CINÉMA

Cinquante Nuances de Grey – Érotisme frileux

100 millions d’exemplaires vendus, attente et teasing dans toute la France concernant le film, promotion extraordinaire avec une sortie française à la Saint-Valentin, et même incidents de sextoys bloqués en recrudescence dans les hôpitaux selon le Nouvel Observateur. Une chose est sûre Cinquante nuances de Grey nous aura fait tourner en rond, mais y a t-il vraiment de quoi fouetter un chat ?

La première surprise de ce film se fait avant même que la lumière ne s’éteigne, où étaient les ménagères frustrées qu’avait annoncé tous les médias ? Dans la salle, les 14 et 25 ans font rage entre rire nerveux et moment de tension. Une fois tout ce beau monde installé, on s’attend a passer aux choses sérieuses. Que nenni, une romance, ou simili d’amourette, commence entre une fille niaise et un chef d’entreprise mystérieux et un tantinet mégalomane. Information supplémentaire, étant donné l’attitude d’Anastasia, une chose est sûre, cela ne créera pas de vocation pour le journalisme. Parenthèse refermée. Le début « amoureux » du film est assez mal joué, mais les spectateurs n’arrivent pas a savoir si la faute est aux dialogues en carton ou à l’interprétation simpliste. A savoir se mordre la lèvre révèle une envie intense pendant tout le film, par exemple.

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© Universal International Pictures

Fan story de Twilight.

Pour ceux, ayant des références cinématographiques young adulte sur le bout des doigts, vous trouvez des reprises. L’origine de Cinquante nuances de Grey étant de créer une romance d’une jeune vierge et d’un homme mystérieusement puissant en y introduisant le sexe comme élément majeur du couple. En effet, les scènes de Twilight (premier volet) sont reprises à la pelle dans le film. Le meilleur ami qui surgit de la forêt pour rejoindre l’héroïne au bord de sa vieille voiture, check. Le sauvetage de voiture à cause du verglas se transforme en dérapage d’un vélo sous la pluie. Les voitures de sport d’Edward, quand à elles, sont triplées mais le principe reste le même.

Liberté de la femme.

Au sujet des multiples tribunes et critiques sur le statut de la femme dégradé, une tendance sexuelle consentante n’est pas une dégradation en soi. D’autre part, cette fiction ne se veut pas à portée documentaire. D’ailleurs les rôles de la « soumise » et du « dominant » sont interchangeables en fonction de la relation. Christian mentionne avoir lui même été le « soumis ». La femme n’est donc pas la seule à avoir cette position. Le vrai problème que soulève le film est la naïveté d’Anastasia. Celle-ci est couverte de cadeaux luxueux avant d’accepter les originalités de son ami. La manipulation d’une jeune femme est en effet plus propice à la polémique que l’acte sexuel en soi.

© Universal International Pictures

© Universal International Pictures

Émoustillé ou de glace ?

« Lâcher prise » est le slogan sur l’affiche et pourtant rien n’est plus maîtrisé que le film de Sam Taylor-Johnson. Acte sexuel et relation sous contrat, la « chambre rouge » est très réfléchie, et cerise sur le gâteau : le film évolue sur une pensée puritaine du sadomasochisme. Ainsi, Christian se révélerait meurtri. Il serait lui même victime de ses envies suite à un traumatisme. Il ne demanderait qu’à être soigné. Les images des relations sexuelles restent neutres. Jamie Dornan, l’acteur de Christian Grey, avait d’ailleurs signé une clause pour éviter toute vision frontale de son intimité. Et Dakota Johnson, jusqu’alors inconnue, a fait doubler son postérieur pour les plans les plus longs. Ces scènes sont par contre très bien tournées et réfléchies, de manière à garder l’érotisme du roman.

Adaptation relativement fidèle, le box-office commence tout de même à s’affaiblir après avoir fait salle comble un peu partout. En espérant que les nuances s’amoindrissent elles aussi, et nous laisse un peu respirer.

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