu (rires). On a fait une résidence de trois jours au Normandy à Saint-Lô, une hier, et voilà. Ça s’est fait comme ça, comme une répétition de rock’n’roll. Au début, les collégiennes chantaient tout bas et là maintenant, elles se lâchent. Je suis vraiment fière d’elles et très content.

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Photo : Marie-Madeleine REMOLEUR

Pourquoi avoir choisi de te lancer en solo alors que tout se passait bien avec ton groupe The Lanskies ?

À l’époque où le guitariste Marc a quitté le groupe et que l’on était en train de défendre l’album Hot Waves, j’avais beaucoup de chansons à moi que j’avais fait pendant des années tout seul dans ma chambre. Je me suis dit qu’il était vraiment temps que je pense à défendre ces chansons-là. C’était tellement un autre monde que les Lanskies que je n’arrivais pas à leur vendre ces chansons. On était tous fatigués, on venait de faire dix ans de tournées non-stop et tout le monde voulait faire une pause. Comme j’suis hyperactif je ne voulais pas juste faire une pause sans rien faire et je me suis dit que c’était le moment pour lancer ma carrière solo. J’ai pensé monter un groupe à un moment donné… mais monter un groupe après les Lanskies où il y avait une ambiance très fraternelle, ça aurait peut-être tué les Lanskies.

Les Lanskies ne sont donc qu’en pause ?

Oui, en pause. Je vais sortir mon album puis on va se revoir en juin. On va se parler et réfléchir à ce que l’on veut faire dans le futur. Ce n’est pas la fin des Lanskies, je pense que l’on a surtout besoin d’un petit moment pour retrouver une musique qui reflète vraiment les Lanskies, revenir vers quelque chose de plus punk et de moins pop.

Concernant ton premier album, on y retrouve deux featurings avec Keren Ann et Gaëtan Roussel. Comment ça s’est passé ?

J’ai joué aux Trois Baudets et Gaëtan Roussel était dans le public. Je ne le connaissais pas du tout (ni Louise Attaque). Il m’a vu chanter et il a adoré le projet. Il est venu me voir après pour savoir si je voulais écrire des titres avec lui, que l’on fasse de la musique ensemble. J’étais totalement partant. Il est venu en studio pour enregistrer et on a fait un duo ensemble. Keren Ann, ça s’est passé assez pareil. Elle aimait bien la musique que je faisais et elle m’a proposé de faire de la musique ensemble. J’ai eu quatre mois de folie, je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est cool maintenant je rentre un peu dans la variété qui me fait vraiment marrer, mais en même temps plaisir parce que je n’aurais jamais pu penser pouvoir rentrer dans ce monde-là, les Francofolies, ce genre de chose. J’ai réussi à avoir accès et en fait ça me fait plaisir. Il y a un côté qui te légitime une carrière, ça fait quand même 15 ans que je fais de la musique, je suis intermittent seulement depuis un an.

Tu as grandi à Saint-Lô où il y avait une belle scène alternative. Quel est ton point de vue sur la scène musicale saint-loise actuelle ?

J’ai toujours suivi les scènes un peu de loin. Maintenant malheureusement je sers plus d’exemple que je ne suis ce qu’il s’y passe. J’espère qu’il y a des groupes qui vont se former, mais j’espère aussi qu’ils ne vont pas vouloir faire comme la musique que je fais. Je sais qu’il y a une énorme scène de métal et de hardcore à Saint-Lô, j’espère que ça va sortir du lot. Ce que je conseille juste aux groupes qui se forment c’est d’aller voir le Normandy pour qu’ils puissent faire des premières parties et ce genre de chose. Il faut vraiment bouger son cul aujourd’hui dans la musique. Je m’en fous un peu d’avoir une scène saint-loise, l’essentiel c’est d’avoir de la musique qui serve aussi pour la salle, pour garder le Normandy. C’est vraiment cette salle-là qui m’a influencé ; c’était d’aller boire quelques bières dans une salle et regarder les groupes défiler.

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