CINÉMA

L’astragale : récit tragique et poétique

Réalisé en 26 jours, L’Astragale, deuxième long métrage de Brigitte Sy, est l’adaptation du livre autobiographique d’Albertine Sarrazin, qui porte le même nom. Un récit tragique et poétique en noir et blanc incarné par Leïla Bekhti et Reda Kateb, deux acteurs formidables choisis à la perfection. 

L’astragale, c’est en fait un os du pied. Une nuit d’avril de l’année 1957, Albertine s’est brisé cet os en s’évadant de prison où elle y était incarcérée pour hold-up. Elle est secourue par Julien, un homme plus âgé qu’elle, qui l’emmène à Paris pour la soigner et la cacher chez une amie. Pendant que celui-ci repart en province mener sa vie de brigand, elle apprend à remarcher tout en l’attendant. Lorsque Julien est arrêté et envoyé en prison, elle se retrouve seule. Elle se prostitue pour gagner sa vie, mais, toujours en cavale, doit rester à l’affût pour garder sa liberté.

Si vous n’avez jamais entendu parler du livre, c’est une belle histoire que vous découvrirez là. L’histoire d’une femme forte, rebelle, pas comme les autres. Même si, pour des raisons de budget, la réalisatrice a du faire des choix d’adaptation en enlevant ou en raccourcissant certains passages du livre, le résultat est très réussi. On a là un film en noir et blanc, choix judicieux, puisque c’est la mémoire que l’on a des années 50, avec Paris, de la poésie, de l’amour, une quête de liberté… et tout cela filmé avec beaucoup d’esthétisme. Les plans sont d’une justesse et d’une délicatesse incroyables, ils mettent en valeur les expressions des personnages. C’est un film vraiment agréable à regarder.

La réalisatrice, Brigitte Sy, avait gardé L’Astragale dans sa bibliothèque depuis longtemps. C’est un livre qui l’avait touchée dans sa jeunesse et c’est spontanément qu’elle eut l’idée de l’adapter au cinéma. Les acteurs, elle les a choisis pour leur âge, entre autres ; mais aujourd’hui elle ne verrait pas le film sans eux. Elle a adoré travaillé avec Leïla Bekhti, qu’elle trouve très intelligente, et a choisi de ne pas faire apparaître d’autres acteurs vraiment connus à l’écran (mis à part Louis Garrel que l’on retrouve dans le rôle d’un photographe), pour que le spectateur ne s’attarde pas sur le comédien mais sur la personnalité du personnage en question. Eh bien bravo à elle et à son deuxième long métrage qu’elle a su réaliser avec beaucoup de talent malgré les contraintes budgétaires ! Le récit d’Albertine est retracé avec poésie, le film glissant quelques citations de l’écrivain. On a d’ailleurs un contraste important entre la poésie et le langage direct du personnage insoumis et on peut mettre en parallèle la déchirure de son os avec celle qu’elle ressent par le manque de l’amour de sa vie. Il y a beaucoup de relations intenses, beaucoup d’émotions dans ce film qui ne dure qu’une heure et demi seulement. En bref, un casting idéal, pour deux personnages fascinants -mystérieux pour Julien, extrême pour Albertine- de beaux décors, une belle réalisation, un montage très réussi. L’Astragale est un beau film qui donne envie de lire les récits d’Albertine Sarrazin et qui mérite d’être vu.

Petit clin d’oeil avant le générique avec une vraie photo d’Albertine et Julien, amoureux passionnés et dont le destin a été dramatique.

cinemaniac.fr

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21 ans. Passionnée de cinéma et étudiante en Audiovisuel. Rédactrice cinéma et musique à Maze.

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