On pensera ce que l’on veut du dernier album d’Hanni El Khatib, mais s’il y a bien un domaine dans lequel le Californien met tout le monde d’accord, c’est en concert. Depuis son premier concert, sa réputation n’a fait que de se renforcer, et cette nouvelle tournée française s’annonçait tout aussi dingue. Mardi 10 Mars, il faisait étape au Cargö à Caen, où il était déjà venu deux ans plus tôt.
20h30 : le club se remplit et les Caennais de Ghost Friends montent sur scène. On reconnaît parmi eux certains visages bien connus du paysage musical local. Ils jouent lentement, ils jouent fort, les guitares lointaines et profondes se marient parfaitement au chant torturé qui n’est pas sans rappeler la voix de Kurt Cobain, comme un subtil mélange entre grunge et post punk. L’ambiance dans la salle est froide, mais dans le bon sens du terme, à l’image du guitariste qui ressemble étrangement à Ian Curtis (d’accord on arrête là les comparaisons) et quand les dernières notes résonnent, à peine une demi heure plus tard, on quitte cette atmosphère si particulière pour revenir à la réalité.
Vient ensuite Gallery Circus, qui est le groupe choisi par Hanni El Khatib lui-même pour assurer l’autre première partie, ce qui semblait être un gage de qualité étant donné que c’était l’excellent groupe Wall Of Death qui avait subi le même sort lors de la précédente tournée et qui avait su convaincre le public avec son garage blues puissant. Pourtant les 40 minutes du concert de Gallery Circus furent insupportables. Deux jumeaux, un à la batterie qui tape tant qu’il peut sur ses cymbales, et l’autre qui déballe des solos de guitares et chante dans les aigus. C’est à peu près tout ce que l’on peut retenir. Une parodie de Muse, Queen et Metallica en somme. Ces deux Anglais prouvent qu’il ne suffit pas de puissance dans les morceaux, et que la composition, même dans la scène garage, est plus subtile que ça.
22h00 : Enfin il arrive. A peine apparaît-il que la salle crie et applaudit. Le public qui s’était jusqu’ici fait plutôt calme se réveille. Le groupe n’est pas plus tôt installé que Moonlight commence. Le groupe semble fatigué ou blasé de jouer tous les soirs la même chose. Ils enchaînent les morceaux sans trop d’interaction avec le public, néanmoins celui-ci semble très heureux de trouver dans le set un équilibre entre les trois albums. Les nouveaux morceaux sont efficaces, mais l’absence des parties de clavier sur Nobody Move par exemple est regrettable. Le groupe a misé sur l’énergie et cela fonctionne. Hanni El Khatib assure le spectacle avec ses solos déchaînés qu’il effectue aux quatre coins de la scène. Le point d’orgue du set restera clairement Save Me où les musiciens semblent (enfin) prendre du plaisir, et l’énergie positive que dégage le morceau crée un réel moment d’intensité dans la salle. Malheureusement, You Rascal You sera complètement massacrée à cause d’un réarrangement plus sombre qui ne correspond pas du tout à l’esprit de la chanson. Les morceaux s’enchaînent, certains spectateurs connaissent les paroles par cœur et ne le cachent pas, surtout pendant Loved One, ce qui semble étonner et redonner le sourire au groupe ; Hanni El Khatib proposera même à une fan de chanter. Pour finir ce set, le groupe joue le morceau disco Two Brothers, ce qui ravit un groupe de filles au premier rang qui le demandent depuis le début. Pendant la deuxième partie instrumentale du morceau, Hanni El Khatib décide de descendre jouer dans la foule, et de faire durer le morceau autant que bon lui semble. A sa sortie de scène, le rappel est attendu de pied ferme : “Il a pas joué Come Alive !” s’exclame une fille.
A ce moment précis, les musiciens reprennent leur place, tout sourires, et commencent un morceau instrumental qui mène directement au fameux Come Alive. Les guitares sont lourdes, la batterie résonne dans nos corps, et le public ondule en rythme. Il enchaîne avec Fuck It You Win, tout premier single, qui l’avait révélé dans la scène garage. Le public s’époumone en chantant ce titre provocateur tandis que Hanni prend son deuxième bain de foule et que le groupe continue d’assurer. Fin du morceau, Hanni El Khatib glisse un mot à l’oreille de ses musiciens et annonce au micro “On a encore deux chansons pour vous”. Effervescence dans la salle. Ils commencent alors leur puissante reprise des Cramps avec Human Fly. Vite joué, vite terminé. “Ce rappel il bastonne tout”, résume parfaitement quelqu’un dans la salle. Enfin, I Got A Thing termine ce concert dans le même esprit. Ovation du public à la hauteur de ces dernières minutes. A peine a-t-on le temps de se remettre de tout ça que Hanni El Khatib et son bassiste sont au stand merch pour signer des autographes et prendre des photos, ce qui prouve que malgré le succès et les longues tournées, ils ont su rester proche de leur public, et ça, c’est c’est vraiment classe de leur part.