CINÉMA

Selma – Un biopic fade pour Luther King

Encore un biopic ! Ca ne s’arrête plus. Le sujet change, la forme reste la même. Selma utilise la même recette, un personnage adulé, à quelques mois d’un anniversaire historique, un bon acteur, une réalisation ultra classique et quelques bonnes idées pour sauver le tout…

Cela va faire 50 ans en mars que des courageux habitants noirs de Selma se sont levés pour marcher et manifester pacifiquement pour leurs droits sociaux. Période idéale pour sortir un film sur ? La marche de Selma ! Et l’occasion, encore, de revenir sur la figure de Martin Luther King, vue et revue au cinéma.

Mais l’histoire de Selma, c’est l’histoire d’un “Bloody Sunday”. Il y a eu trois marches de protestations, une seule arriva jusqu’à Mongtomery. Le film retrace la lutte entre la communauté noire et le pouvoir officiel pour les droits civiques à travers ces trois marches. Et plus intimement la lutte entre Martin Luther King et le président Johnson. L’histoire est retracée chronologiquement et l’émotion, la tension, montent peu à peu. Habilement, les scènes de violences pendant les marches sont réalisées en slow-motion. Petite pause dans la tension pour mieux assister à l’horreur qui se joue devant nous. Le souffle ralentit, les larmes montent, le pari est réussi.

Malgré un scénario bien écrit et bien ficelé, le film ne parvient pas à nous emporter et à nous détacher de la salle. Une fois de plus, c’est trop classique. Quelques flash-back ou flash-forward pour nous détacher de la chronologie trop parfaitement respectée. De beaux plans, surtout lors des marches, l’impression d’approcher de plus près Luther King alors que l’on ne fait qu’effleurer le personnage. On le voit dans l’intimité, dans ses doutes, dans ses peurs, on l’observe face au président, porté par ses convictions, on le côtoie au sein de sa communauté en train d’organiser les manifestations et de convaincre ses frères d’armes pacifistes. Mais on apprend pas grand chose. On ne voit qu’une façade qui le mystifie encore un peu plus.

David Oyelowo interprète plutôt bien le pasteur. Mais il semble s’être un peu trop inspiré du phrasé de Frank Underwood, célèbre manipulateur de House of Cards, pour être crédible. Il faut en revanche souligner le talent qui est le sien lorsqu’il est véritablement le Luther King lors des discours. Il n’interprète plus, il incarne. Il est plutôt bien secondé, on a même le droit à Oprah Winfrey qui semble se cantonner aux rôles secondaires dans les films faussement militants. Elle est une fois de plus productrice du film. Après Le Majordome l’année dernière, qui a fait un flop gigantesque aux Oscar, nouveau flop cette année avec Selma. Un Oscar seulement pour la chanson. On semble enfin comprendre qu’il faut cesser d’encourager les biopics qui se ressemblent tous un peu plus que les autres, pour pousser à l’originalité.

Le biopic est déjà un genre très classique alors que tout peut encore être inventé. Il faudrait simplement innover. Cela serait plus convaincant, plus touchant. Nous n’aurions pas l’impression de voir l’adaptation d’une page Wikipédia au cinéma.

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