MUSIQUE

La Chinerie : communauté de partage musical de qualité

La Chinerie, au départ, c’est deux Lyonnais passionnés de musique underground, plus particulièrement de house. Désireux de monter une petite communauté d’amateurs, ils ont commencé par créer un groupe Facebook, les Chineurs de House.

Le principe est simple : il s’agit de s’échanger des « pépites », c’est-à-dire des morceaux sympas et peu connus. C’est ce que l’on appelle le « social digging ». Les membres du groupe chinent donc parmi les vinyles et les profondeurs de Youtube à la recherche de perles musicales puis les publient. Ensuite, les grands manitous du groupe, garants de la qualité des posts, filtrent encore les morceaux proposés afin de ne garder que le meilleur.

Ces jurys omnipotents et démiurgiques, ce sont Quentin et G’Boï (qui s’appelle en réalité Anthony mais c’est moins cool). Fondateurs du label Denise Records, ils ont créé Chineurs de House en septembre dernier sans trop savoir à quoi s’attendre. Le projet a alors pris une ampleur considérable et CDH, comme ils se plaisent à l’appeler, compte aujourd’hui plus de 9 000 membres. Au vu de ce succès et à la demande des « chineurs » s’en est suivie la création de deux autres groupes voués à des styles musicaux différents : Chineurs de Techno et Chineurs de Rap, qui fonctionnent selon le même système. Enfin, ils ont créé une page, La Chinerie, sur laquelle ils publient quotidiennement les pépites du jour.

Logo la Chinerie

Droits réservés – La Chinerie

Quentin et G’Boï s’adonnent désormais entièrement à l’animation des groupes en organisant des concours de sons afin de promouvoir les nouveaux talents des membres durant les Producer Days, ou encore des journées à thème comme l’Acid Monday. Certains disquaires ont même installé un bac dans leur magasin regroupant une « Sélection La Chinerie »  ! Les créateurs ont du recruter d’autres administrateurs pour les aider à filtrer les morceaux postés. Ambitieuse, La Chinerie a également voulu dépasser la barrière du web en organisant des évènements certifiés Chineurs à Lyon et à Paris. Et l’ambiance s’y est avérée être sympa !

Si je suis étonnée, c’est que, comme vous l’avez sans doute ressenti, les chineurs sont des puristes de compet’. Il est clair que la page rejette le mainstream comme la peste, et c’est une véritable course à qui postera le track ayant le moins de vues sur YouTube. En fait, leur dessein est la découverte de morceaux restés dans l’ombre ou à peine sortis ; même les grands classiques ne sont pas vraiment à leur place. Et cet univers élitiste peut vite devenir agaçant. Oui, les puristes ont souvent tendance à être méprisants voire exécrables, notamment à l’ère de l’engouement pour l’underground qui ne laisse guère de place aux novices pourtant pleins d’enthousiasme.

Quentin affirme cependant le caractère éminemment bon enfant du projet. Tous les administrateurs de La Chinerie tiennent absolument à garder une bonne ambiance au sein des groupes, et c’est avec un humour ravageur qu’ils tentent d’y parvenir. Notons par exemple l’inscription emplie d’autodérision sur l’affiche d’une des soirées : « Stan Smith tolérées mais pas conseillées ». Il faut dire que les Reebok, c’est quand même vachement plus in en 2015.

En réalité, c’est sûrement parce que la démarche initiale est basée sur l’altruisme, mais aussi peut-être grâce à l’attention et au temps que les fondateurs de la Chinerie consacrent à leurs projets, qu’ils sont parvenus avec brio à créer une communauté totalement paradoxale : des puristes aimables et presque tolérants !

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